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CVC : ce géant qui achète le rugby

  • Saracens and Munster take the field for the European Champions Cup semi final match at the Ricoh Arena, Coventry, England. Photo by David Davies / PA Images / Icon Sport
    Saracens and Munster take the field for the European Champions Cup semi final match at the Ricoh Arena, Coventry, England. Photo by David Davies / PA Images / Icon Sport PA Images / Icon Sport - PA Images / Icon Sport
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Début septembre, nos confrères du Times annonçaient que "CVC-Capital Partners" était sur le point de s’emparer des droits commerciaux du Tournoi des 6 Nations et des tournées. De fait, ce fonds d’investissement, l’un des plus puissants au monde, rachète une à une les compétitions professionnelles du rugby européen. Faut-il s’en inquiéter ou s’en réjouir ?

Morceau par morceau, "CVC-Capital Partners" rachète à coups de millions d’euros le rugby professionnel. Pour l’instant, le gigantesque fonds d’investissement détient 27 % du championnat d’Angleterre, est sur le point d’acquérir 24 % de la Ligue celte, 15 % du Tournoi des 6 Nations et en l’état, il ne peut donc décider seul de l’avenir du rugby européen. Mais au rugby comme ailleurs, quand un puissant actionnaire cause, on l’écoute. Au printemps dernier, nos confrères du Rugby Paper dévoilaient même, via la voix anonyme d’un président de club anglais, que CVC, nouvel argentier de l’hémisphère Nord, souhaitait regrouper Ligue celte et Premiership afin de n’en faire qu’une seule et même compétition menaçant l’existence de la Coupe d’Europe telle qu’on la connaît actuellement. Alors, "CVC" est-il le bienfaiteur d’un rugby financièrement exsangue ? Fait-il au contraire entrer la balle ovale dans une bulle spéculative dont elle ne sortira pas indemne ? Quoi qu’il en soit, l’entrée fracassante de "CVC" dans le monde du rugby n’a rien d’anodine, pourrait marquer un tournant dans l’histoire de ce jeu et méritait donc qu’on s’y arrête…

La fin du Tournoi en clair ?

Pour visualiser "CVC", laissons place à la métaphore. Prenez Mohed Altrad (Montpellier), Hans-Peter Wild (Paris), Jacky Lorenzetti (Racing 92) et Bruce Craig (Bath), quatre des "sugar daddies" les plus fortunés de ce sport. Ajoutez leur fortune respective, obtenez une petite quinzaine de milliards et comparez-les aux trente milliards d’euros investis dans le sport depuis 2015 par le fonds d’investissement CVC basé au Luxembourg (dont le chiffre d’affaires est, quant à lui, estimé à plusieurs centaines de milliards d’euros…) et vous comprendrez que le mécénat du rugby de papa, celui qui avait jusque-là cours dans le rugby européen, vit probablement ces dernières heures. De fait, "CVC-Capital Partners" est l’un des dix plus importants fonds d’investissement de la planète et depuis dix ans, son leader (l’Écossais Donald MacKenzie) rachète des compétitions en souffrance, leur refait une beauté avant de les revendre, moyennant une juteuse plus-value. Pour exemple, "CVC" a acheté en 2006 les droits de la Formule 1 pour 1,7 milliard d’euros avant de les revendre, il y a deux ans, huit fois le prix d’origine.

Fin 2019, "CVC" a donc injecté 200 millions d’euros dans le Premiership. Il est sur le point d’en mettre tout autant dans le Pro 14 pour diriger - ou tout comme - la Ligue celte. Récemment, le Times annonçait enfin que le fonds d’investissement était entré au capital de la société commerciale du Tournoi des 6 Nations en échange d’un chèque de 340 millions d’euros, s’octroyant ainsi les droits commerciaux de la compétition. Si l’information se confirmait dans les jours à venir - et elle le sera, la société des 6 Nations ayant récemment annoncé qu’elle ne négociait plus qu’avec un seul partenaire - "CVC" deviendrait de facto un acteur majeur du rugby européen. À court terme, le Tournoi des 6 Nations pourrait, quant à lui, disparaître des chaînes publiques d’outre-Manche et d’Italie pour être vendu par packages à des plateformes de "streaming" (retransmission via internet) ou de grandes chaînes privées. La France, elle, est protégée par une loi qui impose la diffusion de la compétition européenne reine sur chaîne nationale et gratuite. Ce qui ne devrait toutefois pas endiguer l’appétit de CVC. À ce jour, le Top 14 est donc la dernière compétition majeure du continent européen à échapper à l’appétit du géant. Mais jusqu’à quand ?

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