Munster-Toulouse, France-Afrique du Sud... Le top 5 des meilleurs matchs de l’année

Munster-Toulouse, place aux tirs au but !

Ce classique de la coupe d’Europe est sans aucun doute le match le plus unique de cette année 2022. Dans un Aviva Stadium rouge de fureur pour les Munstermen, les Toulousains se déplaçaient dans un volcan pour disputer leur quart de finale de Champions Cup. Et dès la dixième minute, les champions d’Europe à titre sont cueillis par la puissance des avants irlandais, concrétisée par le premier essai d’Alex Kendellen. Mais moins d’une minute plus tard, les Rouge et Noir tambourinent la ligne du Munster et profitent d’un passe peu académique pour envoyer Romain Ntamack derrière l’en-but, malgré trois adversaires sur le dos.

Lancés, les Toulousains récitent ensuite leur rugby sur une combinaison parfaite, permettant à Matthis Lebel de donner sept points d’avance (14-7) à la 25ème minute de jeu. Mais deux minutes avant la mi-temps, Keith Earls répond à l’ailier français avec un essai quasiment symétrique pour envoyer les deux équipes dos à dos à la mi-temps. Aux retours des vestiaires, les hommes de Limerick continuent leurs assauts grâce à une percée tranchante de Chris Farrell qui n’a plus qu’à donner une offrande pour Mike Haley. Toulouse est sonné, encaisse un carton jaune après un plaquage à retardement, et trois points sur l’action suivante.

24-14 à la 56ème minute. Jusqu’à l’inspiration géniale de Peato Mauvaka qui d’une chistéra parfaite lance sur orbite Matthis Lebel, clouant au sol Keith Earls, 24-21 à la 67ème minute. Quelques instants plus tard, les avants toulousains concassent la mêlée irlandaise pour glaner la pénalité de l’égalisation (24-24), grâce à Thomas Ramos… puisque Ben Healy manque de quelques centimètres un dernier coup de pied. En prolongations, les deux buteurs échouent chacun une tentative de drop, amenant Munstermen et Toulousains… en séance de tirs au but ! Une première depuis 2009. À ce jeu, c’est le malheureux Ben Healy qui craque deux fois face aux perches. Joie indescriptible pour Dupont et sa bande et terrible désillusion pour les Irlandais.

France-Afrique du Sud, un sommet d'intensité

Dans un tout autre registre, la rencontre entre les Bleus et les Springboks restera dans les annales pour son intensité et sa violence uniques. Car dès la 11ème minute, Pieter-Steph du Toit déblaye brutalement Jonathan Danty et le heurte à la tête. Carton rouge direct donné par Wayne Barnes au meilleur joueur du monde 2019, qui sort presque en larmes. Une faute qui permet aux Français d’appuyer sur l’accélérateur. Dès le quart d’heure de jeu, les Bleus mènent 6-0, avant que Cyril Baille ne se sacrifie pour marquer sous les poteaux. Car le pilier gauche devra céder sa place à la pause, suite à une blessure aux adducteurs.

Mais à la 30ème minute, les Springboks se réveillent grâce à Siya Kolisi, qui bondit après un maul pour plonger dans l’en-but marseillais. 16-10 à la mi-temps, suite à un 100% face aux perches de Cheslin Kolbe et Thomas Ramos.Thibaud Flament et Jonathan Danty sont tous sortis de la pelouse. En deuxième période, l’intensité monte encore d’un cran à mesure que le chronomètre s’égrène. Après un nouvel échange de pénalités au retour des vestiaires, Antoine Dupont plaque en l’air Cheslin Kolbe, qui retombe sur la nuque. Nouveau carton rouge, le premier pour le capitaine des Bleus.

Sanction immédiate, Kurt-Lee Arendse profite d’un léger surnombre pour mettre les champions du monde en tête à la 50ème minute. Essai en coin de l’ailier sud-africain et coup sur la tête pour les Français. Après un échange d'amabilités entre Thomas Ramos et Damian Willemse dans une ambiance indescriptible (22-26, 64 ème), les Bleus prenaient à nouveau leur destin entre leurs mains. Une marque de fabrique. Après une séquence d'une intensité rare, Sipili Falatea marquera en force avec l'appui d'un paquet d'avants féroce et à la hauteur de l'adversité (27-26, 76 ème).

La liesse s'empare de l'enceinte marseillaise, mais le travail n'est pas définitif, pas encore. Un coaching astucieux en associant Bastien Chalureau sur la dernière épreuve de force, une pénalité obtenue sur la poussée et un succès validé par la botte de Thomas Ramos (30-26, 80 ème). Les troupes de Fabien Galthié ont encore repoussé leurs limites malgré les écueils et la mission proposée. Il fleurait bon le sentiment du devoir accompli pour les Tricolores avec une joie méritée.

Exeter-Harlequins, un show à la britannique

Plus de soixante-dix points marqués, une ordie d’essais et un dénoument hollywoodien, Exeter-Harlequins s’est transformé en un show retentissant en Angleterre. Lors de la troisième journée de Premiership, les Chiefs et les Harlequins ont offert un spectacle impressionnant à l’Angleterre du rugby. Pourtant, cette rencontre aurait pu vite se finir en une leçon à l’avantage d’Exeter. Les Chiefs avaient fait tout le travail pour se rendre la partie facile, avec un score de 31-7 à la mi-temps. Williams, Tshiunza, Townsend, et Skinner avaient déjà sécurisé le point de bonus offensif.

Complètement décomplexés et obligés de jouer tous les ballons, les Harlequins ont ensuite fait parler leur vitesse et leur efficacité en infligeant un cinglant 28-0 en vingt minutes. Green, Murley et un doublé de Northmore ont permis de totalement renverser la tendance, permettant aux Quins de passer devant les Chiefs (33-31). Joe Marchant permettait ensuite aux Quins de mener 42-38 à dix minutes du terme. Liquéfiés en seconde période, les Chiefs ont pu remercier le puissant Christ Tshiunza auteur de l’essai libérateur à la 81ème minute. 43-42 à la fin de la rencontre.

Pau-Toulouse, treize contre tous

Sur les rotules, bras au ciel et grand sourire. Voici le descriptif de chaque joueur de la Section paloise, lors du coup de sifflet final de la rencontre face à Toulouse (27-22). Au Hameau, Pau a arraché une victoire aussi précieuse qu'incroyable face à l'ogre toulousain, pourtant en nécessité absolue de points. Un succès historique, puisque jamais, ô grand jamais, Toulouse n'avait enregistré six défaites de suite dans l'ère professionnelle. Mais que s'est-il passé au juste, sur la pelouse du Hameau ?

Eh bien pas grand-chose de rationnel. Alors que Pau n'avait plus battu Toulouse depuis 2018, les Béarnais sont arrivés les armes à la main afin de faire tomber le champion en titre. Grâce à des essais de Cummins et Manu en puissance, puis à un autre de Roudil à la suite d'un des nombreux superbes mouvements béarnais dans ce match, les protégés de Sébastien Piqueronies prenaient une large avance avant la 50e minute de jeu (27-3). Seulement voilà, des faits de match sont venus entacher la performance verte : Manu perdait son sang-froid devant Placines (33e) et Vatubua éteignait Chocobares (51e).

Les deux centres palois écopaient d'un carton rouge et laissaient leurs coéquipiers à 13 contre 15 ! Cela faisant, le Stade toulousain, pourtant si maladroit dans ce match, parvenait à trouver (enfin) des espaces dans la défense. Delibes par deux fois et Lebel (63e) permettaient aux visiteurs de remonter à cinq points de Pau. Mais dans une fin de match complètement folle, les 13 Palois héroïques parvenaient à empêcher les Toulousains de marquer un essai de plus. À la suite d'une dernière attaque, ils récupéraient le ballon et exultaient : ils venaient de réaliser le match de leur saison.

Stormers-Bulls, l'Afrique du Sud règne sur l'URC

Le monde du rugby attendait de savoir si les franchises sud-africaines pourraient rivaliser avec les provinces irlandaises. Le moins que l’on puisse dire est que les Stormers et les Bulls ont répondu frontalement en se dirigeant en finale. Pour cette finale entre sud-africains, les Bulls ont frappé dès la deuxième minute par Voster sur un essai en force. Menés 10-3 à la 43ème minute, les Stormers ont renversé leurs adversaires en seconde période. Evan Roos, stratosphérique de bout en bout de l’URC, s’est également offert un essai tout en puissance pour remettre les Stormers dans le droit chemin face à des Bulls qui avaient fait tomber le Leinster en demi-finale.

Les hommes de Pretoria tenaient cette finale jusqu’à l’essai de Roos et ont ensuite sombré à cause du carton jaune de Cornal Hendricks pour plaquage dangereux. Moins d’une minute plus tard, Venter aplatissait le deuxième essai des Stormers. Un coup fatal pour les Bulls qui encaissement également un drop en fin de rencontre, s’inclinant 18-13.

Par Clément LABONNE