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Michalak : « Cette équipe doit gagner des titres »

  • Fred Michalak of Monaco Sevens during the Rugby Championship match between Monaco Sevens and Agen Sevens of In Extenso Supersevens at Paris La Defense Arena on February 1, 2020 in Nanterre, France. (Photo by Sandra Ruhaut/Icon Sport) - Frederic MICHALAK - Paris La Defense Arena - Paris (France)
    Fred Michalak of Monaco Sevens during the Rugby Championship match between Monaco Sevens and Agen Sevens of In Extenso Supersevens at Paris La Defense Arena on February 1, 2020 in Nanterre, France. (Photo by Sandra Ruhaut/Icon Sport) - Frederic MICHALAK - Paris La Defense Arena - Paris (France) Icon Sport - Icon Sport
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Frédéric Michalak est actuellement en Australie où il est assistant coach de Trent Robinson, l'entraîneur des Sydney Roosters, une équipe pro de rugby à XIII. Il y apporte son savoir en matières de technique individuelle et de recherche de la performance et prépare déjà sa future reconversion. Il nous livre son regard sur le XV de France avant son entrée dans le Tournoi face à l'Italie samedi.

Fred, on vous avait laissé du côté de Lyon, il y a quelques mois, on vous retrouve en Australie auprès d’une équipe de NRL (Ligue professionnelle de rugby à XIII), les Roosters, qu’est-ce que vous faites là-bas ?

On est arrivé le 10 décembre, un peu avant les fêtes de fin d’année avec Cindy, ma femme et mes trois garçons Hugo, Jasen et Marlon pour rendre visite à la famille de mon épouse. On a d’abord observé la quarantaine de 14 jours dans un hôtel comme il est d’usage pour l’entrée des ressortissants étrangers sur le territoire australien et depuis on a rejoint les parents de ma femme.

Vous envisagez de rester longtemps en Australie ?

Ma famille restera ici quelques mois. Je dois pour, ma part, effectuer des allers-retours entre la France et l’Australie mais vu le contexte sanitaire très compliqué dans le monde, il est difficile pour moi de sortir du pays sans prendre le risque de ne pas pouvoir revenir. Les garçons sont d’ailleurs désormais scolarisés pour sept mois. Nous prenons ça avec philosophie et comme un nouveau challenge pour tout le monde y compris pour eux qui sont dans une école anglophone.

Racontez-nous comment et pourquoi on vous retrouve auprès des Sydney Roosters ?

Je me suis rapproché des Roosters parce que je connaissais déjà Trent Robinson, leur manager. Je suis venu lui rendre visite l’été dernier, je suis aussi passé par les Waratahs (franchise australienne de Super rugby), les Broncos de Brisbane, les Golden Coast Titans et les Sydney Roosters. J’avais ce rôle de consultant au Lou et c’est un peu dans mon ADN, ce besoin d’aller voir ailleurs ce qui se fait, comment les entraîneurs travaillent, comment les joueurs se comportent. J’aime aller à la rencontre de nouvelles approches, de nouvelles méthodes et puis, je me cherche aussi.

Michalak : « Cette équipe doit gagner des titres »
Michalak : « Cette équipe doit gagner des titres »

Vous vous cherchez ?

Disons que sur mes deux dernières années j'ai pris beaucoup de hauteur dans mon rôle au Lou Rugby, pour apprendre d'une manière plus large le fonctionnement d'un club, me nourrir de tout cela et gagner en expérience. J’ai été joueur et j’ai adoré ça, vraiment. J’ai connu des moments extraordinaires, j’ai vécu des aventures très enrichissantes mais maintenant j’ai encore besoin de ce lien avec le rugby.

Est-ce que l’on doit comprendre que vous voulez vous rapprocher du terrain, devenir entraîneur ?

En tout cas, naturellement, j’ai envie de dire, c’est vers là que je vais et ce vers quoi j’ai envie d’aller. Transmettre me passionne. J'aime intervenir sur les différents aspects du jeu et techniques individuelles, être au service de l'évolution des joueurs. Est-ce que c’est une suite logique de mon parcours ? Ma passion m'y pousse, le métier d'entraîneur doit passer par de l'apprentissage également, alors je profite de mon temps ici pour le construire avec Trent Robinson et les Roosters avant de, pourquoi pas, signer dans un club.

Envie d'un club en particulier ?

Je n'ai pas d'idées précises pour le moment... J'ai des contacts avec le Japon uniquement pour l'instant.

Du coup, venons-en à ce qui nous passionne à nouveau depuis quelques temps. Les Bleus entament le Tournoi en se rendant à Rome samedi prochain pour y rencontrer l’Italie en ouverture du Tournoi des 6 Nations. Que vous inspirent ces Bleus après leur campagne de l’automne dernier ?

Ça fait du bien de voir les Bleus comme cela. Je suis content de voir leurs performances, de sentir cette confiance retrouvée. Entre eux, sur le terrain, on sent que ces joueurs se connaissent bien et qu’ils ont du plaisir à évoluer ensemble et cela se voit sur les matchs. Ils évoluent, se bonifient, communiquent énormément, s’améliorent. On voit que le staff fait du bon boulot et cela crée une saine émulation dans ce groupe. Mais attention aux Italiens en début de Tournoi, ce n’est jamais un scénario ni un résultat écrit d’avance.

Maintenant il faut gagner des gros matchs et il faut battre des grosses équipes et surtout, il faut gagner des compétitions

Votre avis sur des joueurs qui occupent un poste que vous connaissez bien, celui d’ouvreur, comme Romain Ntamack, Matthieu Jalibert…

C’est une génération bourrée de talent et on sent une belle concurrence entre eux. Je veux dire qu’elle tire chacun d’eux vers le haut. Elle ne les inhibe pas. Après, ce serait leur faire injure que de dire qu’il y a aujourd’hui un numéro 1, 2 ou 3. Ils ont des profils et des qualités offensives différentes mais quand l’un ou l’autre sont sur le terrain, ça fonctionne avec tel demi de mêlée ou tel autre. Peut-être pourrait-on dire que s’il y avait un léger écart entre eux ce serait sur le plan défensif mais, après, ils apportent tellement de choix, de variété et d’options sur le plan offensif. C’est un vrai plus pour cette équipe de France. Les seuls qui doivent se faire des nœuds au cerveau ce sont les coachs, au moment de faire les compos.

Un mot sur les derniers blessés au premier rang desquels Baptiste Couilloud, que vous avez côtoyé à Lyon ?

Malheureusement, c’est le lot de tous les joueurs, je suis forcément triste pour Baptiste qui continue de progresser de sortie en sortie. Ceci dit, je ne sens pas, dans ce groupe, de baisse de performance significative quand cela arrive. C’est plutôt un bon signe sur la qualité de celui-ci.

Y a-t-il, à part sur ce poste d’ouvreur, d’autres joueurs ou secteurs qui vous ont impressionné ?

Je suis fan de notre cinq de devant et de la 3e ligne, vraiment. La mêlée fermée est conquérante, notre touche monte en puissance, j’ai aimé des jeunes comme Baptiste Pesenti ou Dylan Cretin. Un joueur comme Gregory Alldritt m’impressionne à la fois par sa puissance mais aussi sa mobilité et son activité sur le terrain. On possède de beaux joueurs de rugby avec des qualités techniques très intéressantes. On a aussi une belle animation offensive, la France se remet à marquer beaucoup d’essais, ça fait plaisir. Et je constate aussi que l’on a étoffé notre registre défensif ?

Justement, que pensez-vous de cette défense française, depuis l’arrivée de Shaun Edwards, un spécialiste du treize ?

La stratégie collective en défense, c’est une vraie amélioration chez les Bleus. Shaun Edwards fait partie de ces nombreux entraîneurs de la défense qui viennent du XIII et qui ont fait évoluer ce secteur. Nous avions, à notre époque, David Ellis et, aujourd’hui , de nombreuses sélections ont un spécialiste issu du XIII dans ce secteur. Alors, pourquoi sont-ils plus pointus ? Tout simplement parce qu’ils le travaillent, techniquement mais aussi stratégiquement. Parce qu’il ne suffit pas de dire « il faut défendre » pour bien défendre. Il faut bien sûr être très efficace sur le plaquage mais il faut savoir aussi user de ruse, de leurre, appâter l’attaquant, lui laisser croire que… puis l’isoler. L’apport des treizistes en ce sens est incontestablement bénéfique. Je vais vous raconter une anecdote. En discutant avec Trent Robinson, il me faisait la remarque sur le nombre croissant de rucks pendant un match de XV. Je lui disais qu’ effectivement cela représentait une part de plus en plus importante du temps de jeu (une étude publiée en décembre 2020 par World Rugby donnait une moyenne, sur le Tournoi des 6 Nations 2019, de 322 plaquages et 213 rucks par rencontre, N.D.L.R.). Il me demandait si l’on travaillait ces phases suffisamment, je lui ai répondu que l’on en faisait mais que l’on ne pouvait pas faire que cela au risque de dégoûter les joueurs. Il a paru étonné et il m’a montré à travers des skills, tout le travail qui pouvait être fait sur cette phase.

Michalak : « Cette équipe doit gagner des titres »
Michalak : « Cette équipe doit gagner des titres »

Que doit-on attendre du XV de France en termes de résultat dans ce Tournoi ?

Il faut désormais valider. Tout ce que la France a fait de bien pendant l’automne la fait avancer mais il ne suffit pas de bien se comporter contre telle ou telle équipe dans une Coupe d’Automne des Nations. Maintenant il faut gagner des gros matchs et il faut battre des grosses équipes et surtout, il faut gagner des compétitions. Cette équipe doit gagner des titres.

Que pensez-vous des louanges adressées par d’anciens entraîneurs internationaux sudistes tels Robbie Deans, Steve Hansen ou Michael Cheika dans ces colonnes, il y a quelques semaines ?

C’est très bien mais personne n’est dupe. Les joueurs en premier ne sont pas dupes de ce genre de déclarations. Ce qui est certain, c’est que la différence se fera face aux nations du Sud. C’est lorsque vous êtes confronté aux Sud-Africains, aux Argentins, aux Australiens ou aux Néo-Zélandais que vous savez. C’était vrai hier, c’est encore vrai aujourd’hui.

Et en croyez-vous le XV de France capable ?

Capable oui, il peut en être capable mais il faut reconnaître une évidence c’est que ce championnat ne prépare à ce très haut niveau de rencontre. C’est un championnat disputé certes, dur, mais avec une préparation très réduite, un calendrier toujours aussi démentiel et les problèmes des doublons… on est loin du niveau qu’exige un match international, qui plus est contre les nations du Sud. Mettre les chances de leurs côtés serait de trouver une parfaite harmonie entre clubs et fédération et adapter le calendrier du Top 14 pour gagner des semaines de préparations physiques, essentielles au sport de haut niveau.

Un dernier mot sur la Coupe du monde 2023 dont vous êtes un ambassadeur ?

L’organisation se met en place, nous recrutons les 2023 apprentis dans les métiers du sport. On espère que cette pandémie sera alors bien derrière nous et que ce sera la grande fête du rugby. On garde le cap.

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