Vive le rugby en Bretagne

Les douze équipes engagées dans la 7e édition du tournoi espoir parrainé par le Super Challenge de France et Midi Olympique sont passées par différentes émotions tout au long de la compétition : de la joie pour les vainqueurs, à la pointe de déception pour les vaincus, sans oublier la fierté du parcours réalisé. Au-delà du résultat final, ce qui ressort principalement de ce tournoi réservé aux moins de 14 ans est avant tout l’état d’esprit des joueurs et des accompagnateurs tout au long de la journée, sur les terrains du Rheu en Ille-et-Vilaine.

Les applaudissements après la sortie d’un joueur adverse blessé, les poignées de mains entre les jeunes rugbymen et les haies d’honneur pour saluer la prestation des sportifs dans la défaite comme dans la victoire sont autant d’images fortes qui restent en mémoire.

Les sourires reviennent rapidement

Après leur succès face au Paris UC (Puc), les Bretons du XV brétillien (rassemblement des clubs du Rheu, Bruz et Vitré) ont montré l’exemple en accompagnant la sortie des Parisiens par des chants et des acclamations nourris. Si les deux équipes ont été confrontées l’une à l’autre le temps d’un match, elles ne sont pas pour autant ennemies.

Et c’est bien là le message que voulaient faire passer les éducateurs, les supporters et les joueurs des clubs présents en Bretagne lors de ce tournoi espoir. "Nous sommes tous des passionnés donc parfois cela peut être un petit peu électrique mais on sait qu’à la fin de la rencontre, tout le monde gagne. On se retrouve pour rigoler ensemble" assure Louis Leydet, éducateur au club des Angles (Gard). Même discours du côté de Delphine, supportrice du Puc : "Dans les vestiaires, des mots-clés étaient inscrits comme agressivité, combat, victoire mais aussi respect. Certes, les équipes sont là pour gagner mais toujours dans le bon esprit rugby et avec la notion de plaisir. Tous les week-ends, on voit des tournois au cours desquels des gamins gagnent et ne sourient pas. Alors que là, malgré la défaite, les sourires reviennent rapidement."

Des infrastructures rheusoises de qualité

Le bon déroulé et la bonne attitude de chacun est également à mettre au crédit des organisateurs et bénévoles de la petite ville bretonne du Rheu. Dans une région où le ballon ovale se fait une place de plus en plus importante, avec le RC vannetais comme plus bel étendard (et la saison prochaine Rennes qui rejoint Nantes en Fédérale 1), le club d’Ille-et-Vilaine a su montrer qu’il savait "organiser de grands événements de rugby où tout se passe bien, avec du beau jeu, de très bons jeunes", souligne Olivier Chazaud, responsable sportif de l’école sportif du Rheu.

La qualité des infrastructures trois terrains accompagnés de nombreux vestiaires et d’un club-house et de l’accueil a été saluée par l’ensemble des équipes. Et le classement du XV brétillien, cinquième sur douze, "montre qu’en Bretagne, il y a du bon rugby et un gros potentiel. Le rugby colle parfaitement à la mentalité bretonne. Des gens très fiers, qui aiment les franches camaraderies et la convivialité" renchérit Yannick Gros-Desormeaux, éducateur du XV brétillien.

Cette édition bretonne du tournoi espoir parrainé par le Super Challenge de France-Midi olympique a séduit l’ensemble des participants, tout comme Michel Poeymiro, le bras droit de gérard Tugas, le président de l’événement : "C’est une bonne édition avec beaucoup de jeu. Cela prouve la volonté de faire vivre le rugby en Bretagne. Nous espérons bien pérenniser ce tournoi autour de la jeunesse, de la convivialité et du jeu."

Suresnes, sans conteste

Le champion L’équipe francilienne de suresnes a survolé la compétition en remportant tous ses matchs, y compris lors de la triangulaire finale face aux Angles et aux toulousains du Tec.

Ils étaient favoris de la compétition. Et ils ont pleinement assumé ce statut du début à la fin de la journée. Les jeunes rugbymen de Suresnes ont dominé la concurrence, sans jamais être réellement inquiétés dans ce tournoi, qui représentait clairement l’objectif d’une saison déjà remarquable avant ce samedi. "Nous avions réussi à remporter trois tournois qualificatifs, à Orthez (Pyrénées-Atlantique), Marcq-en-Barœul (Nord) et chez nous. Ici, au Rheu, nous avions l’ambition de faire aussi bien" affirmait Emmanuel Lefebvre, coordinateur de l’équipe venue d’Ile-de-France.

Et pour soulever le fameux trophée en terres bretonnes, les Suresnois n’ont pas changé de formule. Ils se sont appuyés sur les qualités qui leur ont permis de briller lors des autres compétitions, à commencer par "envoyer" du jeu. "Nous avions dit aux joueurs de ne pas perdre notre identité et de jouer. Sur tous les matchs, nous avons su bien garder le ballon et l’utiliser intelligemment en jouant debout", analysait Jérémy Nicault, le coach. Une recette dont les effets se sont fait sentir dès les phases de poule : trois succès en autant de rencontres, 53 points inscrits contre 7 seulement encaissés. Une qualité offensive indéniable et une solidité défensive impressionnante qui ont permis aux Franciliens de disputer la triangulaire pour les trois premières places du tournoi… et de s’y imposer en patron.

Une grosse capacité de conservation

Le club des Angles, vainqueur du tournoi de Villefranche-de-Lauragais (Haute-Garonne) et très bon lors des phases de poule au Rheu, a sombré face à des Suresnois agressifs, vifs et lucides, capables de varier séquences de passes et coups de pied dans la profondeur. Résultat : un score sans appel de 40 à 7, avec six essais marqués en deux mi-temps de neuf minutes ! Une démonstration qui mènera les Altoséquanais à disputer le match du titre face au Toulouse EC. Une opposition durant laquelle la défense des protégés d’Emmanuel Lefebvre, Anthony Bajart et Jérémy Nicault a fait la différence.

Bien en place, patients, combatifs sur chaque ballon et aidés de plusieurs soutiens, les Suresnois n’ont jamais laissé les Toulousains s’approcher de leur en-but pour finalement remporter la victoire sans encaisser le moindre point : 8-0. "En quatre tournois, nous avons pris seulement trois essais, je crois. C’est dû à notre grosse défense et au fait que nous sommes capables de très bien conserver le ballon. On impose notre style. Nous sommes fiers de ce groupe qui a mis beaucoup de cœur et de panache pour l’emporter. Je pense que nos joueurs étaient les plus déterminés pour cette finale. On tient une génération très prometteuse là", se félicitait Emmanuel Lefebvre, après la finale.

Malheureux vaincu, le coach du Tec, Pierre-Yves Tondeur, a souligné les qualités de l’équipe des Hauts-de-Seine. "Nous sommes tombés face à une formation de Suresnes mieux organisée et qui a su nous contrer sur nos points forts. Nous n’avons pas réussi à les faire déjouer. Nous avions déjà perdu en finale contre eux à Orthez. C’est une très belle équipe, très complète."

Une vraie équipe qui peut se vanter d’avoir remporté tous les matchs qu’elle a disputés lors de ce tournoi espoirs et d’être cette année la meilleure équipe moins de 14 ans de l’Hexagone pour les clubs de "deuxième niveau". Et les champions ne se sont pas cachés samedi après-midi au Rheu pour clamer haut et fort leur victoire. Quelques minutes après le coup de sifflet final, les rugbymen se sont réunis au milieu du terrain principal pour entonner leur chant de la gagne : "Dès que les gens nous voient, ils veulent tout savoir. Qui on est ? On leur dit, on est les Suresnois, les champions de France !"

Par Lucas Hobé, envoyé spécial