Coupe du monde - Le parcours baroque de Pierre-Henry Broncan

Par Jérôme Prévot
  • Pierre Henry Broncan s'apprête à rejoindre le staff de l'Australie
    Pierre Henry Broncan s'apprête à rejoindre le staff de l'Australie Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Avec l’Australie, PHB va servir le seizième maillot de sa carrière de joueur puis d’entraîneur. Retour sur l’odyssée de celui qui a découvert le ballon ovale dans le Gers, à Lombez-Samatan.

À côté de lui, Ulysse apparaîtrait casanier. Pierre-Henry Broncan est en train de vivre un parcours assez unique. Il va goûter avec l’Australie à son seizième maillot. Six comme joueur, neuf comme entraîneur ou technicien. Crampons aux pieds, il a joué pour Lombez-Samatan, Auch, Montauban (champion de Pro D2), Béziers et Mont-de-Marsan ; plus des sélections avec l’équipe nationale d’Allemagne, la patrie de sa mère. En survêtement ou en costume, Pierre Henry Broncan a servi Blagnac, Auch, Aurillac, Tarbes, Colomiers, Tarbes, Bordeaux-Bègles, Toulouse Bath, Castres. 

C’est plus qu’une carrière, c’est une odyssée. On précise qu’il n’a que 48 ans. On peut penser évidemment ce qu’on veut de lui, parler de ses qualités et de ses défauts, mais on ne pourra jamais lui enlever une caractéristique : sa passion du jeu sous toutes ses formes. On insiste là-dessus. On se souvient de la réputation qui circulait à son sujet quand il vint passer une année à l’UBB en 2014-2015, comme conseiller de Laurent Marti : "Il connaît tous les joueurs de haut niveau du monde," entendait-on dire à son sujet. On le décrivait dévorant des images venues de tous les pays, de l’Angleterre à la Nouvelle-Zélande en passant par l’Afrique du Sud. À noter qu'il est arrivé à Castres dans le même rôle, avant d'intégrer le staff technique.

Un parcours incroyable avec le CO pendant un an et demi

Il y a peut-être une légende là-dessous, mais quand même, un de ses proches nous a confirmé qu’il ne manquait aucun match du jeudi soir de Pro D2 (il l’a dit dans Midi-Olympique.). On nous a aussi soufflé qu’il avait été à l’origine de la venue de Rynardt Elstadt (alors presque inconnu) à Toulouse. Antoine Dupont a évidemment contracté l’amour du rugby auprès de son père Henry légendaire gourou de Lombez-Samatan, puis d'Auch : "Mais lui, c’est un voyageur. Il tient ça de sa maman. Moi le fait de sortir du Gers et de passer la Garonne me posait problème." Les deux hommes ont joué demi de mêlée à un certain niveau, mais loin des meilleurs de leur génération : "Nous partageons ça, nous avons tous les deux appris à compter surtout sur le travail," poursuit son père. Mais entre les deux, le profil n’est pas tout à fait similaire : "Moi, je jouais beaucoup sur l’humain. J’étais parfois dur, je ne comprenais pas qu’on ne donne pas tout son potentiel. Lui est exigeant aussi, mais il est plus axé sur la technique, la tactique et la vidéo, surtout. Voilà la différence. Moi ça me gavait."

Pierre-Henry Broncan va participer à la Coupe du monde ! Le technicien gersois sera sans doute consultant auprès de l’Australie d’Eddie Jones.https://t.co/WlOhXWmVBF

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) March 24, 2023

D’ailleurs, le paternel ne cache pas qu’entre les deux, il y a toujours eu une forme de concurrence. Pierre-Henry n’a pas gagné de trophée majeur, c’est vrai, mais on n’oubliera pas qu’il a amené Castres en finale du Top 14 en 2022. L’année précédente, arrivé en cours de saison en janvier, il avait fait passer le club de la douzième à la septième place à un point de la qualification (avec une moyenne de points supérieure à celle de tous les autres clubs du championnat, même Toulouse et La Rochelle). Il a été limogé en février 2023 après la seule défaite à domicile de son mandat castrais.

 On l’a souvent catalogué comme un homme de "coups". C’est sans doute réducteur et ce n’est sûrement pas de son fait. Alors, évoquons ses plus fameux coups de poker, le recrutement de Tom Staniforth et de Nick Champion de Crespigny dans le pack castrais. Mais aussi l’arrivée de Antoine Dupont au Stade Toulousain en 2017, un joueur dont Pierre-Henry a toujours été proche : "Pour son côté besogneux, reprend son père. "Il sait qu’Antoine a toujours été un gros travailleur, chez lui en un contre un avec son frère." 

Ainsi, pour la première fois de sa carrière, Pierre-Henry va se retrouver dans le staff d’une sélection nationale, aux côtés d’Eddie Jones qu’il avait croisé quand il était à Bath et que le premier cité entraînait le XV de la Rose. Il va découvrir la Coupe du Monde à ses côtés, un autre contexte, moins propice aux coups brillants de recrutement dont il s'est fait une spécialité, une étape de plus de son fabuleux périple qui résonne pourtant encore à nos oreilles comme un prolongement de l’enseignement qu’il a reçu au collège de Samatan. Sa première académie.

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