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6 Nations 2024 - Peur sur la France

Par Arnaud BEURDELEY
  • Fabien Galthié et ses hommes à l’entraînement à Marcoussis.
    Fabien Galthié et ses hommes à l’entraînement à Marcoussis. Icon Sport
Publié le
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Un ogre en guise d’adversaire pour le premier match, de nouveaux adjoints qui doivent faire leurs preuves, des absents de marque et une désillusion à évacuer, le contexte du XV de France à l’aube de cette nouvelle édition du Tournoi des 6 Nations apparaît plus que jamais anxiogène.

Le rugby est un monde assez éloigné du milieu équestre, vous en conviendrez volontiers. Mais, parfois, tisser un lien n’est pas si difficile. Que dit-on d’un cavalier ? Qu’il doit avoir chuté cent fois pour être le meilleur.. Et que lui préconise-t-on après une chute ? Qu’il faut vite savoir se remettre en selle. Vous nous voyez donc )venir ? La chute du XV de France en quart de finale de la Coupe du monde 2023 a été violente, le traumatisme immense. "Un échec aussi gros, on n’y était vraiment pas préparé", nous a confirmé le nouveau capitaine des Bleus, Grégory Alldritt, quelques jours avant le début du premier rassemblement. "Cet échec, ce fut comme une bombe, on ne s’y attendait pas", a ajouté Gaël Fickou, présent aux côtés du Rochelais.

Sans doute Fabien Galthié avait-il rêvé d’un tout autre contexte et d’un scénario différent, pour entamer son second mandat à la tête du XV de France. Peut-être même se voyait-il auréolé d’un titre de champion du monde pour ouvrir en fanfare le Tournoi 2024. Hélas, l’Afrique du Sud en a décidé autrement. Les Bleus n’ont pas franchi l’obstacle des quarts de finale du Mondial 2023 qu’ils jouaient à domicile, oubliant leurs illusions et celles de tout un pays s’étant pris à rêver d’un premier sacre. Le temps du deuil a été long, pour les joueurs comme pour les membres du staff. Peut-être n’est-il pas tout à fait terminé pour certains ; à chacun sa façon de vivre l’échec. "Ce que je dis aux joueurs et au staff, c’est qu’il ne faut pas trop creuser, sinon on va creuser un trou dont rien de bon ne ressortira." déclarait Fabien Galthié, un peu avant les fêtes de fin d’année. L’arrivée de deux nouveaux adjoints, Laurent Sempéré (avants) et Patrick Arlettaz (trois-quarts) a sûrement ça de bon : ils apportent une fraîcheur, des idées nouvelles et ne sont pas pollués par ce qu’il s’est passé avant. Toutefois, ces deux-là savent qu’ils seront vite jugés. Si ce premier Tournoi des 6 Nations sera un révélateur pour les deux Catalans, il nous en dira également long sur le caractère de tous les Bleus...

Un match que tout le monde attend

Au cours de cette première semaine de préparation, le sélectionneur et son staff se sont attachés à évacuer les dernières frustrations, les ultimes émotions négatives. "On a évidemment reparlé un peu de la Coupe du monde pour faire la transition avec ce Tournoi, nous a confirmé ce week-end l’ailier toulousain, Matthis Lebel. Mais on a basculé sur ce premier match. Ça s’est fait naturellement. Depuis aujourd’hui (samedi), nous sommes vraiment concentrés sur ce gros choc face à l’Irlande."

Peter O’Mahony, le capitaine de l’Irlande détentrice du trophée des 6 Nations.
Peter O’Mahony, le capitaine de l’Irlande détentrice du trophée des 6 Nations. Sportsfile / Icon Sport

Quoi de mieux, pour débuter le Tournoi des 6 Nations et entrer directement dans le vif du sujet qu’un premier match contre le champion en titre et dernier vainqueur du Grand Chelem? Malgré son élimination en quart de finale du Mondial (face à la Nouvelle-Zélande), le XV du trèfle demeure la deuxième nation au classement World Rugby. "C’est un match que tout le monde attend", a d’ailleurs glissé le troisième ligne, François Cros, en conférence de presse à Marcoussis quand certains pensaient que les Bleus auraient préféré remettre le pied à l’étrier face à un adversaire moins huppé, plus abordable. Raté. Dans l’entretien qu’il nous accorde, l’ancien demi de mêlée des Bleus, Dimitri Yachvili jure que cette affiche n’est pas une finale avant l’heure mais qu’elle est une formidable opportunité d’inonder d’ondes positives un groupe encore probablement marqué par son échec en mondiovision. Probable, voire certain. Mais qu’adviendra-t-il en cas de défaite des Bleus, vendredi soir au stade Vélodrome de Marseille ? La question s’impose et la réponse, forcément, fait froid dans le dos...

Le coup dur des forfaits successifs

À tout dire, les voyants ne sont pas tous au vert. Au contraire, même. Par-delà la qualité de l’adversaire proposé en amuse-bouche de ce Tournoi, les Bleus seront privés de leur facteur X Antoine Dupont, élu meilleur joueur du monde en 2021 et Oscars Monde Midi Olympique ces dernières années. Fabien Galthié répète à qui veut l’entendre que tout a été prévu, organisé et planifié pour assumer cette absence autant que l’héritage du Mondial. Et l’on croit pouvoir lire dans les propos de l’ancien demi de mêlée international que l’impact ne sera pas mesurable... Sauf que le patron des Bleus a pris de plein fouet les forfaits successifs de ses deux deuxièmes lignes qui auraient probablement composé son attelage vendredi soir au coup d’envoi de la rencontre. D’abord Thibaud Flament, avant l’annonce de la sélection. Puis Emmanuel Meafou, au premier jour du rassemblement tricolore. Dans le même laps de temps, Galthié perdait encore un de ses leaders et une de ses âmes les plus guerrières : Anthony Jelonch. Premiers coups durs qui s’ajoutent à l’absence de Romain Ntamack et, donc, à celle de Dupont... Sans vouloir noircir le tableau, la litanie des noms qui feront défaut a de quoi filer des sueurs froides.

Alors, force est de s’interroger : la France doit-elle avoir peur de ce premier rendez-vous post-coupe du monde ? En 2004, après un Mondial australien conclu sans plan B en demi-finale contre l’Angleterre, les Bleus de Bernard Laporte s’étaient relevés en réalisant le Grand Chelem. Rien de mieux pour lancer un nouveau mandat, construire un projet sur une base solide et se projeter d’emblée, en confiance, sur le Mondial suivant. Et pourtant, lors de la Coupe du monde 2007, ils avaient encore échoué en demi-finale. Comme quoi...

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