XV de France : pour les clubs, le prix du sacrifice

  • Cameron WOKI, Maxime LUCU and Dylan CRETIN (France).
    Cameron WOKI, Maxime LUCU and Dylan CRETIN (France). Icon Sport - Icon Sport
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Plusieurs écuries du Top 14 ont payé au prix fort la période internationale et les moyens alloués au XV de France. Mais ils savent aussi qu’ils vont en retirer des bénéfices...

Si Fabien Galthié a tenu à remercier les clubs de Top 14, quelques minutes après le coup de sifflet final contre l’Angleterre, cela n’a évidemment rien d’anodin. Le sélectionneur, ces dernières semaines, n’a eu de cesse de les associer à la réussite du XV de France. Parce qu’il sait ce qu’il leur doit. Certes, les négociations ont parfois été âpres entre la LNR et la FFR (on se souvient de la limitation du nombre de feuilles de match à trois par joueur durant l’automne 2020) mais, dans l’ensemble, tout le monde a tiré dans le même sens et les clubs ont quelque part accepté de se sacrifier. Peut-être même comme jamais dans une élite toujours plus concurrentielle. Oui, les présidents savaient qu’en accordant autant de moyens à l’équipe nationale, cela aurait une première conséquence évidente : augmenter le nombre de doublons, lequel fut aussi accru par les reports de match dus au Covid. Ils ont donc mesuré que, pour voir des Bleus forts en vue de la Coupe du monde à domicile en 2023, il fallait prendre le risque d’en payer les pots cassés. Et c’est ce qu’il s’est passé pour le Stade toulousain, plus gros pourvoyeur d’internationaux avec dix à onze joueurs sur ce Tournoi, et l’Union Bordeaux-Bègles, dont certains cadres (Woki, Lucu, Moefana et Jalibert même s’il est blessé) ont cruellement manqué dans cette période.

Accrochées aux deux premières places du classement avant les 6 Nations, ces deux équipes ont connu de terribles séries de défaites, six d’affilée pour le champion de France et d’Europe, et cinq (en cours) pour les Girondins. Ce qui les a grandement fragilisées. Mais, comme le faisait remarquer l’ancien sélectionneur Marc Lièvremont dans ces colonnes, présidents et managers n’ont pas cherché à critiquer le système. Laurent Marti le montre encore dans l’entretien ci-contre.
 

Des retombées sportives et économiques

En clair, les responsables ont conscience de ce qu’ils ont gagné d’avoir un XV de France au sommet, et des internationaux en vogue. Le sacrifice a un prix, mais aussi des retombées. D’abord sur le plan sportif. Pour reprendre l’exemple toulousain, celui le plus marquant, cela ne doit rien au hasard si le président Didier Lacroix a calqué son précédent projet sur la Coupe du monde 2023, objectif affiché du rugby français auquel il a clairement combiné celui de son club. Ainsi, c’était à cette échéance que les contrats de ses Bleus (Baille, Marchand, Mauvaka, Cros, Dupont, Ntamack, Ramos) prenaient fin.

Une génération qui a ramené deux titres de champion de France et un de champion d’Europe à Ernest-Wallon, avant de s’offrir les All Blacks et le grand chelem sur la scène internationale. Et chacun remarquera que Lacroix est en train de prolonger ces mêmes cadres jusqu’en 2027 pour la plupart (ou 2028), s’appuyant de nouveau sur le calendrier de l’équipe nationale. Une aubaine… Qui l’est aussi sur l’aspect financier. Surtout pour des modèles comme ceux du Stade toulousain ou de l’UBB qui vivent sur une économie réelle.

Les Dupont, Ntamack, Woki ou Jalibert ramènent toujours plus de partenaires et de sponsors, notamment parce que - grâce aux succès des Bleus - ils ont désormais dépassé le simple cadre de ce sport. Et leurs clubs, même s’ils doivent se passer de leurs services une grosse partie de la saison, en récoltent des fruits. Enfin, et c’est une évidence, ils attirent énormément de monde dans les stades. On parle là, encore sans que ce soit un concours de circonstances, de deux des meilleures affluences du Top 14.

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