Tordo : "Eh, Ducon, tu t’entraînes trois heures par jour..."

  • Jean-François Tordo
    Jean-François Tordo
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Quand on évoque l’écologie et le rugby, difficile de passer à côté de Jean-François Tordo, l’ancien talonneur et troisième ligne emblématique du XV de France, dont le discours empreint de sagesse mérite toujours le détour.

Devenu restaurateur de vieilles bergeries dans l’arrière-pays niçois, l’ex-capitaine du XV de France Jean-François Tordo prolonge sur le terrain l’engagement écologique de toute une vie sur lequel il revient longuement dansun entretien à Midi Olympique, entre le combat de son association Pachamama à Madagascar et le rêve envolé de la création d’une réserve animalière.

"Je suis un gars un peu naïf et je suis tombé sur des personnages peu scrupuleux, révème-t-il. Au début, on travaillait ensemble avec des vétérinaires au Botswana. Quand on a eu l’idée de faire cette réserve en France, le but était de dégager des bénéfices pour les réinvestir sur le terrain en Afrique. Ça me semblait avoir du sens. On est donc parti sur ce projet à Andon, dans les Alpes-Maritimes, pour lequel je me suis énormément investi. On était en concurrence avec un golf à l’époque, on a racheté tout le foncier… Toute a mise en place de ce projet a duré dix ans. Quand j’étais à Bourgoin, je prenais ma voiture pour installer tout seul 11 kilomètres de clôture dans la montagne, j’ai fait venir des potes maçons pour nous bâtir les lieux à prix coûtant... Et puis, je me suis rendu compte qu’un des vétos avec qui je travaillais avait retourné le cerveau aux autres, pour aller sur un autre projet... Au départ, les bisons devaient courir en liberté sur 500 hectares. Aujourd’hui, ils en ont trente mais les visiteurs peuvent les voir en arrivant. C’est devenu un zoo, voilà tout. Alors j’ai pris mon baluchon, et je suis parti. Je n’allais pas faire la guerre avec des gens qui n’en valaient pas la peine. "

Ce n’est quand même pas une tare de ne pas être rugbyman professionnel

Parfois désabusé vis-à-vis de ses contemporains, mais jamais résigné, le vieux guerrier place tout ses espoirs dans l’éducation des générations futures en rêvant de jours meilleurs, tout en conservant un œil aussi lucide que critique sur le rugby moderne. "Je veux juste que les gens ouvrent les yeux. Et surtout que les rugbymen d’aujourd’hui, mes petits frères, arrivent à regarder au-delà de leur petite carrière... J’entends aujourd’hui que certains ne veulent pas baisser leurs salaire parlent qu’ils ont des crédits et n’ont rien derrière ? Eh, Ducon, tu t’entraînes trois heures par jour au rugby, cela te laisse quand même assez de temps pour songer à te former, à te reconvertir ? Et puis merde, ce n’est quand même pas une tare que de jouer au rugby sans devenir professionnel. Les jeunes d’aujourd’hui ont l’impression que s’ils n’y arrivent pas, c’est un échec, mais pas du tout ! Et ça, on ne le leur dit jamais... J’ai plein de potes qui ont joué à des niveaux dits inférieurs, mais qui sont aujourd’hui des pères de famille et des chefs d’entreprise comblés… Ça, ce sont des messieurs du rugby ! C’est cette frange de 99 % des rugbymen qu’il s’agirait de mettre en valeur. Pas les 1% qui sont déconnectés de la réalité et donnent de mauvais exemples aux gamins... "

Un entretien aussi passionnant que rafraîchissant, à découvrir en intégralité sur www.midi-olympique.fr.

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