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Leinster - La Rochelle : dans le secret du plan d’O’Gara

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    Leinster - La Rochelle : dans le secret du plan d’O’Gara
Publié le Mis à jour
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En début de semaine, Ronan O’Gara avait annoncé « avoir un plan » pour contrer le jeu si huilé du Leinster guidé par son «vieil ami» Johnny Sexton.Force est de constater que le manager rochelais avait parfaitement préparé son affaire, jusqu’au coup de grâce de la dernière minute… Décryptage.

Jamais un club français n’avait encore triomphé d’une franchise irlandaise en finale de Champions Cup. L’histoire retiendra que c’est avec un manager venu du Munster, devenant le troisième de l’histoire à avoir remporté la Champions Cup en tant que joueur puis manager (derrière Leo Cullen et Ugo Mola), que La Rochelle a réalisé cette gageure, en grippant le jeu le mieux huilé du Vieux Continent. Miracle? Surtout pas. Plutôt les fruits d’un plan parfaitement mûri dans la semaine, porté par une confiance inébranlable en la faculté de ses joueurs de mieux terminer la rencontre que les vieux guerriers du Leinster.

Pourrir les rucks, quitte à être indiscipliné

La première étape de la destruction de la machine irlandaise? Elle consistait à gripper ses rouages, à savoir les rucks… C’est ainsi que les Rochelais se sont consommés au sol de manière immodérée après chaque plaquage, ne laissant aucun ballon facile aux Irlandais. Le but de la manœuvre était d’obliger les Leinstermen à se mobiliser en plus grand nombre pour conserver leurs ballons, et ainsi «court-circuiter» leurs schémas de circulation d’ordinaire si bien rôdés. «C’était un pari que nous avons pris, quitte à commettre quelques fautes, souriait le centre Jonathan Danty. Bon, on en a peut-être commis un peu trop. Mais cela a payé sur la fin parce qu’au fur et à mesure que le match avançait, on voyait que le Leinster avait plus de mal à tenir ses ballons, que son jeu n’était pas si huilé que d’habitude parce que les ballons que nous leur ralentissions les perturbaient au niveau de leur circulation offensive.» Le meilleur exemple concernant le demi de mêlée Gibson-Park, dont la qualité des transmissions fut inhabituellement très faible…

Priver Sexton de solutions au large

Le premier étage de cette fusée n’avait au vrai qu’un seul but: celui de perturber le maître à jouer Johnny Sexton, ce «vieil ami» que Ronan O’Gara connaît évidemment par cœur, à commencer par sa tendance à abhorrer l’imprévu et à déjouer lorsque les situations ne se présentent pas comme à l’entraînement. Perturbé dans ses habituels repères et timing de passe, Sexton fut qui plus est gêné dans sa lecture par l’agressivité des défenseurs rochelais, dont un joueur montait systématiquement «en pointe» pour priver Sexton de solutions, en lui coupant ses habituelles lignes de passe sur l’extérieur à la sortie de ses «classiques» courses redoublées. «On avait observé que le Connacht ou Toulouse avaient laissé un peu trop de latitude au Leinster, ce qui avait permis à Sexton de jouer dans un fauteuil, pointait Danty. Au contraire, nous voulions monter très fort, gagner la ligne d’avantage. Là encore, ça nous a coûté quelques pénalités pour des hors-jeu. Mais au moins, en attaque, les Irlandais n’ont jamais réussi à dépasser le deuxième poteau alors qu’on les savait dangereux dans les couloirs, notamment avec Lowe.» Risqué mais efficace, puisque les Maritimes gardèrent leur ligne inviolée…

Une donnée qui eut évidemment son importance, les trois essais rochelais permettant de l’emporter face aux sept coups de pied de Sexton. Pas un hasard, là encore.

L’épreuve de force plutôt que les trois points

«Je sais d’expérience qu’on ne peut pas aborder une finale en ne comptant que sur son buteur, soulignait O’Gara. Pour gagner, il faut marquer des essais.» Un discours précédé d’actes, avec des choix quasi systématiques par les Rochelais de privilégier l’épreuve de force lorsque des occasions se présentaient. Manière d’imposer leur puissance, mais pas seulement. «Ce n’est pas un secret, Ihaia West avait été peu en réussite au pied lors de ses dernières finales, rappelait Pierre Bourgarit. La stratégie, c’était de l’en décharger le plus possible et d’aller chercher des essais dès que possible.» Chose faite dans le dernier quart d’heure au travers de l’essai sur pénaltouche du talonneur, et bien sûr celui de la gagne signé Arthur Retière, au ras d’un énième ruck…

Attaque : « large-large » avant recentrage

Avant cela? Les Rochelais avaient procédé dans un autre registre, cherchant notamment à toucher directement les couloirs extérieurs lors de la première période, avec leurs deux ailiers qui dézonaient en permanence. Une option payante sur l’essai de Rhule parfaitement servi par Leyds, mais qui causa aussi beaucoup de déchet. «On n’avait pas forcément prévu de jouer autant au large, confiait Ihaia West. En fait, les ailiers grand côté du Leinster se tenaient un cran en retrait de leurs centres et nous permettaient d’aller jouer les couloirs. Sauf qu’il s’est rapidement avéré que c’était un piège où ils souhaitaient nous attirer, puisqu’ils ont réussi à récupérer de nombreux ballons en nous poussant en touche ou à travers nos imprécisions.» D’où le choix de revenir en seconde période à certains fondamentaux comme la prise du milieu de terrain, où Danty put enfin s’illustrer dans son duel avec Henshaw après avoir subi en première période. Un recentrage gagnant dans lequel tous les avants rochelais s’engouffrèrent pour faire peser leur puissance, heureux de ne plus avoir à multiplier les courses à vide sur la largeur…

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