Top 14 - Paul Graou (Toulouse) : "Antoine (Dupont) est une source de progression pour moi"

Par Jérémy Fadat
  • Paul Graou (Toulouse).
    Paul Graou (Toulouse). Icon Sport
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Arrivé l'été dernier au Stade toulousain où il a découvert le Top 14 à 24 ans, le demi de mêlée Paul Graou a vécu une période de doublons très prolifique durant laquelle il a brillé. Ami depuis l'adolescence avec Antoine Dupont, ce qui l'aide forcément à appréhender la concurrence avec lui, il a aussi goûté à sa première phase finale de Champions Cup et veut poursuivre sur sa dynamique actuelle. 

Pour vos premières phases finales de Champions Cup, vous étiez remplaçant en huitième puis en tribunes lors du quart de finale. Comment avez-vous vécu ces deux dernières semaines ?

Lors de mes dernières années en Pro D2, je n’avais pas eu la chance de connaître le parfum des phases finales. Là, ça arrive tôt dans la saison mais c’est toujours plaisant, qu’on soit dans le groupe ou qu’on ne joue pas, ou très peu. On sent que le niveau collectif de l’équipe s’élève, on sent aussi la pression qui arrive dans la semaine avant les grands matchs.

Avez-vous perçu un basculement au moment d’entamer cette phase finale ?

Oui, mais cela concordait surtout avec le retour des internationaux. Même si nous avions bien bossé pendant leurs deux ou trois mois d’absence, le niveau d’entraînement augmente forcément quand ils reviennent. D’autant plus que les matchs couperets arrivent aussi.

Même si votre temps de jeu est restreint sur ce genre de match, votre signature à Toulouse était-elle guidée par l’envie de connaître ces grands rendez-vous ?

Oui. Mais tous ceux qui sont signent à Toulouse sont conscients de la concurrence, qui plus est à mon poste. Je le savais en arrivant ici, ce n’est pas une surprise. Mais c’est toujours bénéfique d’être confronté à un tel groupe, à des séances à haute intensité dans la semaine durant lesquelles on progresse au contact de tous les internationaux.

Pensez-vous avoir franchi un cap sur le plan individuel ?

Sportivement, je me retrouve pas mal dans le jeu qui est prôné ici, qui est basé sur l’initiative. J’aime ce qu’on produit à Toulouse, je me régale, je fais tout pour franchir des paliers et je me nourris de tous les conseils des joueurs autour de moi, des coachs. Je suis venu ici pour m’éclater et pour progresser.

Et vous avez traversé deux mois et demi très prolifiques durant la période de doublons…

Ma saison a été chamboulée au départ avec quelques blessures qui se sont enchaînées. Pour moi, elle a vraiment démarré le 1er janvier à Clermont, même si j’ai encore été arrêté deux ou trois semaines derrière. Puis, j’ai réussi à enchaîner les matchs pendant la période de doublons. J’étais content d’avoir cette place dans l’équipe quand les internationaux n’étaient pas là, la confiance est revenue.

Parce qu'avant, ce fut difficile mentalement ?

J’arrivais ici et j’avais des choses à montrer. Je venais de Pro D2 et j’avais forcément tout à prouver au staff et à mes coéquipiers. Donc c’était vraiment frustrant de commencer la saison ainsi. On ne le choisit pas, c'est aussi la vie d’un sportif. Je me suis blessé et j’ai bossé sérieusement pour revenir, être en forme et enfin profiter de la bonne dynamique du groupe pour réaliser des bonnes performances. Les résultats ont été bons pendant les doublons et c’était agréable.

Lors de la victoire au Racing 92, on vous a vu jouer de nombreuses pénalités à la main, mettre beaucoup de rythme. Y a-t-il eu une forme de libération dans votre jeu ?

La confiance s’acquiert au fil des matchs. Le week-end précédent, contre Pau, j’avais fait une bonne prestation et on avait gagné avec le bonus offensif. Quand toute l’équipe se sent bien, ça aide. En l’occurrence, nous n’avions pas grand-chose à perdre au Racing et avions eu beaucoup d’intentions de jeu. Tout le monde a joué libéré et c’est souvent là que nous sommes les meilleurs. On avait pris du plaisir, même si on a un peu trop joué (sourire).

Vous avez ce goût naturel pour dynamiser le jeu…

Ici, les joueurs ont pas mal de libertés sur le terrain, sur les prises d’initiatives. Pour des joueurs comme moi qui aiment ça, comme tous ceux qui sont dans cette équipe d’ailleurs, c’est évidemment plaisant. Mais je sais aussi que je suis à un poste stratégique et il faut que je sois parfois capable de calmer. Je dois arriver à faire la nuance de temps en temps entre dynamiser et calmer. C’est le rôle du demi de mêlée.

Est-ce votre axe de progression ?

Oui, il faut que j’arrive mieux à trier mes choix. Si on veut tendre vers le très haut niveau, il ne faut faire que des bons. Il n’y a pas de place pour l’erreur, on le voit sur les matchs de phase finale. Je vais continuer à travailler là-dessus. Quand je suis remplaçant et que je rentre, je peux avoir des rôles différents à tenir. Parfois, je dois dynamiser. D’autres, je dois gérer. Il faut que je sois là où on m’attend pour répondre aux besoins de l’équipe.

Deux journées de Top 14 se présentent, contre Lyon et au Stade français. Ces deux rendez-vous peuvent-ils permettre de gagner une place dans le groupe pour la demi-finale de Champions Cup le 29 avril au Leinster ?

Ce sont des matchs qui, comptablement, peuvent déjà nous faire du bien pour se mettre encore davantage à l’abri et mathématiquement être dans les deux premiers pour accéder directement aux demi-finales de Top 14. Après, il est vrai que chacun a une carte à jouer. Il sera important de faire régénérer des cadres qui ont enchaîné les deux gros matchs de Champions Cup. C’est positif pour tous, pour ceux qui se reposent et pour ceux qui veulent se montrer. Cela va être intéressant.

Vous êtes ami avec Antoine Dupont depuis votre adolescence commune à Auch. Cela aide-t-il à appréhender la concurrence à ses côtés ?

Oui. En tout cas, c’est vraiment positif. Ce n’est pas qu’on n’a aucun filtre l’un avec l’autre mais on sait se dire les choses. Lui m’apporte ses conseils, on discute. Pour ce qui est de mon rôle, je suis au même poste que le meilleur demi de mêlée du monde et même meilleur joueur du monde tout court, donc j’essaye vraiment de m’en inspirer. Antoine est une source de progression pour moi. Il excelle partout, il ne se trompe jamais. Le week-end dernier, contre les Sharks, il n’a pas marqué mais n’a fait que des bons choix. Si je veux franchir un cap, je dois tendre vers ça.

Évoluer avec lui un jour était-il une ambition ou une volonté ?

À vrai dire, je ne me posais pas trop de question et me concentrais sur mes saisons en Pro D2 qui étaient assez tendues et disputées avec mes précédents clubs (Montauban et Agen, NDLR). Mais, même dans mes rêves les plus fous, je n’aurais peut-être pas imaginé jouer au Stade toulousain avec des copains. C’est une belle surprise et j’essaye de donner tout ce que je peux pour n’avoir rien à regretter plus tard.

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