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XV de France - Guilhem Guirado : « Le capitanat vous porte, vous galvanise »

  • Guilhem Guirado lors de la Coupe du monde 2019
    Guilhem Guirado lors de la Coupe du monde 2019 Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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L’ancien capitaine du XV de France est séduit par la promotion d’Antoine Dupont dans un rôle qui peut lui permettre d’hausser encore son niveau de jeu.

Vous avez vu Antoine Dupont arriver chez les Bleus alors que vous étiez capitaine. Êtes-vous surpris de le voir accéder à cette fonction ?

Quand tu es jeune, tu arrives sur la pointe des pieds. Il venait juste de quitter l’équipe de France des moins de 20 ans, mais nous savions qu’il y avait deux phénomènes dans cette génération : Antoine et Damian (Penaud). Ils étaient déjà au-dessus. Ça se voyait dans leur comportement. De son côté, Antoine jouait déjà beaucoup de matchs avec Castres malgré son jeune âge. Ensuite, je l’ai vu éclore et il a été impressionnant car il a évolué à vitesse grand V. Il a déjà tout connu dans sa jeune carrière puisqu’il s’est imposé en équipe de France, il a déjà disputé une Coupe du monde, il a connu une grosse blessure et il est revenu encore plus fort.

Il a aussi déjà connu un changement de club, il sait donc s’adapter à un nouvel environnement. Et il a gagné deux Brennus et une Coupe d’Europe... À son âge, c’est exceptionnel. Surtout, il démontre une grande régularité dans ses performances en étant souvent le facteur X, que ce soit dans son club ou avec les Bleus, donc je ne suis pas étonné. Ce qui est génial, c’est qu’il va avoir autour de lui des joueurs d’expérience pour l’accompagner. Au sein de chaque grande équipe, il doit y avoir un noyau dur qui sert de fil conducteur.

N’est-ce pas trop de responsabilités pour un joueur dont on attend déjà beaucoup ?

Le staff a laissé entendre que c’était quelque chose de ponctuel, même si Antoine peut devenir définitivement capitaine dans le futur. Étant passé par là, j’ai l’impression que tous les joueurs qui ont occupé cette fonction ont été galvanisés. Passer premier, se sentir responsable de l’équipe de France, en être le porte-drapeau vous donne des ailes.

Tous les capitaines qui me viennent à l’esprit ont grandi avec la fonction et ils ont, en même temps, élevé leur niveau de jeu. Il ne faut donc pas s’inquiéter par rapport à ça. Il faut plutôt penser l’inverse : imaginez que ça lui permette de devenir encore meilleur qu’actuellement ! Il va être encore plus gigantesque. Et s’il peut tirer toute l’équipe derrière lui, ça ne peut être que bénéfique. Je suis vraiment content pour lui. C’est quelqu’un de posé, très intelligent, mais aussi assez simple parce qu’il vient du terroir, avec une éducation de valeurs très importantes dans le rugby.

Vous ne craignez donc pas qu’il se perde avec autant de responsabilités…

Il a déjà été capitaine à Toulouse. Il ne s’est pas perdu et il n’est pas tétanisé par la fonction. Il ne faut vraiment pas avoir peur. Je ne pense pas qu’il existe un âge parfait pour devenir capitaine. Certains se révèlent très jeunes et d’autres plus tard, comme Gaël Fickou par exemple qui se révèle maintenant dans ce rôle. Il n’existe pas une règle précise. Ça se détermine par rapport à l’aventure commune, aux décisions prises au sein d’un groupe. Depuis deux ans, on peut voir qu’Antoine prend de plus en plus de place et ses performances sont de plus en plus remarquables. Le seul constat que l’on peut faire, c’est que sa légitimité est toute trouvée. Il ne faut pas avoir peur en disant que c’est trop lui donner, ou qu’il a déjà assez de responsabilités. Le capitanat vous porte, vous galvanise.

Qu’est-ce qui vous a marqué quand vous êtes devenu capitaine des Bleus ?

Le capitanat en équipe de France demande beaucoup d’investissement, de prise de conscience par rapport à l’environnement médiatique. Il y a aussi un travail important avec le staff. Aujourd’hui, le groupe est aussi très élargi et c’est difficile d’intégrer tout le monde avec huit ou neuf nouveaux joueurs nouveaux qui arrivent, qui partent, qui reviennent. C’est le rôle qui m’importait le plus. Il fallait inclure tout le monde, leur parler de leur rôle, de leur fonction car des joueurs passent des tournées ou l’intégralité d’un Tournoi à venir au CNR pour faire le sparring-partner.

Le plus dur était de les garder investis. Étant passé par là et ayant souffert de cette situation, je me servais de mon expérience pour leur dire de s’accrocher en attendant leur moment. Il faut les soutenir, leur parler, les remercier car ce sont des compétiteurs qui sont peu considérés. Les entraîneurs peuvent alors paraître un peu froids. J’ai toujours été bienveillant par rapport à ça. Après, j’étais proche de Thierry Dusautoir donc j’avais un peu appréhendé les impératifs de la fonction, notamment au niveau médiatique. On m’a souvent répété que je ne m’ouvrais pas assez, mais malheureusement les conférences de presse du capitaine interviennent la veille du match et c’est difficile de s’exprimer facilement en étant déjà dans le match. C’est un exercice particulier.

Est-ce un intérim qui vous laisse penser qu’Antoine Dupont deviendra le capitaine numéro un dans le futur ?

Forcément, on va se poser la question. On ne sait pas comment ça va se passer pour lui et les autres. Mais au regard, de ce qu’il montre, et en prenant ses marques aussi rapidement dans la fonction, il y a beaucoup de chance qu’on le revoit dans ce rôle-là. Ce serait normal et naturel. Ça laisse surtout présager un bel avenir à l’équipe de France, donc tant mieux.

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