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Le sens du rythme

  • Julie Annery, joueuse de la rencontre, n’a pas ménagé ses efforts défensifs. Elle parvient même à incrire un essai. Photo Thomas Jouhannaud
    Julie Annery, joueuse de la rencontre, n’a pas ménagé ses efforts défensifs. Elle parvient même à incrire un essai. Photo Thomas Jouhannaud
Publié le Mis à jour
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La France largement renouvelée a surclassé l’Italie dans le sillage d’une Julie Annery euphorique. Les Bleues avaient la puissance de leur côté, mais pas uniquement.

Ah, monter à Limoges… pour voir jouer Julie Annery. La troisième ligne du Stade français aura plané sur cette rencontre, par son adresse et sa légèreté combinée à sa force. Une vraie balle de caoutchouc et un essai au compteur en s’extrayant d’un maul inexorable (44e). Julie Annery, par son élégance et sa hargne, c’est un spectacle en soi. Elle aura donc donné raison aux sélectionneurs qui avaient décidé de changer huit joueuses après la défaite face aux Anglaises à Pau.

Celles qui ont eu leur chance ne l’ont pas manquée, personne ne pourra dire le contraire après cette orgie riche de six essais et surtout, d’une première mi-temps quasi parfaite. Reste l’éternel argument, le niveau de l’opposition. L’Italie avait quand même terminé deuxième du dernier Tournoi et elle avait battu nettement la France à Padoue. Alors, à quoi bon faire la fine bouche ? La France a survolé cette partie dans le sillage d’une mêlée de fer. On le comprit tout de suite, avec une première avancée saluée par les 10 000 spectateurs. Caroline Thomas détaille : "Vous l’aviez vu contre l’Angleterre, cet exercice est un de nos points forts. On comptait bien récidiver, on a fait bloc, soudées à huit. En revanche, pour les mauls, on avait spécialement travaillé ça dans la semaine. On voulait en faire davantage que contre les Anglaises car ces dernières sont plus compliquées, pas tricheuses, mais elles jouent avec la règle."

L’Italie ne se dépêtrera jamais de cette pression proche du supplice : "Nous sommes bien entrées dans le match, déjà. Ensuite, nous avons fait une très bonne première mi-temps, sur l’intensité et sur le rythme. Notre jeu d’avants fut de grande qualité bien sûr dans le sillage de notre mêlée… L’Italie est une bonne équipe, rapide, adroite, qui défend bien sa ligne. Mais je pense que la puissance était de notre côté", diagnostiquait Samuel Cherouk, entraîneur comblé, mais toujours perfectionniste. "On a encaissé un essai bête et en touche, on a "dégueulé" trois ballons près de la ligne adverse." C’est vrai, mais l’essai italien de la demi de mêlée Sara Barattin disait quelque chose des qualités de ces Transalpines, moins lourdes que les Françaises, mais rapides et adroites. Ce fut juste une interception assassine de 80 mètres, mais elle laissait entrevoir le potentiel de cette sélection capable de prendre des intervalles, de faire des "une-deux" sous la conduite d’une demie d’ouverture de classe, Beatrice Rigoni, maîtresse d’une certaine alternance.

Forlani sait tout faire

Mais c’est incontestable, avec une telle mêlée et une telle supériorité sur les impacts, il ne pouvait pas arriver grand-chose aux Tricolores. Mais à ces avantages naturels, elles ont ajouté le sens du rythme. Rarement un match féminin nous aura laissé cette impression d’intensité. Pour stopper les vagues françaises et les coups de boutoir des Safi N’Diaye et des Romane Ménager, il aurait fallu une opposition d’un autre calibre physique, qu’on ne trouve sans doute qu’en Nouvelle-Zélande et qu’en Angleterre.

De cette franche domination, il nous reste quelques éclairs de classe avec une héroïne rarement célébrée, Audrey Forlani, deuxième ligne de devoir, certainement, mais pas uniquement…

Elle a inscrit cet essai initial entre les poteaux en "zone zéro" sur un regroupement : "Oui, les adversaires glissaient. Maligne comme elle est, Audrey a vu l’espace et a saisi sa chance. On appelle ça une "Forlani" entre nous. Vous pensez que c’est improvisé ? Ah non pas du tout. On savait bien que des brèches allaient s’ouvrir…" commenta Safi Ndiaye. À revoir le match, on se persuade qu’Audrey Forlani est bien plus qu’une ferrailleuse car c’est elle qui fut à l’origine de l’essai le plus spectaculaire (32e). Il fut conclu par une course irrésistible de 60 mètres de Cyrielle Banet, mais les vrais amoureux du rugby auront remarqué le offload magistral de la deuxième ligne pour son ailière. "Oui, j’ai beaucoup aimé cet essai car il est venu d’une récupération, d’une grosse défense et de ce jeu de transition qu’on veut mettre en place", commentait Stéphane Eymard, l’autre entraîneur. Tandis que Caroline Thomas dans un grand sourire synthétisait la soirée : "Le tournant du match, ce furent ces 20 minutes initiales. On voulait leur monter dessus. Mais l’action qui me reste en mémoire, c’est cette Marseillaise d’avant-match. 10 000 personnes qui chantent pour nous comme si elles étaient 20 000…"

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