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Juste un brouillon avant les All Blacks

Par Marc DUZAN
  • Juste un brouillon
    Juste un brouillon
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À Bordeaux, les coéquipiers d’Antoine Dupont ont rempli leur mission, sans pour autant lever les doutes qui avaient entouré leur première sortie de l’automne, face à l’Argentine. C’est quand le bonheur ?

Damon Murphy, l’arbitre australien de ce match, se foutait bien de savoir que la Géorgie recense seulement 9 500 licenciés, piliers de mêlée et anciens lutteurs pour la moitié d’entre eux. Et puisque les Lelos ont à terme l’ambition d’intégrer le Tournoi des 6 Nations, l’ancien capitaine de l’équipe d’Australie à VII arbitra donc les coéquipiers de Merab Sharikadze sans complaisance, les pénalisant douze fois en première période, leur collant coup sur coup deux cartons jaunes et même, ô malheur, un essai de pénalité au terme du premier maul effondré du match : bienvenus en "Tier One", jeunes gens !

Est-on par ailleurs certain que nos Bleus, mille fois supérieurs sur la feuille, aient porté autant de considération pour leurs adversaires du jour que n’en fit preuve le referee ? Disons qu’à l’image du speaker du Matmut Atlantique, qui annonça dignement "essai pour l’Argentine" lorsque Vasil Lobzhanidze aplatit le premier essai des Lelos, les Tricolores ne se comportèrent pas comme le font généralement les nations majeures du premier tiers du classement World Rugby lorsqu’elles affrontent des adversaires supposés moins forts, moins riches et moins armés. Et puisque les Irlandais avaient passé soixante points aux Japonais, l’Angleterre soixante-dix grains au Tonga et les All Blacks plus de cent pions aux États-Unis, il est en revanche acquis que la sixième nation mondiale, elle, aime encore à maintenir le suspense, entretenir la foi des damnés de la terre et participer, à sa manière, à la démocratisation du rugby dans le monde.

Et quoi ? Les Bleus étaient dimanche après-midi à ce point dominants dans le combat collectif qu’ils auraient probablement fait exploser la Géorgie beaucoup plus tôt, s’ils avaient privilégié, bien plus souvent encore qu’ils ne le firent à Bordeaux, l’art du maul pénétrant à la déviation immédiate vers le numéro 9…

"Jalimack" nous laisse coi

Ce France - Géorgie devait être un brouillon grandeur nature, un devoir de vacances à balles réelles, l’occasion offerte aux Tricolores de peaufiner leur système et bander les muscles, avant d’affronter la Nouvelle-Zélande. A-t-on aujourd’hui plus de certitudes que la semaine dernière ? D’évidence, non. A-t-on levé les doutes ayant entouré la première sortie de l’association Jalibert-Ntamack ? Pas davantage.

Depuis que Fabien Galthié a décidé d’associer deux des meilleurs ouvreurs du monde au centre du terrain, le XV de France n’incarne plus vraiment une menace à cet endroit du terrain où, jadis, Virimi Vakatawa, Gaël Fickou et Arthur Vincent remuaient de la viande, et plus si affinités : dimanche, les Géorgiens n’eurent ainsi qu’à "glisser" pour ralentir, ou carrément contrer, les attaques françaises au large.

Qu’on le veuille ou non, la configuration actuelle semble retirer à Romain Ntamack le feu qui l’habitait jusque-là : "NTK", qui aime tant les responsabilités, ne bute plus, tape peu, n’est plus le premier décideur et, au bout du bout, n’a plus l’influence qui fut jadis la sienne sur le jeu des Bleus. Et à l’heure où les Irlandais viennent d’enterrer les All Blacks avec au milieu du terrain deux trois-quarts centre qui frappent et provoquent (Bundee Aki et Gary Ringrose), on se demande simplement si "Jalimack" incarne une réponse appropriée à l’équation que poseront ces "Tout Noir", qui perdent si rarement deux matchs consécutifs…

Est-on vraiment trop dur avec cette équipe de France ? Condamne-t-on trop facilement une performance que l’on aurait sans nul doute célébrée comme les prémices d’une résurrection, à l’époque de Guy Novès ou du Goret, en des temps où tout foutait le camp ? Probablement, oui.

Malgré tout, les deux dernières sorties d’Anthony Jelonch et Gregory Alldritt laissent perplexes, quand la brutale mise à l’écart de Brice Dulin laisse un goût d’inachevé au fond du terrain ou que les furtives apparitions de Sekou Macalou en bleu nous abandonnent irrémédiablement à un flot d’interrogations majeures. Brillant dès lors qu’il porte le maillot du Stade français, le soldat rose marche à côté de ses pompes en équipe de France, craignant de prendre la moindre initiative et, comme ce fut le cas lors du duel qu’il eut à disputer face à un ailier géorgien (Sandro Todua) qui n’était pas toujours titulaire à Albi, étant inoffensif balle en mains.

Dans six jours, la montagne

Alors, Macalou a-t-il le moteur assez puissant pour répondre à l’intensité dingue du rugby de test-match ? Ou a-t-il simplement besoin de temps ? On n’en sait foutre rien. Mais à moins que Karim Ghezal le boss de la touche tricolore, ne considère les qualités aériennes de Sekou Macalou comme indispensables à la bonne santé de l’alignement tricolore, on voit mal comment le flanker du Stade français pourrait démarrer dans six jours, face à des Blacks invaincus en France depuis plus de vingt ans.

Six jours, hein ? Ici, le laps de temps semble si court que Fabien Galthié ne se risquera probablement pas à d’autres essais de laboratoire dans sa composition d’équipe et, sauf cataclysme, le XV de France ayant démarré la tournée d’automne contre l’Argentine terminera la compétition dans le même ordre, Julien Marchand excepté. À moins que la fière performance de Cameron Woki en deuxième ligne ne rebatte les cartes ? Va savoir, Charles…

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