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La Rochelle a désormais tout d'un grand

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Publié le Mis à jour
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Pour la première fois de son histoire, le Stade rochelais disputera une finale de Top 14. Pourtant, rien dans cette équipe n’indique la surprise. Les Rochelais sont à leur place.

Rarement, on aura connu un novice des finales, un "bleu bite" de ces grands raouts dionysiens aussi convaincu de son destin et sûr de sa force. La Rochelle, ce vendredi et pour la première fois de son histoire longue de 120 ans, jouera une finale de Top 14. Bizarrement, la sensation de nouveauté les épargne. Les Rochelais n’ont jamais autant semblé à leur place.

Jusque-là, les nouveaux venus à la table s’invitaient presque par surprise, comme si leur seule présence tenait de l’accident de l’histoire avant un retour à la normale. Rien à voir avec ce Stade rochelais, bien à sa place et désormais légitime dans les hautes sphères du Top 14.

La façon dont les hommes du duo Gibbes-O’Gara avaient terrassé le grand Leinster, début mai, le prouve. L’autre façon dont ils ont écrasé le Racing 92, il y a une semaine à Lille malgré les absences et la fatigue, l’acte définitivement.

Il y a des mois que Ronan O’Gara, leur entraîneur "presque numéro 1", martèle ce discours d’ambition immédiate. Début avril, il clamait déjà : "Ça me prend la tête quand j’entends qu’on pourrait éventuellement arriver à gagner. Moi, je veux gagner des choses maintenant, pas éventuellement. Heureusement, nous sommes en train d’éliminer cette ambition limitée, petit à petit. Je le répète : je veux gagner des titres maintenant, sans attendre. Je ne veux pas gagner un jour…"

Le collectif plus fort que Botia

Cette aspiration à voir plus grand tranche radicalement avec ce qui a souvent cours en Top 14. Quand un club monte en puissance, il parle généralement de construction, de chemin et digère ses défaites sur l’air du "on apprend, on reviendra". Pressés, le Stade rochelais et son entraîneur irlandais épousent un autre schéma, se moquent pas mal du chemin et ne jurent que par leur obsession de la ligne d’arrivée. Un discours qui a infusé chez les joueurs. À commencer par le capitaine historique, Romain Sazy : "On veut être champion. On veut gagner, c’est tout. Il n’y a pas à se cacher derrière le manque d’expérience. On donnera tout, on tirera tous dans le même sens. Mais désormais, il faut valider." Peut-on être novice et déjà affirmé ? Les Rochelais le prouvent.

Ce discours d’ambition convainc l’électorat. Il n’est pas seul. Au regard des parcours et des dernières prestations, notamment celle fascinante à Lille où le paquet d’avants de Jono Gibbes a concassé son homologue du Racing, les Rochelais sont donnés favoris. Ce n’est pas là un simple sentiment : chez les parieurs, le club cher au cœur du président Merling est effectivement donné en position préférentielle, malgré le CV de l’adversaire toulousain.

Pourtant, quelques signaux ramènent à la raison. Qu’on le veuille ou non, l’absence de Bourgarit pèse lourd. Celle de Botia également. La paire Favre-Rhule peut bien avoir donné immense satisfaction en demi-finale, Geoffrey Doumayrou peut bien être de retour, aucun n’aura jamais le champ d’action de l’équarrisseur fidjien. Botia est précieux par ses impacts et la crainte qu’il inspire à l’adversaire. "Un joueur brillant, vraiment brillant. Il est certainement la chose la plus effrayante que j’ai vu courir vers moi", témoignait encore O’Gara à son propos. "De toutes mes expériences en tant que joueur puis entraîneur, je ne connais personne qui puisse vous faire autant de mal, si vous ne vous écartez pas de son chemin. Sa dureté physique peut faire des dégâts incroyables."

Botia toujours suspendu, il faudra pourtant faire sans lui. Pas vraiment une bonne nouvelle. Mais la force rochelaise, cette saison, n’est pas tant celle des individualités que celle du collectif.

Anomalie de l’hsitoire à corriger

À Lille, poste pour poste, le Racing aurait pu sembler mieux armé. Mais l’emprise stratégique des Maritimes fut totale, jusqu’à étouffer les hommes de Travers. Et cette image qui revient : les Racingmen qui relancent de leur camp, Russell qui alerte Vakatawa puis Thomas. Et l’ailier des Bleus qui lève la tête, pour se rendre compte que sitôt le ballon empoigné, il est déjà dans la tenaille : un défenseur sur sa gauche, un autre sur sa droite ; deux autres face à lui. Face au génie de l’organisation collective, le talent individuel ne peut rien. C’est sur ce paradigme de combat, d’intelligence et de structure de groupe que les Rochelais construiront leur éventuel sacre.

L’augure n’a rien de garanti, face à une équipe qui les a battus à quatre reprises cette saison, pour autant de confrontations. C’était un match amical, en août ; c’était une rencontre de début de saison perdue nettement à Ernest-Wallon (39-23), une autre de doublon lâchée dans les ultimes secondes à Marcel-Deflandre (14-11). C’était une finale de Coupe d’Europe, surtout, en mai dernier.

Paradoxalement, cette défaite continentale (17-22) recèle tous les signes de la confiance. À Twickenham, même réduits à 14, les Rochelais ont été meilleurs que les Toulousains dans le combat collectif, ne devant alors leur défaite qu’au seul manque de réalisme. De quoi rêver en grand, ce vendredi. S’ils y parviennent, s’ils sont sacrés champions de France au terme d’une folle saison longue de 13 mois et 35 matchs, ils emmèneront sur le toit du monde tout un peuple, à la dévotion immense. Une foule jaune et noire qui gonflera le port de joie, vendredi soir. Et qui sera enfin récompensée d’un titre qui lui manque tant. Une anomalie de l’histoire qui serait enfin corrigée.

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