Piqueronies : "J’ai la sensation, voire la conviction que ce travail paiera sur la durée"

  • Top 14 - Sébastien Piqueronies (Pau) (crédit photo : Section paloise)
    Top 14 - Sébastien Piqueronies (Pau) (crédit photo : Section paloise)
Publié le Mis à jour
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TOP 14 - Arrivé à la tête du projet sportif palois au mois de mai, Sébastien Piqueronies a réussi sa première mission : celle de sauver le club. Désormais, il œuvre au quotidien pour le stabiliser et le faire grandir. Pour nous, il revient sur les premiers mois vécus dans le Béarn, évoque le début de la saison de la Section, nous parle de son adaptation et se projette sur le déplacement à Brive.

Sébastien, la Section paloise a glané un bonus défensif pour son premier match et a remporté le second. Êtes-vous satisfait de ce début de saison ?

La satisfaction, c’est d’avoir engrangé des points à chacune de nos sorties et d’être le symbole d’une équipe qui veut prendre des points. Après, on sait très bien que les points ne sont que la conséquence de ce qu’on produit comme jeu et de notre état d’esprit. Aujourd’hui, si j’ai deux fils conducteurs, ce sont l’état d’esprit du groupe et le jeu qu’il produit.

Et donc, comment les jugez-vous ces deux fils conducteurs ?

Pour moi, l’état d’esprit est vraiment en train de se construire et de se consolider. Je me garderai bien de porter un jugement ou une évaluation figée au bout de deux journées, c’est bien trop tôt. On verra comment on peut évaluer et qualifier notre état d’esprit à la fin de ces dix matchs, où on va s’éprouver mentalement. En tout cas, ce qu’il y a de sûr, c’est que l’état d’esprit avance. Je sens de la cohésion, des garçons porteurs d’un projet, des garçons qui ont envie de réussir quelque chose ensemble. Ils ont envie de travailler beaucoup et dur. Ce sont donc des signaux positifs.

La Section est habituée des débuts canons, avant de se retrouver dans le dur par la suite. Avez-vous mis l’accent sur le fait que ce n’est pas parce que vous avez fait deux matchs intéressants, que la suite va bien se passer ?

Oui, bien sûr. Il y a eu deux matchs très positifs dans l’état d’esprit ou l’envie de ne rien lâcher. Après, sur notre production et notre maîtrise rugbystique, il y avait un match totalement inachevé, à Castres, avec énormément de fautes et très peu de ballons à utiliser. L’autre, face à Lyon, a été beaucoup plus maîtrisé sur la gestion de nos émotions et de notre discipline. Mais il a été relativement pauvre sur nos constructions et nos lancements. J’ai l'humilité de savoir que notre jeu est encore en phase de construction et qu'il a cruellement besoin d’évoluer.

La Section avait du mal, l’an passé, à domicile. On suppose que c’était donc primordial pour vous de bien démarrer devant votre public samedi dernier...

C’était surtout une nécessité d’être en phase avec notre public. Aujourd’hui, nous avons le privilège d’avoir un stade magnifique, un public qui nous soutient dans un terroir de rugby, après les difficiles mois de Covid. L'obsession, pour nous, c’est de rendre les gens heureux et de, modestement, être à la hauteur de ceux qui viennent nous supporter.

Vous avez plutôt bien défendu sur ces deux premiers matchs. Vous n’avez encaissé qu’un total de 33 points. On suppose que la défense sera un des secteurs sur lesquels vous allez vouloir appuyer ?

Oui, exactement. Bien défendre, c’est faire preuve d’un état d’esprit irréprochable et être très organisé dans la constance, la difficulté et sous la pression. Nous avons énormément travaillé, tout l’été, pour essayer d’être organisés sous forte pression. On sait qu’il nous reste encore beaucoup de travail et on veut continuer à faire vivre cet état d’esprit qui alimente notre organisation défensive. Maintenant, là aussi, on sait que l’on est en phase de développement et de construction et on espère continuer de progresser sur ce secteur-là.

Vous êtes arrivé aux commandes de cette équipe en fin de saison dernière et vous avez réussi votre première mission, celle de maintenir le club. Quel bilan tirez-vous de vos premiers mois à la tête de la Section ?

J’ai l’impression d’être dans un environnement et un club qui a mis les bouchées doubles. La totalité des personnes sont durablement et fortement investies. Je sens beaucoup de gens, autour de moi, qui travaillent très fort. La direction a un projet et un cap très clairs. J’ai l’impression, depuis ces quelques mois, d’avoir quotidiennement été dans un environnement de lourd et fort travail. J’ai l’impression d’être dans un navire qui a un cap et sur lequel un équipage rame fortement. Mais avec l’humilité qui est la nôtre, on sent qu’il reste encore beaucoup de travail.

Cet été, avez-vous senti au sein du groupe la peur de revivre une saison de galère et ce souvenir a-t-il servi à préparer ce début de championnat ?

Bien sûr que le groupe de joueurs restants a été marqué mentalement par ces événements et ces deux saisons-là. Il n’a plus envie de revivre ces émotions. Il le témoigne par son engagement dans le travail et dans la détermination. J’ai perçu un groupe qui a voulu, de suite, faire preuve de résilience, mais j’ai surtout perçu un groupe qui a très bien accueilli le tiers de nouveaux joueurs. L’amalgame entre les garçons qui veulent être rudes et les nouveaux, pleins de fraîcheur et qui pétillent, caractérise le début de notre état d’esprit.

Nous n’en sommes qu’à deux journées, mais diriez-vous que la Section est repartie sur de bonnes bases ?

Je me porterai bien de faire quelconque jugement ou comparaison avec avant. Ce n’est ni mon rôle, ni la temporalité, étant donné que je ne suis là que depuis quatre mois. La seule chose dont je suis certain, c’est d’appartenir à un environnement qui a un cap. Une ligne de conduite a été fixée et elle a engagé les fondations, les travaux, l’architecture. J’ai vraiment l’impression que l’ensemble des forces du club travaille énormément dans la même direction. J’ai la sensation, voire la conviction, que ce travail paiera sur la durée. Maintenant, nous sommes dans la phase de l’énergie et du travail. Il faut avoir la modestie d’assumer que rien ne se construit en un jour. Tout est une œuvre à la fois de cohérence, de confiance et de lourd travail.

Vous l’avez dit, vous n’êtes là que depuis quatre mois. Comment vous êtes-vous adapté au quotidien d’un manager de Top 14 ?

Je m’y suis finalement très vite immergé, de par la rapidité de la temporalité. J’ai eu février, mars et avril pour m’y préparer un petit peu. Le fait d’être lancé dans le grand bain le 1er mai a été un apprentissage accéléré. Je pense que ça a été un luxe, en termes de connaissance de l'environnement sous pression et d’expérience accélérée pour mieux gérer l’intersaison, de vivre les six semaines de fin de Top 14. Ce que j’apprends, quotidiennement, c’est de travailler avec un staff élargi. Pour l’instant, c’est une pleine réalisation que de sentir autour de moi des gens compétents, investis et nombreux pour mener une œuvre collective. Il y a une obsession quotidienne de vouloir maintenir tout le monde dans le même cap. Pour l’instant, je constate que j’ai plutôt le privilège d’avoir des garçons, dans mon staff, très éveillés, investis, et à la hauteur de l’état d’esprit des joueurs. Ils sont humbles et ambitieux.

Est-ce plus compliqué de gérer quarante joueurs adultes que trente jeunes en sélection ?

En sélection, j’ai eu le privilège de gérer des garçons de très haut niveau. Pour la majorité, ils sont maintenant avec le XV de France. Ils voulaient devenir grands, ils étaient déjà au contact des équipes professionnelles. L’âge n’est qu’un numéro. Dans l’état d’esprit de compétiteur, de gagneur, de détermination et de volonté de vraiment se construire, je n’y vois pas trop de différence. Par moments, j’ai l’impression de retrouver la même fraîcheur, la même exigence. C’est donc assez similaire.

Revenons à l’actualité béarnaise. Avez-vous peur que le groupe soit perturbé par l’annonce du départ d’Antoine Hastoy ?

Non, je ne pense pas. La déclaration d’Antoine et la mienne ne méritent pas plus de commentaires. Elles sont suffisamment claires et je pense que les huit semaines de préparation, que l’on vient de passer ensemble, ont mis chacun de nous sur les rails.

Pour finir, ce déplacement à Brive, ce week-end, s’apparente à un réel test de caractère quand on connaît les ingrédients nécessaires pour faire un résultat en Corrèze…

Évidemment. C’est un environnement rude pour éprouver notre rudesse. Ce sera un point d’évaluation pour nous. On sait très bien que cette équipe va être très difficile à manœuvrer. Ça fait deux ou trois ans qu’elle progresse continuellement. On va affronter un roc, quelque chose de solide et organisé. C’est une machine qui a ses convictions, ses certitudes et son environnement qu’elle maîtrise. C’est donc un vrai moment d'évaluation de notre rudesse.

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