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Jalibert - Gibert : le décryptage de Laurent Labit

  • Le décryptage de Laurent Labit
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Publié le Mis à jour
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Qui mieux que Laurent labit, entraîneur de l’attaque du XV de France pour juger ce duel ? L’ancien coach du Racing a participé à l’éclosion d’Antoine Gibert dans les Hauts-de-Seine et s’appuie sur Matthieu Jalibert chez les Bleus. Son regard avisé apporte un éclairage sur une opposition de style qui n’en est pas vraiment une. Explications.

Les points communs

"Mathieu et Antoine ont beaucoup de similitudes dans la façon d’appréhender le rugby et le jeu. Ce sont deux joueurs très doués rugbystiquement, des joueurs d’instinct qui sont capables de s’adapter sur des situations où d’autres vont paniquer. Eux ont une fluidité et une facilité pour lire les situations et surtout pour les jouer avec une aisance technique de très haut niveau. Ils connaissent tous les deux le même revers de la médaille parfois. Parfois, leur point négatif, c’est de chercher à tout prix les situations où ils vont pouvoir faire des différences. Or, ce sont des joueurs qui sont surveillés, Mathieu peut-être encore un peu plus en raison de son statut d’international. Comme je lui ai dit durant le Tournoi des 6 nations, il ne doit pas surjouer. Il doit rester dans son rôle. Les opportunités, elles viennent toutes seules. Seulement, quand il commence à vouloir créer ces situations, à vouloir faire des différences, c’est là qu’il se met dans la difficulté. Et Antoine a ce même défaut. Or, ils doivent comprendre qu’ils sont là pour organiser le jeu et que les situations opportunes vont venir naturellement. Et c’est encore plus vrai sur des matchs importants comme celui de dimanche sur un quart de finale de Champions Cup. Dans ce genre de rencontre, les espaces sont difficiles à trouver. Ça peut arriver mais c’est très rare.

L’influence sur l’équipe

Contrairement à Antoine, Mathieu est le titulaire du poste à Bordeaux. Il monte en puissance depuis quelques saisons et s’impose comme un leader. À l’inverse, Antoine est soumis à une grosse concurrence avec Finn (Russell, N.D.L.R.). Pour lui, il est difficile d’avoir de la régularité. Antoine est jugé et comparé en permanence avec Finn. En revanche, il a beaucoup appris depuis quelques années, en côtoyant des joueurs comme Dan Carter, Pat Lambie, Rémi Tales et d’autres encore. Antoine sera, dans les deux ou trois ans à venir, le titulaire du Racing. Mais aujourd’hui, Mathieu a un peu d’avance de par son statut dans son équipe. Il pèse sur le jeu, sur la stratégie. Beaucoup de responsabilités reposent sur ses épaules dans le jeu de l’UBB. Et il les assume.

Le jeu au pied

Antoine est gaucher, Mathieu droitier. Ce dernier a un jeu au pied plus long, plus puissant et plus régulier face aux perches. En revanche, Antoine a un jeu au pied tactique et de précision, qu’il soit par-dessus, rasant ou pour trouver des angles, bien plus précis. On l’a vu dimanche dernier lors du huitième de finale contre Édimbourg. Il est souvent chirurgical et peut faire très mal à l’adversaire juste avec un petit coup de pied. Pour Mathieu, c’est quelque chose de moins évident.

L’expérience

C’est un secteur qui va compter sur ce quart de finale. Surtout pour Antoine. Sur cette rencontre, le risque pour lui, c’est de surjouer et essayer de trop en faire. À ce jour, Mathieu a une expérience plus grande des matchs importants mais surtout au niveau international. Parce qu’avec l’UBB, il n’a pas une grande habitude de ces rendez-vous. C’est la première fois qu’il va disputer un quart de finale de Champions Cup avec son club. Et puis, je suis convaincu qu’Antoine va pouvoir rattraper ce décalage grâce à la présence de nombreux joueurs d’expérience. Quand tu as Kurtley Beale, Virimi Vakatawa ou Maxime Machenaud à côté de toi, ça aide. Ça tire vers le haut.

La défense

Antoine n’a pas un physique pour retourner les joueurs et enchaîner les plaquages offensifs mais ce n’est pas le genre à s’enlever. Au contraire. Il va s’accrocher. C’est un joueur intelligent, il sait comment faire pour être bien placé, pour bien monter et ne pas trop subir. Il a cette faculté à ne pas laisser son adversaire prendre trop de vitesse dans sa zone. Après, Mathieu a, dans ce domaine, un physique plus dense pour répondre au défi physique. Lui aussi a une bonne lecture défensive. Mais à mon avis, pour l’UBB comme pour le Racing, il est préférable de mettre en place une organisation pour que ces joueurs-là ne soient pas trop sollicités dans ce secteur de jeu. Défendre, c’est perdre de l’énergie et de la lucidité pour conduire le mouvement offensif. Pour moi, la rencontre peut se jouer dans ce secteur-là. Si l’un des deux joueurs est obligé de trop défendre, ça va le mettre en difficulté pour le jeu. C’est souvent comme ça pour les ouvreurs. Je vous donne un exemple : Finn Russell a eu à faire dix-huit plaquages contre l’Irlande, il s’est fait torturer et n’a pas eu le rendement offensif habituel. Dans les autres matchs, il a défendu cinq fois en moyenne et on a vu ce que ça a donné contre nous.

Leur péché mignon

Ce sont deux joueurs qui sont en train de prendre de l’assurance, de la maturité. Mathieu a évidemment un temps d’avance. Beaucoup pensent qu’il sort souvent du cadre mais il a conscience que son rôle consiste à gérer le match, la stratégie globale de l’équipe pendant quatre-vingts minutes. Et Antoine a été fait dans le même moule. Ce sont des joueurs capables de sortir du cadre ponctuellement mais d’y revenir rapidement. Ils ont du recul et de l’analyse. À tout dire, c’était beaucoup plus difficile pour moi de canaliser Finn (Russell) qui, à la 70e minute, alors que le match pouvait être plié, allait mettre l’équipe en difficulté juste parce qu’il avait envie de continuer à jouer."

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