Abonnés

Tout un pays les regarde

  • Outre des audiences télévisuelles aux chiffres hallucinants, les Brave Blossoms sont poussés par tout un peuple. Photo Icon Sport
    Outre des audiences télévisuelles aux chiffres hallucinants, les Brave Blossoms sont poussés par tout un peuple. Photo Icon Sport Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
Partager :

En neuf participations, les Brave Blossoms n’avaient jamais réussi à se qualifier pour un quart de finale de Coupe du monde. Ils l’ont fait et sont même sortis premiers de poule. Une réussite qui a levé un engouement incroyable autour du rugby dans l’empire du Soleil-levant.

Il n’y a pas si longtemps, le Japon était une nation quelconque sur l’échiquier du rugby mondial. Une équipe mineure, qui affrontait péniblement des adversaires tout aussi mineurs. En 2011, elle arrachait des matchs nuls contre le Canada. En 1995, elle se faisait humilier par les Blacks (145-17), pour ce qui reste à ce jour la plus large victoire néo-zélandaise en Coupe du monde et la plus grande humiliation du rugby nippon. Aujourd’hui, en s’offrant le droit de disputer un quart de finale mondial et de s’inviter dans le top 8 planétaire, les Brave Blossoms ont lavé cet affront. En partie, du moins. Car les Asiatiques veulent leur revanche contre les Blacks. C’est ce que nous expliquait Hiroyuki, un ancien flanker de 48 ans, rencontré au hasard après l’exploit de Japon - Irlande : "Éviter les Blacks en quarts ? Mais pourquoi ? En 1995, ils nous ont collé 145 points. Ce fut un grand déshonneur. Nous avons déjà affronté l’Afrique du Sud en 2015. Maintenant, je veux les voir affronter les Blacks. Le temps est venu de montrer qu’ils ont progressé. Une demi-finale ? Je m’en moque. Mais je veux voir si cette équipe a grandi." Le capitaine Michael Leitch affirmait même, cette semaine, que sa marge de progression était encore "effrayante". C’est vrai. Les Japonais n’ont même pas de vrai championnat professionnel puisque la Top League est une compétition d’entreprises. Mais le rugby nippon peut avoir le sourire : car jamais, au grand jamais, le rugby n’a été aussi populaire au pays. Mais pourquoi, au juste ?

Les records d’audience tombent

Notre expérience sur le terrain et nos multiples rencontres n’ont fait que confirmer cette tendance : les bars, les stades et les fan zones fourmillent de Japonais qui découvrent le jeu. Les nombreux magasins de merchandising de World Rugby ne désemplissent pas. Voilà belles lurette que la boutique de la Coupe du monde, située en plein cœur de Tokyo, est en rupture de stock sur le maillot des Brave Blossoms. Parce que les Nippons s’identifient à cette équipe. Dans les conversations, ils citent souvent les demi de mêlée Tanaka et Nagare (1,66 m chacun), dont le courage et la ténacité sont inversement proportionnels à la taille. Ils s’identifient aussi aux nombreux joueurs de souche, qui sont les cadres, comme le talonneur Horie, le pilier Inagaki, le numéro 8 Himeno, l’ouvreur Tamura, le centre Nakamura, l’ailier Fukuoka ou l’arrière Yamanaka. Ils s’identifient aussi aux "étrangers" qui sont parfaitement bien intégrés. Ils parlent tous ou presque couramment la langue. Isileli Nakajima, pilier d’origine tonguienne, parle mieux le japonais que l’anglais. On dit du Néo-zélandais Luke Thompson, 38 ans et quatrième Mondial au compteur, qu’il est "devenu un mec d’Osaka" après treize ans de vie là-bas, rapport au fait que ses habitants sont connus pour leur exubérance et leur sens de l’humour. Et que dire de Michael Leitch, Kotaro Matsushima ou Timothy Lafaele, joueurs qui ont été façonnés par le rugby local ?

Vous comprenez maintenant pour l’engouement prend une telle dimension. Et pourquoi les audiences explosent de semaine en semaine. Comme l’on pouvait s’y attendre, le savoureux Japon -Ecosse a battu le record d’audience que le match face aux Samoa, une semaine avant, avait établi à 46,1 % de parts de marché, avec un pic enregistré à 53,7 % dans la région de Tokyo. Idem en audience moyenne tout au long de la rencontre, qui est passé de 32,8 % à 39,2 %. Une nette augmentation qui signifie que les Japonais sont de plus en plus nombreux à regarder les matchs dans leur intégralité. Les Brave Blossoms ont ainsi détrôné la superstar du tennis, Naomi Osaka, troisième mondiale. Le record de 770 000 personnes présentes dans les fan zones lors du Mondial 2015 a également été battu. Et tout cela alors que l’on ne se trouve même pas sur une terre de rugby. Pire, que celle-ci se situe aux antipodes de son berceau, l’Europe, et à au moins une dizaine d’heures d’avion des nations majeures de l’hémisphère Sud. Alors on vous laisse imaginer à quel point le pays s’embrasera si, d’aventure, les Brave Blossoms reproduisent leur exploit de Brighton en 2015, quand ils terrassèrent les Springboks de Jean De Villiers, que nous avons interviewé par ailleurs (lire page suivante)…

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?