Pierre : "Pau peut redevenir une place forte du championnat"

Julien, dans quelle mesure votre maintien vous permet d’aborder cette saison avec davantage de sérénité ?

Julien PIERRE : Ça fait quelques années que je joue et je sais trop bien que le Top 14 est une machine infernale qui ne pardonne pas le moindre excès de confiance. C’est dur, tous les week-end. Qui aurait pu dire que le Stade français terminerait 12e ? C’est très compliqué de se projeter. On ne va annoncer aucun objectif mais si on peut grappiller une ou deux places, on le fera.

Dans quel secteur de jeu devez-vous franchir un palier ?

J.P : La saison dernière, il nous a manqué de la densité physique devant. Face aux grosses équipes, on se retrouvait assez vite submergés et c’est très difficile de relever la tête. Le deuxième point concerne la discipline et notre naïveté par moment. Par rapport au Pro D2, le groupe a été surpris. En Top 14, tu perds un ballon, tu prends un essai. Il faudra vraiment bosser là-dessus.

Parlez nous un peu de Carl Hayman et de ses premiers pas comme entraîneur des avants…

J.P : C’est un super mec qui connaît les exigences du rugby moderne et les difficultés pour un joueur de rester au top niveau. Il a cette philosophie néo-zélandaise que j’ai connue à Clermont avec Vern (Cotter, ndlr) qui laisse l’initiative aux joueurs. Si on sent sur le terrain qu’il vaut mieux aller en touche que de tenter une pénalité, ils sont à notre écoute. On construit la stratégie ensemble. Très vite, Carl va énormément apporter techniquement et humainement.

Quand tu vois un mec comme Conrad Smith qui a 94 sélections avec les All Blacks et qui reste une demi-heure tout seul après chaque entraînement pour faire des passes...

La saison passée, on a beaucoup parlé de l’importance de Colin Slade et de Conrad Smith. En interne, quelle a été leur influence ?

J.P : Leur présence seule suffit à fédérer le groupe, à le faire avancer, à le motiver. Leur aura nous a vraiment fait du bien dans les moments où on avait besoin de sérénité. Quand tu vois un mec comme Conrad Smith qui a 94 sélections avec les All Blacks et qui reste une demi-heure tout seul après chaque entraînement pour faire des passes, tu te dis : Moi aussi, je vais rester avec lui. Cette exemplarité là, ce professionnalisme a eu un effet boule de neige sur tout l’effectif. Ça donne envie à tous les joueurs de progresser et d’en faire plus.

Qu’est-ce qui est le plus bluffant avec ces joueurs de classe mondiale ?

J.P : Ce sont des mecs extraordinaires qui ont une facilité d’intégration déconcertante. La saison dernière, j’étais assis dans les vestiaires. Conrad était là depuis seulement quinze jours mais il donnait l’impression d’être parmi nous depuis toujours. Tout lui semblait facile. Il aurait pu arriver en se mettant en avant mais c’est tout le contraire. Ces joueurs savent rester naturel et te mettre en confiance.

Votre effectif a été sérieusement renforcé (*). On sent que Pau peut faire un coup cette saison…

J.P : Ça a bien recruté (sourire) ! Il y a un beau projet. C’est ce qui m’a déjà plu la saison dernière. Tout ce qu’on m’a annoncé est en train de se mettre en place. On sent qu’il y a un gros projet de structurer le club. Pau, qui était un grand nom du rugby, peut redevenir une place forte du championnat.

(*) Hamadache (Pilier, Albi), Metz (Deuxième ligne, Oyonnax), Tutaia (Deuxième ligne, Mont-de-Marsan), Mowen (Troisième ligne, Montpellier), Diarra (Troisième ligne, Castres), Gunther (Troisième ligne, Oyonnax), Armitage (Troisième ligne, Toulon), Tomas (Demi de mêlée, Paris), Taylor (Ouvreur, Toulon), Pesenti (Troisième ligne, Montpellier), Dupichot (Ailier, Racing 92).