Le plaisir retrouvé

Par Rugbyrama
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Audacieux, libérés et même déchaînés, les Toulonnais ont enfin affiché un visage séduisant et conquérant face à Mont-de-Marsan. Vainqueur avec le bonus offensif, le RCT sort de la zone rouge. Le chemin vers le maintien est encore long, mais il s'est passé

On a souvent reproché cette saison aux Toulonnais d'être une équipe désincarnée, sans âme. A juste titre. Vendredi, on a découvert une formation transfigurée, pleine de vie et d'envie. Ils avaient décidé, quoi qu'il arrive, que leur salut passerait par l'ambition, non pas la restriction. Leur jeu a tué l'enjeu, pourtant colossal, de ce match capital dans l'optique du maintien. Plus encore que la victoire, évidemment salutaire, c'est cet état d'esprit, cette passion et ce plaisir retrouvés qui ont fait de ce match une date charnière dans la saison varoise. Mayol, si souvent frustré ces derniers mois, plus encore par le comportement de ses idoles que par leur manque de résultats, a vibré de plaisir.

Capitaine exemplaire et joueur de classe mondiale, Joe Van Niekerk savoure cette libération collective. "Je suis vraiment très fier de l'équipe, confie le Springbok. On avait beaucoup de pression, les nerfs à vif avant ce match que l'on savait très important. Les gars ont mis beaucoup de passion et d'envie." Deux vertus indispensables en rugby, peut-être plus encore à Toulon qu'ailleurs. Le RCT a eu le mérite de ne jamais se départir de ses intentions, même quand le score ne lui était pas favorable, soit pendant pratiquement les deux tiers de la rencontre. "Nous avions décidé de jouer au large, parce que nous pensions que notre salut passait par là, explique Aubin Hueber. Le résultat nous a donné raison, mais en première période, nous avons commis trop de fautes."

"De la cohésion et du collectif"

Disons que Toulon, vendredi, a eu les défauts de ses qualités. Mais quand ces dernières s'expriment aussi fortement, cela finit par passer. Le talent, les Toulonnais en ont toujours eu. Mais leurs individualités, faute d'un collectif cohérent, n'avaient encore jamais pu s'exprimer pleinement. Ce fut le cas face à Mont-de-Marsan, précisément parce que l'entité collective ne s'est jamais désunie. "Il y a eu de la cohésion et du collectif, et des joueurs qui s'expriment à 100% comme Sonny Bill Williams, Ai'i et Van Niekerk", souligne Hueber. Le cas de Williams est saisissant. Si on a vu le vrai RCT, c'est peut-être parce qu'on a vu le vrai SBW. Auteur d'un match exceptionnel, il a dynamité la défense montoise.

A l'évidence, ce Toulon-là, avec la vitesse de ses trois-quarts et une mêlée en nets progrès, a largement sa place en Top 14. Il a même un rôle à y jouer. Mais le plus dur sera de trouver de la constance dans la performance. "Vu le programme qui nous attend, si on fait une première mi-temps comme ce soir contre les gros clubs, ce sera dur", prévient Aubin Hueber. Le calendrier varois ne s'apparente effectivement pas à une sinécure, avec deux déplacements à venir à Paris et Bourgoin. C'est dire si le RCT est loin d'être sorti d'affaire.

En attendant, il vient de prendre cinq points en un match pour la première fois de la saison et a quitté la zone rouge. Cela suffit pour le moment à son bonheur. Pour avoir besoin de confirmer, il fallait déjà s'affirmer. C'est fait, et avec la manière. Les effets d'annonce du début de semaine (arrivée de Philippe Saint-André la saison prochaine, retour de Tana Umaga sur les terrains) ont peut-être provoqué l'électrochoc attendu, même si le manager néo-zélandais n'a finalement pas pu être aligné vendredi. "Tout cela a peut-être joué, effectivement, tout comme notre mise au vert. Tout cela a contribué à resserrer le groupe", estime Hueber. Et si une équipe était née?

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