C'est l'heure de vérité
TEST MATCH - Jamais, dans sa jeune histoire, le XV de France n'avait été confronté à pareil défi. Jamais, avant ce match face aux All Blacks, les Bleus n'avaient joué si gros. Alors, va-t-on assister à un immense pas en avant ou un funeste retour à l'ordinaire ?
C'est Dan Carter, le plus grand ouvreur de tous les temps, qui nous confiait l'autre jour : "Je sais que les All Blacks, lorsqu'ils ont déplié le calendrier de l'année 2021, ont coché deux rencontres : celle face aux Springboks, l'été dernier, et celle contre le XV de France, cet automne. A leurs yeux, finir la saison internationale sur une bonne note est primordial. Le dernier match de l'année, c'est toujours celui qui conditionne tes vacances..."
Fâchés tout rouge et meurtris par la gifle irlandaise (29-20), les hommes du rustique Ian Foster se pointent au Stade de France, béni terrain où ils n'ont jamais perdu, avec la furieuse envie de faire oublier la gaufre celte et l'ardent désir de claquer le bec à un rival déclaré, en vue de la Coupe du monde 2023. Dans ce but, ils aligneront à Saint-Denis leur meilleure équipe du moment, Aaron Smith au poste de numéro 9, Sam Whitelock et Brodie Retallick dans la cage, le surpuissant Ardie Savea en numéro 8 et sur l'aile droite, le surdoué Will Jordan, 17 essais en 12 sélections.
Pour autant, les meilleurs rugbymen de la planète sont-ils aussi effrayants que voudrait nous le faire croire aujourd'hui leur composition d'équipe ? Au bout du bout, ne sont-ils pas en train de payer quatre mois passés sur les routes et dans les airs ? Allez savoir...
Joe Rokocoko : "La pression est du côté néo-zélandais"
Les Bleus ont beau ne pas avoir battu les All Blacks en France depuis vingt ans, les coéquipiers d'Antoine Dupont ont beau sortir de deux prestations mitigées face à l'Argentine et la Géorgie, les raisons de croire au miracle sont néanmoins nombreuses. Jerome Kaino, double champion du monde avec la Nouvelle-Zélande et aujourd'hui responsable de la défense toulousaine, explique : "Les Irlandais ont en quelque sorte montré la voie ; ils ont pris le contre pied de l'idée voulant que dans le rugby moderne, le maître du ballon s'expose à des contres ; ils ont accepté la possession, remportant 70 % ou 75 % des ballons. De leur côté, les Néo-Zélandais ont beau compter les meilleurs attaquants du monde, ceux-ci ont été condamnés à défendre."
Joe Rokocoko, 68 caps et 66 essais sous le maillot noir, nous laisse lui aussi croire en l'impossible : "La pression est du côté néo-zélandais. Quand les All Blacks perdent, les gens hurlent et les médias frappent. Au pays, ça devient vite irrespirable. Après une défaite, un All Black n'est pas seulement condamné à gagner ; il est condamné à gagner largement."
Le plus grand des défis
De fait, cette équipe de France se trouve aujourd'hui à un tournant de sa vie : une victoire et c'est un pas de géant pour cette sélection séduisante, attachante et talentueuse ; une défaite et c'est le retour à l'ordinaire, la toute première fois de l'ère Galthié où la sélection fait du surplace. Et quoi ? Jusqu'ici, les Bleus ont relevé tous les défis qui s'étaient présentés à eux, nous faisant oublier avec brio les dix années de galère auxquelles nous avions, sans avoir fauté au préalable, tous été condamnés.
En 2020, il y eut une victoire contre la reine d'Angleterre, puis un succès au pays de Galles qui mit fin à une décennie de brimades à Cardiff, un triomphe à Dublin quelques temps plus tard et même, dans les circonstances épouvantables que l'on sait, un test remporté dans le grand Sud, au cours d'une tournée d'été où les finalistes du Top 14 n'avaient même pas été conviés. Ces derniers mois, la bande à Galthié nous a rendu la vie plus douce et les week-ends de Tournoi moins frustrants. Est-elle décidée, à présent, à faire de nous des gens résolument heureux ?
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