Histoire de grand chelem - 1977, quinze gladiateurs et une horde sauvage

  • Grand Chelem 1977.
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SPÉCIAL GRAND CHELEM - En 1977, la France remporte le deuxième Grand Chelem de son histoire avec Jacques Fouroux comme capitaine et un paquet d’avant qui marche sur tout le monde. Les Bleus réussissent l’exploit de n’encaisser aucun essai et de n’effectuer aucun changement sur l’ensemble des quatre matchs.

C’est certainement le plus beau roman du rugby français. Le tournoi 1977 est devenu une histoire légendaire, tant on peut se demander si cet exploit a vraiment eu lieu comme il a été conté. Les nouvelles générations qui découvrent ce récit d’une incroyable quête ont certainement du mal à y croire. Tout est romanesque en ce temps-là, tout est passion, démesure et camaraderie. Le premier rassemblement improvisé dans un restaurant de la place de la Bastille avec huîtres et champagne au menu, le premier match au Parc des Princes, le forfait de Novès, l’avertissement de Fouroux, la horde sauvage, l’appendicite de Paco, une défense intraitable, l’absence des hymnes à Dublin. Les rebondissements sont légions, les anecdotes exceptionnelles.

Après le gueuleton initial pour souder le groupe et parler stratégie entre deux godets, l’histoire débute par le forfait du jeune ailier toulousain Guy Novès deux jours avant le premier match face au pays de Galles. Celui qui deviendra l’entraîneur français le plus titré doit renoncer à sa première sélection. Il ne le sait pas encore, mais une cheville douloureuse va le priver du deuxième grand chelem de l’histoire du XV de France. Jean Luc Averous prend sa place.

La France commence par battre le pays de Galles à Paris, au Parc des Princes. C’est une grande première. Les Français marquent deux essais grâce à des Toulousains : le premier par Jean-Claude Skrela, le futur sélectionneur des Bleus, et le second par Dominique Harize. Les Bleus s’imposent 16 à 9. Lors des hymnes, les partenaires du demi de mêlée chantent la Marseillaise à plein poumons. Les Gallois reconnaissent avoir pris dès les premières notes.

"Ne changez rien à la composition d'équipe"

Les Français font peur. Les avants sont denses et leur jeu intense. Une symphonie qui permet de prendre Twickenham sur le score de 4 à 3, grâce à un essai de François Sangalli. La victoire tient du miracle et les Britanniques parlent maintenant de la horde sauvage qui a fait plier les Anglais. La Rose écrasée, la France peut rêver à son exploit. L’Ecosse, qui se présente à Paris, est d’ailleurs laminée par des Bleus déchainés (23-3), inscrivant quatre essais par Alain Paco, Dominique Harize, Robert Paparemborde, Roland Bertranne. Cette équipe de France n’a pas encore effectué le moindre changement. Après trois matchs, le comité de sélection veut faire des changements en raison de la fatigue de certains joueurs.

Jacques Fouroux, le capitaine, prend la parole au banquet organisé au Grand Hôtel de l'Opéra après le succès face aux Écossais. Devant l’auditoire, le Gersois pointe le président de la fédération, Albert Ferrasse et prévient les sélectionneurs : "Ne changez rien à la composition de l'équipe qui vient de battre l’Écosse et je vous promets qu'on fera le Grand Chelem." Le petit caporal vient de faire la composition d’équipe et évite à Gérard Cholley d'être puni pour un coup de poing. Mais, les rebondissements ne manquent pas avant de partir pour Dublin affronter l’Irlande. Le talonneur Alain Paco fait une crise d’appendicite. Il refuse de se faire opérer, prend quelques antibiotiques, quitte l’hôpital au bout de trois jours pour rejoindre les Bleus.

A Dublin, à Lansdowne Road, stade mythique avec son train passant sous la tribune et ses supporters chantant fièrement debout sous la pluie et face au vent dans des virages sans siège, l’Irlande refuse de jouer les jouer les hymnes pour ne pas entendre le "God save the Queen". A la place de La Marseillaise, le chœur des Esclaves, extrait de l'opéra Nabucco, de Verdi résonne dans le vestiaire et chauffe les Bleus, eux qui n’ont plus gagné en Irlande depuis dix ans. Jean-Michel Aguirre et Jean-Pierre Romeu sont solides face aux perches et Jean-Pierre Bastiat inscrit le seul essai de la rencontre (15-6). Les quinze hommes qui ont battu les Gallois en ouverture du Tournoi sont tous là et lèvent les bras au ciel. Ils viennent de remporter le deuxième Grand Chelem de l’histoire du rugby français. Sans l’aide d’un seizième homme mais surtout en n’encaissant aucun essai en quatre matchs !

On ne peut donc regretter qu’une seule chose : que Netflix n’existait pas en ce temps-là. Il aurait été si facile de faire de ce Grand Chelem une série à succès. En 77, il y avait Gérard Lenorman qui donnait ses clés pour chanter au comptoir. Et c’était déjà pas mal.

Le groupe

Première ligne : Gérard Cholley, Alain Paco, Robert Paparemborde

Deuxième ligne : Jean-François Imbernon, Michel Palmié

Troisième ligne : Jean-Pierre Rives, Jean-Claude Skrela, Jean-Pierre Bastiat

Demi de mêlée : Jacques Fouroux (cap)

Demi d’ouverture : Jean-Pierre Romeu

Centres : François Sangalli, Roland Bertranne

Ailiers : Jean-Luc Averous, Dominique Harize

Arrière : Jean-Michel Aguirre

Résultats

France – Pays de Galles : 16-9

Angleterre – France : 3-4

France – Ecosse : 23-3

Irlande – France : 6-15

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