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Pienaar : « Plus fort qu’en 1995 »

Par Anthony Tallieu
  • Francois Pienaar the 1995 world world cup winning captain during the Chester Williams Memorial Service at University of the Western Cape, Cape Town on 11 September 2019BackpagePix 

Photo by Icon Sport - Francois PIENAAR - Chester WILLIAMS - University of the Western Cape - Johannesburg (Afrique du Sud) Francois Pienaar the 1995 world world cup winning captain during the Chester Williams Memorial Service at University of the Western Cape, Cape Town on 11 September 2019BackpagePix 

Photo by Icon Sport - Francois PIENAAR - Chester WILLIAMS - University of the Western Cape - Johannesburg (Afrique du Sud)
    Francois Pienaar the 1995 world world cup winning captain during the Chester Williams Memorial Service at University of the Western Cape, Cape Town on 11 September 2019BackpagePix Photo by Icon Sport - Francois PIENAAR - Chester WILLIAMS - University of the Western Cape - Johannesburg (Afrique du Sud) PA Images / Icon Sport - PA Images / Icon Sport
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Capitaine des Springboks champions du monde en 1995, François Pienaar l’assure : ce qu’ont fait les coéquipiers de Siya Kolisi marquera l’histoire de leur pays.

Qu’avez-vous pensé de cette Coupe du monde japonaise ?

Le Japon a changé le visage de cette Coupe du monde. Quand l’équipe hôte performe, tout s’emballe dans le pays. Et c’est ce qui s’est passé. Pour le match face à l’Écosse et le suivant, en quart de finale, ils étaient 60 millions de Japonais devant leur écran. Je ne sais pas si on réalise bien l’ampleur de ce chiffre, qui traduit l’engouement dont les Japonais se sont saisis. Certains d’entre eux, peut-être un grand nombre, regardaient du rugby pour la première fois. On ne trouvait plus un seul maillot des Brave Blossoms à vendre, dans tout le Japon. C’est à ces moments précis que le sport et le rugby sont beaux. Quand il se joue, à travers eux, l’histoire d’un pays, d’une nation. Ce fut le cas du Japon, ce fut aussi le cas de l’Afrique du Sud. Il y avait une histoire de sport, mais surtout l’espoir d’une nation à travers ces équipes. C’est pour cela qu’il y a deux gagnants dans cette Coupe du monde. Et ce sont deux merveilleux vainqueurs.

Le titre de l’Afrique du Sud, votre pays, semble effectivement dépasser largement les frontières du sport…

Parce que le sport est beau quand il véhicule des histoires. Celle de Siya Kolisi est grande. Bien sûr, il est le premier capitaine noir de l’Afrique du Sud et il soulève le trophée de champion du monde. Mais imaginez un peu ce qu’il vient de vivre : son père a pris l’avion pour la première fois de sa vie, pour venir le voir. Pour cette finale, le président était là, comme Mandela à notre époque. C’est notre histoire, celle de notre pays qui s’écrit à travers le rugby.

À l’échelle de votre pays, ce titre est-il comparable au vôtre, celui de 1995 ?

Non, il est supérieur. Je dis ça en mesurant tout ce que j’ai vécu, en 1995 avec Nelson Mandela. Mais il faut accepter la passation. Ce week-end, Kolisi portait mon numéro. Il portait celui qu’arborait aussi Nelson Mandela, en 1995. Mais ce que viennent de faire ces mecs est immense. C’est plus grand que 1995 parce que l’adhésion du peuple est immense. Ce n’était pas vrai à notre époque.

Pourquoi ?

Regardez cette équipe, regardez son capitaine. Cette mixité a amené de plus en plus de Sud-Africains à supporter notre équipe. Samedi matin, chaque Sud-Africain s’est réveillé avec un maillot des Springboks. Y compris la population noire. Ils se sont levés, ont réveillé leurs enfants et ont tous enfilé leur maillot. C’est nouveau pour nous. Ce n’était pas vrai en 1995, ni en 2007. Bien sûr, notre titre mondial avait unifié la population, un temps. Mais ce que nous vivons ces derniers jours est encore plus fort. Une grande partie des mérites en revient à Rassie Erasmus.

Seulement ?

Non, pas seulement mais ce qu’il a fait est grand. Il a imposé un capitaine noir et l’a maintenu. Ce n’est pas rien et Siya (Kolisi, N.D.L.R.) le lui a rendu. Il a été un combattant fantastique. Erasmus a transformé cette équipe sur le terrain, mais aussi aux yeux des gens. Grâce à lui, ce sont tous les Sud-Africains, les 58 millions de personnes qui peuplent notre pays qui soutenaient les Springboks. De toutes races, ils portaient le maillot vert et or. Cela n’aurait jamais pu arriver en mon temps.

Ce titre peut-il avoir un réel impact sur la société sud-africaine ?

Vous devez comprendre que la société sud-africaine est en sale état. Nous accusons de graves problèmes de gouvernance et notre pays doit se reconstruire. Pour y parvenir, il faudra une population unie. C’est en ce sens que le rugby peut être un exemple positif pour notre pays. Pour devenir champions du monde, nous avons eu besoin de joueurs de toutes les races. Nous avons aussi eu besoin de grands et de petits, de gros et de rapides. La belle histoire, elle est là. C’est toute cette diversité qui nous a faits champions du monde. C’est ainsi que l’on gagne, quand tout le monde bosse et avance dans la même direction. Ce message, s’il se diffuse dans notre société, nous aidera demain à nous reconstruire. Et pas que pour nous. Regardez les Anglais : en plein Brexit, ils apprendront peut-être qu’ils ne sont jamais aussi forts que lorsqu’ils sont entourés des Écossais, Gallois et Irlandais sous le maillot des Lions. Cette union fait aussi leur force, plutôt que leur isolement. Vous voyez, le sport est plein de morale et de politique. (il sourit)

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