James : « Quand on tente quelque chose, c’est pour marquer »

  • Brock James - Ancien ouvreur de Clermont
    Brock James - Ancien ouvreur de Clermont Jean Paul Thomas / Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Alors meneur de jeu incontesté de l’ASM, l’Australien avait réussi un drop titanesque à la 91e minute, permettant à l’ASMCA de compter six points d’avance. Il raconte ses souvenirs et partage ses émotions.

Quel est votre premier souvenir quand on vous parle de cette demi-finale face à Toulon ?


C’était un match fou. C’était vraiment sympa de le revoir puisque Canal a profité du confinement pour le rediffuser. Je garde en mémoire le premier plaquage de Marius Joubert sur Sonny Bill Williams. Je pense aussi à Aurélien Rougerie et à cet impact avec Felipe Contepomi. Je ne sais pas si Aurélien était K.-O. mais c’était impressionnant. Je revois aussi Julien Malzieu, qui n’avait jamais tapé dans un ballon. Il a la chance de ne pas taper directement en touche et il est en chasse pendant quatre-vingt mètres pour marquer son essai. Et enfin, ce plaquage de Gonzalo Canale sur Lovobalavu qui allait marquer en coin à la dernière seconde. Je retiens surtout que c’était une demi-finale avec beaucoup de volume de jeu car les deux équipes avaient la volonté de faire vivre le ballon. C’est ce qui a permis d’avoir un très beau match ce jour-là.

Et puis, il y a aussi votre drop de plus de cinquante mètres en coin. Il fallait être un peu fou pour tenter un tel geste. Comment avez-vous pris la décision ?


C’était juste après la pause en prolongations. Nous avions opté pour un coup d’envoi long car nous voulions rester dans le camp toulonnais. L’objectif était de mettre le ballon le plus loin possible pour marquer. Jonny Wilkinson a renvoyé le ballon et j’étais en train de remonter le terrain quand j’ai décidé de tenter le drop. Au pire, le ballon finirait sa course en ballon mort, et je me suis dit que l’on devrait jouer un renvoi aux vingt-deux mètres. Tout cela ferait couler une bonne minute au chronomètre (Clermont avait alors trois points d’avance). J’ai tenté ce drop et quand on tente quelque chose, c’est pour marquer bien sûr. L’idée, c’était ça.

Aviez-vous déjà réussi un drop aussi lointain ?


Pas dans un match (sourire). En s’amusant à l’entraînement de temps en temps…
Le ballon s’élève avec une trajectoire inhabituelle. Quel est votre sentiment en tapant dans le ballon ?
Quand je tape dans le ballon, je me dis qu’il ne va pas passer très loin. J’ai senti que ça partait bien. Maintenant tout le monde a vu que le ballon n’était pas vraiment passé au milieu.

Aviez-vous la sensation d’avoir marqué un drop exceptionnel ? A-t-il changé quelque chose dans votre carrière car on doit souvent vous en parler ?


C’était un match avec plein de trucs aussi fous les uns que les autres. Ce n’était qu’un moment dans ce match, aussi fou que les autres moments. Je ne crois pas que ce drop ait changé beaucoup de choses dans ma carrière.

Après une telle victoire en demi-finale, avec cet incroyable scénario, vous deviez être en pleine confiance pour aborder la finale... Aviez-vous la sensation que le titre ne pouvait plus vous échapper en 2010 ?


Je pense surtout que ça nous a maintenus en alerte. Nous avions dépensé énormément d’énergie dans ce match et on savait qu’il était important d’être au top pour la finale. Je ne sais pas si cette victoire nous a donné de la confiance. Personnellement, je crois que ce sont les trois saisons précédentes qui nous ont permis d’être en confiance en 2010. Nous avions tellement de vécu, nous avions tellement appris lors des trois années précédentes. C’était la force de ce groupe même si c’est un peu cliché de dire ça : mais chaque année nous avions appris une leçon. À chaque défaite, nous n’avions pas dit que c’était la faute du hasard. On s’était dit que l’on devait apprendre pour ne pas faire les mêmes choses l’année d’après.

En rentrant aux vestiaires, pensiez-vous avoir vécu quelque chose d’extraordinaire ? En avez-vous parlé avec vos coéquipiers ?


Non pas tout de suite. C’est difficile d’avoir du recul après un tel match. Nous sommes restés quelques minutes sur la pelouse pour profiter du moment mais quand nous sommes arrivés dans les vestiaires, nous étions tous cuits. On essayait seulement de récupérer. À cette époque-là, à Clermont, nous n’avions qu’un seul but, c’était gagner le titre et de champion de France, et remporter enfin ce Bouclier... Je me souviens simplement d’être heureux de la victoire, satisfait d’avoir gagné le droit d’aller une nouvelle fois à Paris pour  le Bouclier de Brennus.

Nous n’avons pas évoqué un autre fait du match assez fou : l’essai accordé à Davit Zirakashvili.


(Il coupe) Pourquoi ?

Il semble avoir commis un en-avant…


Ah oui ? (sourire) Lui m’a expliqué qu’il avait perdu le contrôle du ballon mais qu’il avait réussi à le reprendre avant qu’il ne touche le sol. Voilà. Il était plus près de l’action que moi donc je le crois.

L’ambiance survoltée en tribunes avait aussi apporté un peu de piment à cette demi-finale. Gardez-vous une image en tête ?


L’ambiance est vraiment particulière à Saint-Etienne, c’est vrai. Les tribunes sont très proches de la pelouse et montent très haut, à la verticale. C’était une ambiance de fou du début de la rencontre jusqu’au coup de sifflet final. En termes d’ambiance, c’était le match le plus incroyable auquel j’ai eu la chance de participer durant toute ma carrière.

Vos enfants viennent de voir le match, diffusé sur Canal+. Que vous ont-ils dit ?


Mon fils venait juste de naître, donc il n’était pas au stade ce jour-là... Lorsque le match a est repassé à la télé, ils ont mis un petit matelas devant la télévision et ils ont regardé les deux matchs diffusés. C’était une belle soirée pour eux. Ma fille, qui a sept ans, regardait l’écran avant de se retourner pour me demander si c’était vraiment moi sur le terrain car j’avais les cheveux plus longs et pas de barbe (rires)... 

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