La chronique de Rodolphe Rolland

Par Rugbyrama
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Notre chroniqueur Rodolphe Rolland se penche cette semaine sur la formule du Top 14 et notamment sur ses phases finales qui ne font plus rêver tant de monde.

C'est encore un suspense sans commune mesure qui guette, comme en chaque fin de saison, l'issue de la première phase du Top 14.

Le carré d'as indéboulonnable au sommet, les reliefs de la table pour les bouche-trous européens de la cinquième à la sixième place – si toutefois le CS Bourgoin-Jallieu ne remporte pas la Challenge Cup et s'il n'est pas rétrogradé en Pro D2 le cas échéant –, les pensionnaires du ventre mou et "La mort aux trousses" pour les attardés.

Les pharaons et leur suite, dans un championnat sans surprise, opaque comme "Le capital" des frères Marx, un "Taupe 14" dont on attend impatiemment, à la lumière des demi-finales, la sortie du tunnel ; ou une vibration ; enfin de quoi se consoler un peu des rossées internationales en retrouvant le piquant de ces rencontres qui font l'intérêt, depuis des lustres, du calendrier de l'avent des pieux du stade.

Car les phases finales, c'est un peu l'arbre de noël (qui masque la forêt ?) de l'ovale hexagone.

Avant d'aller chercher les cadeaux au pied du sapin, qui d'un accessit, qui d'un maintien et qui d'une H Cup, il reste seulement trois petites journées à honorer. Trois journées, à la fois courtes et longues !

Courtes, en effet, pour les infortunés qui sentent déjà le souffle du Pro D2 leur lécher l'échine, interminables pour les quatre premiers et pour le milieu de tableau qui n'ont plus guère à espérer de ce laborieux brassage.

La formule a vécu !

Pierre-Yves Revol, président honorable de la Ligue nationale de rugby, a d'emblée tiré son premier coup d'épée contre l'obsolète façon : une date en plus au calendrier pour un barrage contre le passivisme du quatuor de tête. De quoi relancer l'intérêt au long cours de ce championnat qui s'essouffle ? Pas sûr.

Coup d'éclat pour satisfaire aux exigences du partenaire télévisuel diront les uns, coup d'épée dans l'eau diront les autres, en particulier ceux qui, comme moi, attendaient un peu plus que ces demi-mesures, c'est-à-dire plus qu'un amendement en trompe-l'oeil, une révol-ution.

Dans la formule telle qu'elle se manifeste, la conclusion du championnat est un anachronisme. Anachronisme hérité de cet autrefois où les phases finales débutaient au stade des huitièmes avec comme intérêt la pertinence d'empoignades entre clubs extraits de poules différentes, pertinence qui justifiait alors la légitimité de ces matchs uniques dans la saison. Ces moments-là avaient vraiment un autre parfum, et l'on piaffait d'impatience à l'approche d'un nouveau printemps.

Or au stade des demi-finales, des Toulouse-Clermont et autres Perpignan-Stade Français, et vice-versa, les oppositions fleurent le déjà vu, la pompe des bachoteurs, même s'il est vrai qu'on ne peut jurer au préalable du résultat final.

D'où la question fondamentale : faut-il conserver les phases finales ?

Oui, à mon sens, si l'on peut garantir des rencontres inédites pour couronner la saison, ce qui signifie deux poules différentes avec pourquoi pas seize clubs en "Top 14" ! Du coup, plus de doublons, libérations de dates pour les internationaux, et un Pierre Camou rasséréné.

Sinon la logique d'un Top 14, tel qu'il existe aujourd'hui, exige que l'on calque enfin le championnat de l'élite sur celui de la Ligue 1 de football par exemple. On y gagnera en cohérence ce que l'on perdra malheureusement en folklore trépidant.

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