Charvet : "La liberté est indispensable"

  • Match amical - Denis Charvet (Barbarians)
    Match amical - Denis Charvet (Barbarians)
  • International - Romain Sazy sera le capitaine des Barbarians français durant la tournée aux États-Unis (Patrick Derewiany)
    International - Romain Sazy sera le capitaine des Barbarians français durant la tournée aux États-Unis (Patrick Derewiany)
  • Les Barbarians restent tout sage pour la phot de groupe
    Les Barbarians restent tout sage pour la phot de groupe
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INTERNATIONAL - Avant le match contre les Etats-Unis vendredi soir, le manager des Barbarians français Denis Charvet revient sur ce qui guide depuis toujours cette sélection hors du temps et des codes. Cette année encore, ses hommes - venus de tous horizons - ont trouvé une alchimie en quelques jours à l'heure d'aborder une échéance internationale.

Que vous inspire cette tournée aux États-Unis ?

Je ressens la même chose chaque année, à savoir que la magie opère tout de suite. On reste de grands enfants et les joueurs n’ont pas changé. Je m’évertue à dire que les générations passent mais l’état d’esprit est le même. Le système les a changés dans leur fonctionnement mais pas dans leur cœur. Je n’ai pas grand-chose à faire. Je suis là pour les accompagner, les mettre dans le meilleur confort, leur améliorer le quotidien. Après, ils se gèrent.

Pourquoi avoir choisi Romain Sazy comme capitaine ?

Je l’ai mis capitaine parce que c’était une évidence. C’est un mec incroyable, avec une carrière magnifique et un état d’esprit extraordinaire. C’est peut-être le plus Barbarian des Barbarians. Je disais que la magie avait opéré tout de suite, donc ce n’est que du bonheur.

International - Romain Sazy sera le capitaine des Barbarians français durant la tournée aux États-Unis (Patrick Derewiany)
International - Romain Sazy sera le capitaine des Barbarians français durant la tournée aux États-Unis (Patrick Derewiany)

Est-ce la raison pour laquelle il est important de prolonger cette aventure ?

Il y a toujours la peur que ça s’arrête un jour. Avec Laurent Pardo, nous sommes les gardiens du temple. On ne fait que passer et on fait notre job pour accompagner et transmettre. Après, ce sont les joueurs qui existent, pas nous. Ils existent sur le terrain d’abord, parce qu’il y a un match et c’est fondamental. En général, on veut le gagner car ce sont des compétiteurs dans l’âme. Et puis, c’est sympa quand on gagne. Leur bonheur irradie et on en profite un peu égoïstement au passage.

Pour votre premier discours devant le groupe, vous avez insisté sur la liberté que vous voulez offrir aux joueurs…

La liberté est indispensable. On les fait venir après une saison qui est longue et même démente. Si on les enferme dans un système, ils ne l’accepteront pas et c’est normal. Je serais à leur place, je n’accepterais pas. Et c’est la philosophie des Baa-Baas de laisser cette liberté. Encore une fois, les Baa-Baas, c’est eux, c’est ceux qui jouent. Ils se prennent en mains. Mais être libre, ce n’est pas faire n’importe quoi. Être libre, c’est aussi être responsable de ses actes. Nous avons toujours été pointilleux sur l’attitude. En général, on prend de très bons joueurs de rugby mais aussi de bons gars dans la vie. C’est fusionnel entre nous tous.

Il y a encore des histoires particulières cet été, avec notamment François Trinh-Duc et Louis Picamoles qui arrêtent leur carrière et qui sont là pour leur dernière sortie…

C’est extrêmement fort. Tendre la main et rendre hommage, c’est aussi notre philosophie. Honorer Louis et François, c’était un rêve. Je ne pensais pas qu’ils acceptent d’abord. Ensuite, il fallait que Bordeaux-Bègles ne soit pas qualifié pour la finale. Naturellement, je leur ai envoyé un texto car François m’avait contacté il y a huit ou neuf mois : "Pense à moi si jamais, j’aimerais finir avec les Baa-Baas." Quand ils ont dit oui, c’était du bonheur. Il y a Damien Chouly aussi que j’ai eu avec les Barbarians depuis un moment. C’est un mec formidable. Il m’a écrit pour me dire qu’il ne pouvait pas jouer pour raison médicale et a ajouté : "Je peux payer mon voyage et venir avec vous." Je lui ai répondu qu’on allait le prendre 24e homme. Et il y a l’histoire de Kevin Gourdon (contraint d’arrêter sa carrière de joueur en décembre en raison d’un problème cardiaque, N.D.L.R.), la plus belle.

Les Barbarians restent tout sage pour la phot de groupe
Les Barbarians restent tout sage pour la phot de groupe

Racontez-nous…

Je l’ai croisé à Niort, on ne se connaissait pas mais j’aimais déjà bien ce garçon. Je me suis dit que ce serait sympa de lui faire vivre autre chose, peut-être parce qu’il en avait besoin. C’était le moyen de faire le deuil de cette fin de carrière, ce qui est toujours difficile. Quand je l’ai rappelé pour le prendre comme entraîneur, il m’a dit : "C’est super, c’est génial." Il m’a demandé ce qu’il devait faire, je lui ai répondu : "Rien, comme nous, ou plutôt ce que tu veux. Tu accompagnes Christian (Labit)." Ces histoires nous appartiennent et nous définissent bien. Il ne faut pas oublier ce que l’on est et ce que l’on veut faire.

En quel sens ?

Le rugby de haut niveau est tellement exigeant, trop à mon sens. Jean-Pierre Rives dit toujours qu’on rend grave ce qui est sérieux. J’adore cette formule. C’est comme si on disait que les mecs n’étaient pas sérieux en club. Bien sûr qu’ils le sont. De temps en temps, ils s’abandonnent un peu pour s’oxygéner, c’est normal. Il n’y a rien de grave, ce n’est que du sérieux. Et il y a surtout du plaisir. Avec nous, ils sont là pour prendre du plaisir.

Vous avez aussi choisi de retenir des joueurs de Pro D2, d’autres jeunes qui ont peu d’expérience à haut niveau…

Auparavant, le championnat de Pro D2 n’avait pas un niveau aussi élevé. Aujourd’hui, j’essaye de plus en plus d’aller y puiser des joueurs. Prenez également l’exemple de Jimi Maximin. Il appartient à Pau et Sébastien Piqueronies m’a dit : "Tu vois, j’en ai un qui revient de Tarbes, prends-le." Le mec est un colosse et on le fait démarrer le match. Il n’y a aucun préjugé. Il a joué toute la saison en Nationale et il va se retrouver face aux Américains. C’est un gros test mais c’est surtout un cadeau. Pour William Wavrin, j’ai eu Tastet et Millet qui l’ont avec eux à Mont-de-Marsan. Ils m’ont dit : "Prends-le, il est exemplaire." Il faut mettre en avant l’exemplarité. Je n’ai pas hésité. Samuel Marques a joué en Top 14 et fait une superbe saison à Carcassonne. On l’a pris pour le remercier. C’est un devoir. Pour Raphaël Lagarde d’Agen, j’étais avec son président Jeff Fonteneau qui me dit : "Tu devrais prendre Lagarde." Ça tombait bien, il manquait un ouvreur ! Et Louis Foursans qui est champion de France avec Montpellier. C’est Philippe Saint-André qui m’a dit : "Si tu le veux, tu le prends."

Qu’attendez-vous du match face aux Etats-Unis ?

Il y a une vraie alchimie et un super groupe. Je pense qu’on va gagner. Oui, j’en suis sûr.

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