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Trois hypothèses à l’étude

Par Vincent Bissonnet, Nicolas Zanardi et Léo Faure
  • Le Bouclier de Brennus lors de la finale de Top 14 entre Montpellier et Castres
    Le Bouclier de Brennus lors de la finale de Top 14 entre Montpellier et Castres Icon Sport - Icon Sport
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CORONAVIRUS - Face à la situation exceptionnelle, la LNR avait d’abord mis sur la table deux opportunités : les huis clos ou le report des matchs. À la suite de l’intervention du chef de l’état, jeudi soir, l’évidence s’est faite de mettre en suspend la saison en cours « jusqu’à nouvel ordre », officialisée vendredi après-midi. L’instance suprême des clubs professionnels planche désormais sur trois scénarios, que les présidents évoqueront une première fois ce mercredi en réunion téléphonique. Cela va de la plus optimiste, avec une reprise dans sept semaines, à la plus alarmiste qui acterait la fin de la saison en cours.

Hypothèse 1 - Reprise fin avril-début mai : quatre matchs en semaine ?

À la ligue, on espère encore pouvoir maintenir le championnat en l’état avec vingt-six journées et des phases finales aux dates prévues. Ce plan B est optimiste sur le plan sanintaire et exigeant en termes d’organisation.

  • Quelle réorganisation du calendrier ?

D’ores et déjà, le premier scénario envisagé, avec une reprise au 15 avril, ne paraît plus d’actualité. L’hypothèse la plus optimiste table sur un retour à la normale fin avril-début mai. Soit une interruption de compétition d’un mois et demi : cinq journées de Top 14 seraient à reprogrammer, à la condition de décaler les Coupes d’Europe en juillet (voir page ci-contre)… ou de les annuler. Du côté de la LNR, on mise sur cette option, envisageable avec un replacement des matchs en semaine. Concrètement, entre la fin avril et le dimanche 7 juin (six semaines), il faudrait caler neuf journées de championnat : il y en aurait donc théoriquement cinq ou six le week-end et trois ou quatre en semaine. Le syndicat Provale, par la voix de son président Robins Tchale-Watchou, s’est dit opposé à cette éventualité par crainte de voir les joueurs subir le contrecoup physiquement. Sur le papier, cette option permettrait de conserver les phases finales telles quelles avec les barrages les 12-13-14 juin, les demi-finales à Nice les 19-20 juin et la finale au Stade de France le 26 juin. Ce cas de figure aurait pour avantage de limiter la casse sur le plan financier et de préserver au mieux le déroulement du championnat. Mais il est étroitement lié à l’évolution de la propagation du coronavirus et promet d’être très contraignant en termes de planification comme de gestion d’effectif.

  • Quelle Conséquence pour la Tournée XV de France ?

Elle serait impactée. En principe, ce premier scénario ne vient pas empiéter sur la tournée du XV de France. Les deux tests-matchs des Bleus sont en effet programmés les 4 et 11 juillet. Mais cette hypothèse tient seulement si les Coupes d’Europe - avec trois dates à caler et encore six clubs de Top 14 concernés - sont reportées en juillet. Dans ce cas, la tournée des Bleus comme de leurs homologues européens serait impactée.

  • Quelle est l’estimation de l’impact économique ?

Sérieux mais pas gravissime. Il sera relativement limité si toutes les rencontres de championnat peuvent être disputées. Les matchs de semaine risquent tout de même de générer moins de recettes. Rest que cette hypothèse paraît particulièrement complexe pour les clubs et optimiste d’un point de vue sanitaire. Par ailleurs, si les phases finales des Coupes d’Europe sont décalées en juillet, leurs retombées économiques s’en trouveraient probablement affectées.

Hypothèses 2 - Reprise début juin : le grand retour des quarts de finale ?

Si les mesures coercitives du gouvernement pour endiguer l’épidémie devaient se prolonger pendant plus de deux mois, il serait impossible de boucler en temps et en heure la phase régulière. de quoi inciter à une modification de la formule, en profitant de la fracture entre les 8 premiers et les 6 derniers…

  • Quelle réorganisation du calendrier ?

L’hypothèse est toute simple : en reprenant fin mai – début juin, ce serait tout bonnement entre 7 et 8 journées de championnat qu’il faudrait "récupérer" pour boucler la phase régulière, alors que les demi-finales seraient toujours prévues le week-end du 20 juin à Nice, et la finale le 26 à Saint-Denis. Impossible, vous dites ? C’est ça… Voilà pourquoi la meilleure solution dans ce cas de figure consisterait à se servir du week-end des barrages (prévu autour du 13 juin) pour organiser de "vrais " quarts de finale, les quatre clubs les mieux classés à l’issue de la phase régulière recevant ceux classé des places 5 à 8. Au vrai, il faudrait être aveugle pour ne pas considérer qu’une vraie cassure s’est effectuée au classement entre les 8 premiers et les 6 derniers, et qu’à ce titre il ne serait pas si injuste d’organiser des quarts de finale comme "variables d’ajustement" du classement général, et ne pas léser les deux clubs classés 7e et 8e (actuellement Toulouse et Montpellier).

Quant à la suite pour le maintien ? Tout comme le sujet des phases finales, en cas de raccourcissement drastique du championnat, il ne serait pas impossible de passer par des play-down "à la vie, à la mort ". Injuste ? Peut-être. Reste que des clubs se sont battus toute l’année en Pro D2 pour accéder à l’élite, et qu’il serait fatalement tout aussi injuste de ne pas récompenser à l’issue de la saison. La bonne formule ? Elle serait encore à trouver, forcément, les six clubs possiblement participants (Bayonne, Castres, Brive, Agen et Paris, pour ne pas les nommer) n’étant évidemment pas d’accord quant aux modalités, au vu de leur classement à l’instant T de la saison. Faut-il organiser un mini-championnat en tenant copte des matchs déjà disputés par les clubs entre eux ? Improviser une mini-phase finale sur le principe "je gagne, je me maintiens " en organisant les rencontres sur les terrains des mieux classés ? Quant à l’access match (qui offre à l’heure actuelle une chance au 13e une chance de se maintenir sur le terrain du finaliste de la Pro D2), celui-ci pourrait selon nos informations être lui aussi maintenu dans son principe. Historie d’offrir aux clubs une chance supplémentaire de se sauver, autant que de monter…

  • Quelles conséquences pour la tournée du XV de france ?

Fortement compromise. Comme dans l’hypothèse précédente, le fait de disputer la finale du championnat en temps et en heure pourrait permettre de ne pas empiéter sur la tournée des Bleus. Sauf si le mois de juillet était bien dévolu à la Coupe d’Europe (lire ci-contre) auquel cas, l’annulation de la tournée serait inévitable.

  • Quelle est l’estimation de l’impact économique ?

Immense. Certes, organiser une ou deux journées de championnat, des quarts de finale et un éventuel play-down pourrait permettre de limiter la casse, tout comme le maintien des demi-finales et des finales. Reste que sept ou journées de championnat annulées pourraient signifier entre 1 et 4 millions de pertes de recettes guichets par club, auxquelles il faudra rajouter l’impact de deux mois de chômage partiel.

Hypothèse 3 - Fin du championnat : saison terminée

Contrainte par la situation, la LNR envisage aussi le pire: que la saison 2019-2020 de Top 14 n’aille pas à son terme. Ce qui impacterait inévitablement l’économie du rugby professionnel français dans des proportions abyssales. Et qui donnerait rendez-vous à ses supporters la saison prochaine.

  • Quelle réorganisation du calendrier ?

L’hypothèse aurait ceci de pratique, pour les plus béats, qu’elle éviterait un tous un sacré casse-tête pour construire en urgence un calendrier de fin de saison nécessairement dense, obligeant à des matchs en semaine et empiétant possiblement sur un mois juillet où personne n’a vraiment envie d’aller. Le scénario catastrophe d’une fin de saison actée après dix-sept journées de la phase régulière du Top 14 est pourtant pris en considération, à la LNR. Comment pourrait-il en être autrement, face à une telle situation de crise sanitaire qui n’épargne personne et connaît, chaque jour ou presque, un durcissement des restrictions sociétales ? Si la situation de ralenti que connaît actuellement la France devait perdurer ou, pire, s’amplifier pour tirer jusqu’à l’été avant une reprise lente des activités, le rugby français serait alors dans l’impasse et acterait, contraint et forcé, la fin de la saison 2019-2020. Sans champion, ni promotion et relégation entre les divisions. Mais avec la possibilité d’avancer la reprise de la saison 2020-2021, pour donner du mou au calendrier et s’épargner quelques consolations. Maigre consolation.

Resterait alors à trancher le cas du classement, pour la suite. Un gel du classement actuel ou une saison blanche. Dans le premier cas, Toulouse (actuel 7e) serait le grand perdant, sorti des 6 qualifiés à l’Europe in extremis lors de la dernière journée jouée et reversé en Challenge Cup pour la saison 2020-2021. Dans le deuxième cas, une annulation pure et simple de la saison, le leader bordelais serait le grand lésé, auteur d’une saison jusqu’ici superbe et qui perdrait ainsi son ticket pour l’Europe.

  • Quelle Conséquence pour la Tournée du XV de France ?

Annulation probable. Dans un contexte où le championnat baisse son rideau avant la fin de la pièce, difficile d’envisager les Bleus s’envoler pour l’Argentine début juillet. La tournée estivale devrait, alors, passer également son tour et laisser aux clubs le temps de préparer une reprise 2020-2021 aussi normale que possible, si besoin anticipée.

  • Quelle est l’estimation de l’impact économique ?

Dramatique. Dans l’hypothèse d’une saison qui s’arrête en l’état, sans aller tant bien que mal à son terme, les répercussions économiques seraient gigantesques. Entre les impacts sur chaque club et ceux directs sur son institution, liés à l’annulation des demi-finales et finales, la LNR évalue à près de 100 millions d’euros l’impact sur le rugby professionnel français.

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