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Le rugby professionnel se dirige-t-il vers une période d'austérité ?

  • Thomas Lombard (Stade français)
    Thomas Lombard (Stade français) Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Par delà les pertes directes liées à la suspension des compétitions, le rugby professionnel français s’inquiète des conséquences à long terme sur les recettes de billetterie et de partenariats.

Depuis l’avènement du professionnalisme, le rugby français s’est développé de façon exponentielle. Toujours plus vite, toujours plus haut, toujours plus fort. Ces dernières années, la Ligue Nationale de Rugby n’a cessé de se gargariser à grands coups de communiqués pour souligner ici un record d’affluence, là-bas une somme jamais atteinte pour la vente de ses droits TV. Et que dire de l’inflation des salaires des principaux acteurs de ce jeu ? La menace d’une croissance trop rapide planait depuis quelques temps déjà. Certains observateurs mettaient en garde. Mais nul n’avait prédit une pandémie aussi ravageuse que soudaine.

Le Coronavirus est en passe de frapper fort. Très fort. Évidemment, la première inquiétude — légitime ou non ? — des présidents de club est de rejouer le plus vite possible. Jouer pour remplir les stades mais surtout les caisses. Seulement voilà, la deuxième vague s’annonce immense. Un véritable tsunami appelant à une longue période d’austérité. Les entreprises partenaires des clubs seront forcément impactées. La priorité sera alors de sauver les emplois, sûrement pas de pérenniser les liens de sponsoring. "La situation avec les partenaires et les abonnés pourrait vite devenir compliquée", confirme le président du SU Agen Jean-François Fonteneau. "La baisse des revenus liée aux partenariats, elle est évidente, juge de son côté le Directeur Général du Stade français Thomas Lombard. Je ne vois pas comment elle ne pourrait pas arriver. On se demande comment on va faire pour payer nos joueurs sur la durée et j’imagine que toutes les entreprises ont les mêmes problématiques. Sachant que, pour beaucoup d’entre elles, elles génèrent plus d’économie que nous." "Tout le monde va prendre de plein fouet le deuxième effet Kiss Kool, ajoute le président du Biarritz Olympique Jean-Baptiste Aldigé. Tous les acteurs économiques vont souffrir et quand nous allons nous retourner vers nos partenaires, certains auront peut-être mis la clé sous la porte. Pour les autres, l’achat d’image et de visibilité sera forcément jugé secondaire." Le BO a d’ailleurs décidé de tendre la main à ses partenaires. "Nous avons décidé de ne pas prélever les mensualités contractuelles tant que nous ne rejouerons pas, explique Aldigé. Nous allons les décaler dans le temps." Et le patron du club basque de justifier : " Il y a une grande différence entre les clubs de Top 14 et ceux de Pro D2. Pour ce qui nous concerne, les mesures mises en place par le gouvernement pour le chômage partiel vont nous permettre d’être quasiment remboursés intégralement de nos charges salariales. Ce qui ne sera pas le cas pour les clubs de Top 14 qui auront à payer un gros différentiel. Ensuite, nous n’avons pas du tout en Pro D2 les mêmes recettes de billetterie qu’en Top 14. Nous aurons donc moins à souffrir de la suspension des compétitions."

Le budget loisirs des ménages revu à la baisse

Justement, la question des affluences dans les stades se posera aussi, forcément. Il est de coutume que le budget loisir des Français soit le premier à subir les crises financières. "La campagne d’abonnements sera difficile, assure Lombard. De notre côté, nous avions envisagé de revoir les tarifs à la baisse avant l’arrivée de cette crise. Nous allons sûrement encore devoir faire des ajustements. Mais décemment, peut-on aujourd’hui demander aux gens de se réabonner ? Leur priorité, après une crise qui va frapper tout le monde, ne sera pas de prendre un abonnement à Jean-Bouin ou ailleurs." Autant dire que l’avenir du rugby professionnel français s’annonce plutôt sombre.

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