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Agen : quel(s) chantier(s) !

Par Mathieu Vich
  • Comme un symbole, une partie du stade Armandie d’Agen est en travaux, à l’image du club dont la lente dégringolade continue.
    Comme un symbole, une partie du stade Armandie d’Agen est en travaux, à l’image du club dont la lente dégringolade continue. DDM - MORAD CHERCHARI
Publié le Mis à jour
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Rien ne va plus à Agen où, après le naufrage face à Narbonne, la semaine a commencé par un nouveau séisme. Deylaud a jeté l’éponge, Sonnes a été évincé et les joueurs préparent un match décisif au milieu de ce marasme.

À chaque jour suffit sa peine. C’est le crédo du Sporting Union Agenais depuis deux ans. Car ce monument historique du rugby français va de mal en pis. Les situations catastrophiques se succèdent en coulisse et, pendant ce temps-là, les résultats sont désastreux. Rien ne va plus. Mais comment le club aux huit Brennus a-t-il pu sombrer de cette manière ?

Comme un symbole, Christophe Laussucq avait été évincé une saison plus tôt lors de la 7e journée après la défaite à Bordeaux (71-5). C’est lors de cette même journée, à la même période de l’année, que Régis Sonnes a été suspendu. Bref, la situation empire chaque jour mais, plus que jamais, « il faut sauver le soldat SUA » comme l’a si bien répété le président Jean-François Fonteneau. Et aujourd’hui, la situation concerne tout le monde. En témoigne l’intérêt que porte le maire Jean Dionis du Séjour quotidiennement pour le club. « J’ai appuyé pendant 15 jours les efforts de Jean-François Fonteneau pour faire venir Christophe Deylaud », a-t-il d’ailleurs confié dans les colonnes du Petit Bleu d’Agen.

En ville, si le club a toujours alimenté les discussions de comptoir, il en est désormais devenu le sujet principal. La peur est réelle et elle se ressent. Il n’y a qu’à voir les larmes ou encore la résilience des amoureux du club au sortir de la défaite contre Bourg-en-Bresse. Quant aux joueurs : « On ne sort plus car ça la fout mal à cause des résultats », nous a confié l’un d’entre eux. La situation est à peine imaginable alors que le SUA voit son nouveau stade se construire, sans vraiment savoir s’il verra le jour dans le monde professionnel.

Deylaud-Sonnes, la fausse bonne idée

Pourtant, les supporters pensaient que la solution avait été trouvée au soir où ils apprenaient le retour de Christophe Deylaud au club. Ils n’ont jamais été aussi nombreux que lors des premiers entraînements après son recrutement. Jeff Fonteneau aussi le pensait, lui qui n’a jamais caché vouloir s’acheter une certaine paix sociale. D’ailleurs, selon plusieurs sources concordantes, c’est avant tout le Conseil d’administration qui aurait poussé le président à reprendre le technicien toulousain, alors que l’homme fort était dubitatif. Sauf que la manière dont Deylaud a été reçu en a frustré plus d’un. Dont Jean Dionis du Séjour qui aurait voulu voir ce dernier prendre les clés du camion. C’est pourquoi le retour de l’ancien international ne semblait être que l’arbre qui cachait la forêt. Alain Tingaud avait même prévenu dans nos colonnes : « Christophe transpire le rugby. Mais il ne faut pas l’attendre comme le Messie. » Cela s’est confirmé beaucoup plus tôt que prévu.

Très vite, dans les différentes déclarations, chacun a pu observer un certain flou autour de ce « come-back ». Si officiellement Deylaud revenait en tant que consultant, lors des entraînements, on pouvait très vite comprendre qu’il n’en était pas un. Et c’est un des points qui ont, semble-t-il, dérangé Sonnes. En une semaine, la relation entre les deux hommes s’est très vite détériorée. Car si le manager a "choisi" son consultant, il n’attendait pas de lui qu’il sorte de son rôle. Et c’est visiblement là que le conflit a vu le jour. « Deylaud est un dominant », répondait Fonteneau à la question « sera-t-il un simple consultant ? » La confusion dans tous ces propos n’a pas atteint que les supporters. Joueurs, staff et dirigeants s’y sont perdus. Pourtant, les premiers cités étaient emballés. « Il nous fait du bien », lançait Clément Martinez. Alors que Vincent Farré révélait être « séduit par son discours. »

Pourtant, même si l’organisation semblait bancale, chacun était loin d’imaginer toute cette folie en si peu de temps. Vendredi, à l’issue du nouveau psychodrame vécu contre Narbonne, Sonnes restait positif. « Deylaud insuffle un vrai plus. Même pour nous, entraîneurs, c’est important d’avoir quelqu’un qui nous aiguille, qui nous conseille. » Trois jours plus tard, on apprenait la démission de l’un et la suspension de l’autre.

La cause ? « Deylaud prenait trop de place au goût de Sonnes », confirme l’un des dirigeants. Ça, c’est la version que chacun veut croire officielle. Mais les fameuses « profondes divergences » sur le plan sportif évoquées par le communiqué de presse remontent à lundi.

« Trop présent », Deylaud aurait décidé de prendre en main un recrutement pour la mission sauvetage. Sonnes aurait donc mal pris ce manque de communication et ce geste « déplacé ». La suite, on la connaît. Ce conflit n’est que le résultat de ce qui se tramait depuis plusieurs jours déjà.

Des joueurs perdus

Du côté de l’effectif, il est difficile d’accabler les joueurs malgré des résultats catastrophiques. Comment leur expliquer qu’un nouvel entraîneur va les rejoindre, mais qu’il ne sera en fait qu’un simple consultant ? Et une semaine plus tard, ils se retrouvent à nouveau sans personne ? Une chose reste certaine, c’est que beaucoup ont appris la nouvelle sur les réseaux sociaux. « On ne sait rien, comme d’habitude. C’est quoi la suite, on va se retrouver en auto-gestion ? » s’inquiétait même l’un des cadres mardi soir.

Régis Sonnes, quant à lui, n’était même pas au courant du communiqué de presse annonçant sa suspension mardi soir au moment où nous l’avons joint. Lors des derniers mois, il avait d’ailleurs plusieurs fois reproché ne pas être au courant des différentes communications du club.

Même si tous ces actes sont déstabilisants pour un groupe qui n’en a pas besoin, en interne, les manières du manager commençaient à être contestées. Bien que, humainement, il a apaisé l’effectif, son profond laxisme aurait affecté le groupe des leaders. « Agen, c’est le Club Med », confirmait l’un de ces derniers. Alors après consultation, Jean-François Fonteneau a bien compris qu’il fallait tout changer. Une fois de plus. Et remettre un capitaine digne de ce nom au milieu d’un tel foutoir. En attendant, David Ortiz et Sylvain Mirande assurent l’intérim. « Nous nous focalisons sur cette rencontre contre Vannes car ils sont mal en point eux aussi et qu’on n’a plus de temps à perdre », confirmait le premier cité.

Mercredi en tout cas, lors du huis clos décrété par le club, les deux coachs ont tenu leur rang. Ils étaient bien sur le terrain pour donner leurs dernières consignes avant Vannes, sans Régis Sonnes cette fois. Même si l’ensemble du groupe était concentré et appliqué, « nous restons des hommes », relatait Vincent Farré, le capitaine. Et là encore, il est difficile de croire qu’un tel déplacement en Bretagne va changer la dynamique du SU Agen. Surtout dans ces conditions cataclysmiques.

Un divorce avec des supporters

Ce même mercredi, le fameux groupe de supporters fidèle au poste a donc été prié de bien vouloir quitter les lieux pour respecter le huis-clos. Un geste très mal perçu par ces derniers alors que Vincent Farré a confirmé avoir besoin de leur soutien « plus que jamais «. « Nous étions une poignée d’habitués, venus pour prendre la température et pour montrer aux joueurs qu’on les supporte et qu’on les encourage au beau milieu de ce bor*el. Nous avons demandé à ce que le président Fonteneau vienne nous voir, mais nous n’avons vu personne , assurait l’un des intéressés, alors que la majorité ne veulent plus revenir au stade pour l’heure actuelle. Quelques minutes plus tard, les discussions sont revenues bon train au moment de croiser Philippe Benetton aux abords d’Armandie. Tout comme lorsque Mathieu Blin a été aperçu. Même si pour l’heure, le président assure qu’aucun contact n’a été établi.

Ce qui reste certain, c’est que le silence radio décrété par le club avant ce déplacement chez la lanterne rouge ne laisse rien présager de bon. Un an plus tôt, le Pro D2 n’était pas un tabou. À l’aube de la 8e journée, une relégation en Nationale l’est. Alors Jean-François Fonteneau s’attelle à la tâche pour essayer de sauver un club et une ville par la même occasion.

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