6 Nations 2023 - Wayne Barnes, la mauvaise excuse et le coupable (trop) idéal de la rencontre Irlande - France

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6 NATIONS 2023 - Au lendemain de la défaite du XV de France en Irlande, de multiples commentateurs ont trouvé le coupable idéal : Wayne Barnes, l'arbitre anglais et, accessoirement, légende du sifflet détenteur du record de rencontres internationales. Paresse de l'esprit. À Dublin, les Français sont surtout tombés sur meilleurs qu'eux. À ça, Barnes n'y pouvait rien.

On devient tout ce qu’on déteste : le rugby, ce sport si différent parce que rehaussé d’une bonne éducation autoproclamée malgré la violence des chocs, les bagarres parfois, se perd dans la facilité du langage et la paresse des analyses qu’il abhorrait. La facilité des boucs émissaires et celle de beaucoup d’excès. Ceux qui caractérisent la liberté des réseaux sociaux, où les inepties du comptoir à papy trouvent un écho public. On ne dit rien de plus bête, rien de plus méchant. Mais on le proclame désormais au grand monde. Le monde se serait bien passé d’une telle amplification du néant.

Le coupable est vite trouvé, toujours : l’arbitre. Et Wayne Barnes, donc, qui serait le responsable de la défaite des Bleus en Irlande. C’est ce qu’on a beaucoup lu et trop entendu, ces dernières heures, à peine le coup de sifflet final donné à ce bonheur de rugby.

Quelques idées nous viennent alors. Premièrement : au moment de commenter le « sublime » si cher à Galthié, n’y a-t-il pas mieux à apprécier et bavarder qu’une éventuelle mauvaise application du règlement X alinéa Y ?

Autre idée, pour faire le deuxièmement : combien, parmi ces commentateurs nécessairement avisés, ont pris le temps auparavant de lire le parpaing de papier que sont les règles du rugby, dans leur insondable complexité ? Mais le temps n’est plus à l’analyse. Il est à donner son avis, sans forcément l’étayer, sans savoir si l’on vise juste ou à côté. L’important, c’est de parler. De prononcer la sentence.

Se souvenir de 2007 et 2022...

Alors, comme ça, les coups de sifflet si rares (14 sur une rencontre, c’est une peccadille…) de Barnes n’ont pas plu à tous ? Qu’importe. C’est aussi le propre d’un sport où la règle n’est jamais manichéenne, sûrement pas binaire, où l’arbitre entre sur le terrain pour faire au mieux de sa conscience. En toute honnêteté, qu’on ne saurait soumettre à la suspicion. Cette même honnêteté qu’on lui prêtait encore au lendemain de France-Afrique du sud (2022) ou France-Nouvelle-Zélande (2007), quand ses coups de sifflet avaient été nettement plus cléments avec le XV de France. Pour dire le moins.

En Irlande ce samedi, deux décisions ont donc particulièrement prêté le flanc à la critique. L’essai accordé à James Lowe (21e), qui aurait vraisemblablement dû être refusé pour un passage millimétré en touche. Action sur laquelle il ne disposait pas des bonnes images pour « vidéo-arbitrer », sachez-le. Où l’erreur ne lui est donc pas imputable. Autre sujet qui fait râler, en Irlande cette fois-ci (car oui, les Irlandais aussi râlent!) : le carton jaune à Uini Atonio (27e). Qui aurait pu être rouge. Là encore, question de millimètres. Barnes a tranché. Il conviendrait de le respecter.

Au moment de conclure ces lignes, on se contentera d’affirmer ceci : l’Irlande-France de samedi à Dublin fut de toute beauté ; d’une intensité incroyable et qui n’a jamais vraiment faibli ; il fut ponctué de cinq essais dont quelques chefs-d’œuvre. La promesse unique d’une rencontre à enjeu entre le numéro 1 et numéro 2 mondial a tenu toutes ses promesses. Le meilleur a gagné et le numéro 1 irlandais, impressionnant de maîtrise collective, était effectivement supérieur au numéro 2 français, porté par ses talents générationnels. C’est la vérité du moment, qui n’engage en rien celle de demain. En attendant, le frisson de ce spectacle quatre étoiles est encore là. Peut-on savourer, ou faut-il vraiment se polluer la vie de polémiques de bac à sable ?

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