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Sus au roi maudit !

  • Photo: Richard Lane/Richard Lane Photography. Saracens v Racing 92. European Rugby Champions Cup. 19/01/2020. Racing's Virimi Vakatawa attacks.
Photo by Icon Sport - Virimi VAKATAWA - Allianz Park - Londres (Angleterre)
    Photo: Richard Lane/Richard Lane Photography. Saracens v Racing 92. European Rugby Champions Cup. 19/01/2020. Racing's Virimi Vakatawa attacks. Photo by Icon Sport - Virimi VAKATAWA - Allianz Park - Londres (Angleterre) Richard Lane / Icon Sport - Richard Lane / Icon Sport
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C’est face au Grand Satan du rugby européen que les Racingmen se présentent, samedi après-midi, en demi-finale de la coupe d’Europe. Question : ce match sonnera-t-il la fin de l’hégémonie des Sarries sur le rugby européen ?

Les Saracens viennent de jouer le match de leur vie à Dublin, harponnant par la même occasion le plus gros poisson de la compétition ; pour eux, le problème majeur reste à présent de ramener la prise au port, quand les autres prédateurs du tournoi tournent autour de la barque, bâfrant la dépouille de la bête irlandaise et rêvant, de concert, à ce que le chalutier de Mark McCall chavire enfin… En tout état de cause, les Sarries ont donc quitté l’Irlande un rien cassés par un match dingue quand le Racing, intouchable à Clermont, n’a laissé la moindre plume au Michelin, face à des Jaunards à propos desquels on se demande encore où a bien pu passer leur talent. Quoi d’autre ? Les tenants du titre se présentent à Nanterre sans Owen Farrell, le meilleur ouvreur du monde, dans un lieu où leur équipe certes remaniée avait pris trente points, la dernière fois qu’ils y avaient mis les pieds (novembre 2019, 30 à 10). "T’as un peu l’impression que les portes du ciel s’ouvrent et que le bon Dieu te tend les bras, glisse Éric Blanc, champion de France avec le Racing dans les années 90. Mais attention : dans son dos, Dieu le Père cache parfois une matraque."

De loin, on jurerait pourtant que les planètes sont enfin alignées pour la bande à Travers, si près du but en 2016, tout aussi proche deux ans plus tard, plus prête que jamais cette année. Éric Blanc poursuit : "Le Racing ne fait plus de complexe face aux Saracens, qu’ils ont battus en poule l’an passé. Le collectif francilien n’a que très peu bougé à l’intersaison et chez lui, on constate aussi l’émergence d’une superbe première ligne, des jeunes mecs de banlieue (Hassane Kolingar, Georges-Henri Colombe…) qui marquent leurs adversaires au fer rouge." Blanc marque une pause, poursuit : "C’est plutôt une bonne nouvelle, parce que le droitier d’en-face (Vincent Koch), ce mec avec deux cendriers à la place des oreilles, fait en ce moment échapper tout le monde en mêlée. Ce type, il a l’âge de François 1er mais il garde une force de viking."

L’absence de Bernard Le Roux, seule ombre au tableau

La force de la mêlée anglaise, écrasante en Irlande, est une chose. Le reste ? Il ressemble à s’y méprendre à ce que l’on sait de cette équipe ayant à ce point joué avec les règles du salary cap qu’elle fut l’an passé bannie du championnat d’Angleterre : "Le week-end dernier, enchaîne Éric Blanc, je n’ai rien appris de nouveau sur les Sarries : ils traquent en meute, défendent très haut et ferment les extérieurs. Ce sont des squales, des prédateurs du sommet de la chaîne alimentaire : ils ne prennent aucun risque, occupent par le pied gauche de Wigglesworth et attendent la faute de l’adversaire." De leur côté ? Les Racingmen, comme programmés pour remporter cette compétition, ne savent pas à l’heure où nous imprimons ces lignes si Kurtley Beale -entendu jeudi par la commission d’appel de la FFR- sera oui ou non compétitif pour la demi-finale ; quant à Juan Imhoff, sorti groggy du dernier quart de finale, il sera bel et bien présent mais les Ciel et Blanc ont cette semaine du faire le deuil de Bernard Le Roux, victime d’une fracture du plancher orbitaire face aux Jaunards. "Malgré tout, poursuit Blanc, le Racing me semble supérieur à son adversaire, très en confiance ; le club a bien su gérer la transition générationnelle : Dimitri Szarzewski, Yannick Nyanga ou Chris Masoe ont tous accompagné l’éclosion des jeunes banlieusards dont on parlait. Au bout du bout, ça crée un effectif d’une richesse incroyable, où se pose par exemple la question de Teddy Baubigny, un international en puissance : sachant que le Racing en a pour dix ans avec Camille Chat, Teddy ne doit-il pas partir pour chercher fortune ailleurs ?"

Le roi est nu… ou presque

On ne sait si, samedi, toute la France du rugby poussera derrière le Racing 92. Ce dont on est certain, en revanche, c’est que la majorité du rugby européen souhaitera que le roi maudit, humilié par l’affaire du salary cap mais toujours champion en titre, rende enfin sa couronne. À ce sujet, le président Jacky Lorenzetti explique : "Les Saracens, il ne faudrait surtout pas les béatifier. Ils ont été punis parce qu’ils avaient fauté et l’ont d’ailleurs reconnu. Pendant cinq ans, des équipes avec des moteurs de 500 chevaux se sont battues contre un adversaire comptant 750 chevaux sous le capot. Dans cette histoire, ce sont les rivaux des Saracens qui sont à plaindre, ne nous y trompons pas." À l’été 2020, le roi maudit a perdu plusieurs soldats dans la bataille : George Kruis, Will Skelton, Alex Lozowski, Titi Lamositele et Liam Williams, tous titulaires lors de la finale européenne de mai 2019, ont quitté la banlieue londonienne ; d’autres joueurs, moins chers et moins cotés, ont débarqué dans la campagne de Saint Albans. "Paradoxalement, conclut Lorenzetti, j’ai l’impression que les turpitudes que les Saracens ont traversées les ont resserrés. Sur le terrain, ils semblent vouloir prouver qu’ils sont autre chose que des tricheurs". Mais sont-ils encore des champions ? Le week-end dernier a prouvé que oui et, de toute évidence, le Racing s’est aujourd’hui juré de répondre au challenge qui leur fait face. Jeunes gens, sus au roi maudit !

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