Saga Brive : l'ambition des humbles

« Les gars ont la banane en arrivant mais ça ne parle pas beaucoup après. C’est bon signe. » Mardi 6 juin, lendemain de reprise au Stadium municipal de Brive. Jeremy Davidson apprécie, dans un sourire, l’investissement et l’attitude de ses troupes à l’heure de se lancer dans une intense préparation physique. « Ce lundi, c’était une journée spéciale. Une nouvelle histoire a commencé. On a donné aux gars les clés du camion et on leur a dit que ça débutait dès maintenant, pas dans deux mois quand le championnat arriverait. Ça doit venir d’eux. Les gens ont l’image d’une équipe fière, agressive, qui ne lâche jamais rien. À eux de jouer. On veut un groupe solidaire qui mouille le maillot.  »

Onzième du dernier Top 14 avec le joli total de 51 points pour un promu, Brive entend poursuivre sur sa lancée. « Le bilan de l’année passée est positif. L’équipe a su traverser cette saison difficile sans public et avec un Covid qui nous a beaucoup touchés en fin de saison. Monter de Pro D2 et rester en Top 14 ainsi, ce n’était pas donné à tout le monde. Surtout pour une équipe aussi jeune. » Le technicien et les dirigeants n’ont pas voulu changer une équipe qui gagne. Qui tourne bien et n’a pas encore donné le maximum de son potentiel : « Le meilleur des recrutements, c’est de garder les joueurs clés, ceux qui sont très forts. Il y a très peu de recrues mais l’important était de conserver nos cadres. Cette stabilité doit nous permettre de travailler sereinement. Hervé, Lee, Thomspon-Stringer, Lees, ce sont de très bons joueurs. Ça aurait été de grosses recrues s’ils avaient rejoint un autre club. On va profiter qu’ils aient pris de l’expérience. » Avec un an de plus dans les têtes, les Brivistes vont tenter d’élever encore le curseur de leur niveau de performance : « Le groupe va gagner en maturité et en confiance. C’est maintenant qu’il faut s’affirmer. Il y a eu des joueurs avec peu de temps de jeu qui sont partis, quelques jeunes qui vont nous rejoindre. »

Le changement, c’est sur le banc

Dans un Top 14 composé de dix grosses écuries, le CABCL connaît l’ampleur de la tâche. Mais il avance sans complexe et avec conviction : « Biarritz monte avec un gros budget pour recruter, Perpignan aussi, décrit le Nord-Irlandais. Malgré tout ça, nous sommes ambitieux. On veut continuer à améliorer notre place dans le championnat. L’ambition est de progresser chaque année. Dire que l’on va prendre des jeunes, c’est bien mais il faut être conscient que ça prend du temps. » La philosophie portée par le staff, aussi, en demande : « On veut mettre plus de volume depuis trois ans. On voit désormais les fruits de ce travail. Nous allons continuer avec cette approche. Le fait que pas mal de clubs aient fait évoluer leur terrain favorise la hausse du temps de jeu effectif. Il y a plusieurs domaines sur lesquels il faudra progresser, dans le même temps. La conquête, notamment, face à des équipes qui ont plus d’expérience et plus de gabarit. Dans la discipline, aussi, il faut être plus appliqué. Ça nous rendrait la tâche plus facile. »

L‘effectif a été renouvelé dans ses grandes lignes mais le banc a connu des changements. Ils se ressentent, d’ores et déjà : « On profite de l’arrivée de deux nouveaux préparateurs physiques. Dominique Schenk est le nouveau chef de ce secteur. Il amène un nouvel élan. » Dans l’encadrement, le sujet principal d’attention de cette intersaison se nomme Arnaud Mela : l’ancien deuxième ligne effectue son retour au Stadium en remplacement de Marc Dal Maso et formera un trio d’anciens aux côtés de Jean-Baptiste Péjoine et de Goderzi Shvelidze : « Ce qui est bien, c’est que tous les adjoints ont joué à Brive, ça conforte les valeurs et la vision du club. C’était un choix des dirigeants d’avoir du changement dans le staff. Arnaud était un capitaine emblématique, ça correspondait bien au profil. Goderzi avait fait du bon boulot et était très investi. Tous deux vont aussi s’occuper des espoirs. » À la croisée des chemins, entre les tenants du nouveau projet et les garants d’une autre époque, le CABCL ne manquera pas d’arguments. Il lui en faudra beaucoup pour se qualifier pour le prochain Top 14, comme il aime présenter son défi.