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6 Nations 2023 - Avant d'affronter l'Irlande, les Bleus doivent retrouver la clé du sol

Par Nicolas Zanardi (avec A.B.)
  • À Rome, les Bleus de Gaël Fickou ont commis onze fautes dans le jeu au sol. Un secteur sur lequel les Français doivent s’adapter avant d’aller à Dublin.
    À Rome, les Bleus de Gaël Fickou ont commis onze fautes dans le jeu au sol. Un secteur sur lequel les Français doivent s’adapter avant d’aller à Dublin. Midi Olympique - Patrick Derewiany
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Lourdement pénalisés en Italie dans le jeu au sol en raison de consignes arbitrales mal appliquées et d’un évident manque de lucidité dans le combat, les Bleus parviendront-ils à hausser leur niveau face aux maîtres du monde dans l’exercice ? Un succès à Dublin ne passera que par là...

Comment l’équipe qui a régné sur l’Europe dans le secteur du jeu au sol, la saison dernière, a-t-elle pu livrer une prestation aussi faible dans ce même secteur en Italie dimanche dernier ? C’est bien la question qui, depuis cinq jours, hante les nuits de Fabien Galthié et de son staff. Car si l’on peine encore à percevoir sur le terrain la nuance sémantique entre dépossession et repossession, on en dégage toutefois une certitude : sans une acuité supérieure dans les phases de rucks défensifs, la stratégie des Bleus se muera en échec face à la troupe d’Andy Farrell. "Les Irlandais sont capables d’enchaîner les temps de jeu et les rucks très rapides parce qu’ils gagnent pratiquement tous leurs duels, mais aussi parce qu’ils sont individuellement très bons dans leur travail au sol et très précis dans la présentation du ballon, toujours avec deux mains, explique l’entraîneur du Racing 92 Rory Teague, qui a croisé par deux fois la route du Leinster en Champions Cup cette saison. Leur organisation fait le reste, et c’est presque impossible de leur voler le ballon… Ce qui est fort avec eux, c’est que le porteur de balle a toujours des options autour de lui, toujours quelqu’un qui vient se proposer à hauteur avec le bon tempo, la bonne vitesse, dans le bon intervalle. Le défenseur est toujours dans le doute, et c’est ce qui permet au porteur irlandais d’être dans un certain confort : soit pour attaquer son duel, soit pour réaliser la passe de plus. C’est pour ça que, face à eux, la clé d’une victoire réside d’abord dans le ralentissement de leurs sorties de balle."

Les racines des récents succès français sur l’Irlande ne sont en effet pas à chercher bien loin d’un point de vue statistique : alors que le XV du Trèfle parvient depuis trois ans à s’accorder plus de 70 % de sorties de ruck rapides (en moins de trois secondes), les Bleus étaient parvenus à Paris (2022) à abaisser leur rendement à 53 %, et à 50 % à Dublin en 2021. L’image de cet historique succès en Irlande restant évidemment ce contest décisif réussi par Antoine Dupont pour mettre un terme à une étouffante séquence irlandaise, dans les arrêts de jeu…

Des nouvelles directives mal intégrées

Voilà pourquoi, au vu de la masterclass réussie la semaine dernière au pays de Galles par les coéquipiers de Johnny Sexton dans les rucks, la clé d’un éventuel succès à Dublin passera encore par le ralentissement du rythme irlandais. Ou plus exactement ralentir leurs rucks dans les règles, sachant que le nœud des problèmes français en Italie ne fut pas leur engagement, mais leur manque de maîtrise des consignes arbitrales délivrées avant le début de la compétition. "Tous les sélectionneurs du Tournoi ont été informés et ont pu échanger à ce sujet voilà trois semaines, éclairait le patron mondial des arbitres Joël Jutge. Parmi ces directives, il est désormais demandé à l’assistant plaqueur et futur gratteur de bien soulever ses coudes entre les deux actions, de marquer une déconnexion claire."

Un effort supplémentaire que les Bleus, formatés par Shaun Edwards dans l’optique de réaliser des "doubles actions" défensives afin de ne laisser "aucun ruck facile" à l’adversaire ont négligé, au point de se faire sanctionner 11 fois dans le jeu au sol (sur 18 pénalités au total). Ce qui aurait équivalu à un suicide, si l’adversaire en face avait été d’un autre calibre que l’Italie… "Sept pénalités dans les rucks et combien de ballons gagnés ? Zéro ! a ainsi grondé Fabien Galthié dans les vestiaires du Stade olympique, rappelant le fameux "pas faire de fautes, pas faire de fautes" de Bernard Laporte, 21 ans plus tôt. Je vous ai demandé avant le match : s’il vous plaît, pas de faute dans les rucks. Vous ne m’écoutez pas ! La prochaine, c’est carton jaune ! Ne mettez pas les mains dans les rucks ! On ne peut pas !" Forcément difficile à entendre et à comprendre, pour une équipe formatée depuis le début pour exceller dans ce combat…

Danty et Villière, deux absences de poids

Alors, les Bleus réussiront-ils en moins d’une semaine à rectifier le tir en termes de discipline, après que l’entraîneur Shaun Edwards a même présenté des excuses publiques à l’arbitre M. Carley dans sa chronique du Daily Mail ? Il faut l’espérer, bien sûr. Mais on peut aussi légitimement en douter. Et cela pour deux raisons… La première coïncide évidemment avec l’absence de Jonathan Danty au milieu du terrain et Gabin Villière en bout de ligne, si précieux pour soulager leurs avants et mettre eux-mêmes les mains dans le cambouis.

La seconde, tout aussi préoccupante, réside dans une condition physique pas franchement optimale à Rome… En effet, alors que les Bleus ont construit depuis deux ans leurs succès sur un rideau dense et agressif, capable d’étouffer l’adversaire, celui-ci n’a pas démontré en Italie la même vitesse de ligne collective. Les fautes concédées par les Bleus s’apparentant même parfois à des actions engagées par manque de lucidité, comme des "quitte ou double" visant à mettre fin à de longues séquences trop étouffantes, sans parvenir à trier les occasions de s’engager ou non dans les rucks. La conséquence d’un travail physique effectué en amont du côté de Capbreton afin de répondre présent à Dublin, comme les plus optimistes semblent enclins à le penser ? On le saura désormais très vite…

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