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  • Le groupe France à l'entraînement, à Nice.
    Le groupe France à l'entraînement, à Nice. Midi Olympique - Patrick Derewiany
Publié le Mis à jour
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"Retrouver un pack qui fait peur." C’est par ces mots que le nouveau sélectionneur Fabien Galthié a annoncé quel serait son premier chantier à la tête du XV de France. Mais ce cinq de devant recomposé saura-t-il se hisser à la hauteur des espérances dès dimanche, face à une Angleterre bien décidée à laver l’affront subien finale de la Coupe du monde contre l’Afrique du Sud ? Ce sera tout l’enjeu d’une rencontre susceptible d’enfin réconcilier le XV de France avec son public et le lancer sur la voie de la rédemption. Ou pas…

C’est une rengaine qui colle à l’équipe de France comme une plaie depuis quelques années. À savoir que la conquête des Bleus, socle historique du rugby hexagonal et de ses derniers succès sur la scène internationale (on veut parler bien sûr du grand chelem 2010 et de l’accession à la finale de la Coupe du monde 2011), ne faisait plus peur à personne… Nul besoin d’un gros effort de mémoire pour s’en convaincre, à la lumière de ces six essais concédés sur ballons portés pendant le Mondial, ou cette mêlée fermée placée sur le reculoir par l’Argentine ou les Tonga jusqu’au coup de grâce infligé par le pays de Galles, comme un crachat en pleine figure de l’identité française. Deux mêlées perdues qui ont longtemps hanté les nuits de ceux qui les ont vécues, à commencer par l’expérimenté pilier Jefferson Poirot.

"Au-delà de cette mêlée qui nous coûte l’essai de Moriarty, je regrette encore davantage celle qui déclenche ce scénario catastrophe se situait de l’autre côté du terrain, rappelait le Bordelais. À cinq mètres de l’en-but gallois, on se retrouve à 7 contre 8 à cinq mètres et on décide d’effectuer une double flexion, sans mettre de numéro 8 pour canaliser le ballon. On ne le contrôle pas, on le perd en route et derrière tout s’enchaîne… Aujourd’hui encore, je ne m’explique pas pourquoi nous avons fait ça. J’espère au moins qu’on en retiendra les leçons pour les quatre ans à venir. "

Un axe droit à reconstruire

Ces leçons ? Elles tiennent en premier lieu des méthodes de travail, où le XV de France s’est promis de changer son fusil d’épaule. Symboliquement ou pas, William Servat a ainsi pris l’initiative de changer la mousse du joug des Bleus, tout en convainquant ses ouailles de changer leur approche de l’épreuve de force collective.

"Au Japon, on n’a pas travaillé assez collectivement, on était trop désunis, abondait Poirot. On ne poussait pas dans le même axe, il n’y avait pas de bonnes liaisons… C’était difficile de pouvoir s’en sortir en étant aussi mauvais collectivement. Là, avec William Servat, on est dans l’hyper détail. On travaille sur des choses infimes qui, au final, doivent faire beaucoup de différences. "

Sauf que les Bleus partent encore une fois de très loin, avec un axe droit à totalement reconstruire après les non-sélections de Slimani, Vahaamahina et Lauret, tandis que ces derniers ont enregistré lundi le forfait de Camille Chat, plus que pressenti pour succéder à Guilhem Guirado. De quoi "s’obliger" à rajeunir plus encore le paquet d’avants avec les intégrations des inexpérimentés Marchand, Haouas ou Bamba aux côtés de Willemse ou Cros, qui font presque figure d’ancêtres du haut de leurs 27 et 25 ans, pour seulement 7 sélections cumulées…

L’avertissement d’Eddie Jones

Un manque de vécu préjudiciable pour affronter l’Angleterre ? En vieux briscard, le sélectionneur Eddie Jones en a évidemment proféré le sinistre augure…

"Les jeunes joueurs français n’ont jamais été confrontés à l’intensité et la violence physique avec laquelle nous allons jouer dimanche. Sur le terrain, il y aura forcément des moments où ils vont se regarder en se demandant qui doit décider et ils n’auront pas les joueurs expérimentés vers qui se tourner. Notre intention sera de les pousser dans ce genre de situations pour leur rendre la vie dure. "

Une petite phrase qui a fait sourire William Servat, rétorquant que "comme on n’a pas leur expérience, on compensera par l’humilité ". En se disant, pourquoi pas, que son expérience n’a pas évité à la vieille garde des Bleus de prendre 44 points lors de leur dernière visite à Twickenham. Et que les "petits Bleus" ne pourront décemment pas faire pire, convaincus que leur inexpérience et leur manque de vécu commun des Tricolores présentera au moins un atout : celui de priver les Anglais d’une base de données pour préparer cette rencontre à la vidéo, alors que les Bleus pourront compter sur le travail de fourmi réalisé par leurs analystes vidéo, depuis la Coupe du monde et au-delà.

Le défi de l’intensité

Le genre de luxe dont ne bénéficiera pas l’Angleterre, bien consciente qu’avec ses nouveaux entraîneurs des avants, les Bleus auront modifié tous leurs repères, des liaisons en mêlée aux annonces en touche.

"Ils auront très peu d’infos sur nous, c’est sûr, mais ils auront d’autres atouts et notamment une ossature des Saracens qui se connaît par cœur, entre George, Kruis et Itoje, craignait de son côté Karim Ghezal. À nous de nous adapter à cet adversaire en fonction de ses qualités mais aussi des nôtres." Afin d’assurer ses munitions et de contrer autant que possible des Anglais qui, comme à leur habitude, chercheront à imposer du rythme pour retrancher les Bleus dans leurs zones de fatigue, susceptibles de dérégler leur conquête. "Sauf que l’objectif du stage de Nice était justement de travailler dans ces zones de fatigue très élevées, avec des oppositions plus dures que les matchs en termes de déplacement des avants au milieu du terrain, coupait Ghezal. On a tout fait pour s’y préparer au mieux. "

Tout sauf un luxe face à des vice-champions du monde encore vexés de s’être faits secouer comme jamais par l’Afrique du Sud en finale, et voudront se passer les nerfs sur le pack de "Bleus-bites" de Fabien Galthié. Une raison supplémentaire pour les Tricolores de mettre le paquet d’entrée, alors que tout un peuple ressent de nouveau l’envie de vibrer derrière son équipe…

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