Montpellier : un choix en temps et en heure

À la 49e, Philippe Saint-André donna un premier signal, et lança son pari. Cinq hommes se levèrent du banc. Haouas, Forletta, Willemse, Guirado et Bécognée. Vingt minutes après, le pari était gagné. PSA donna alors un second signal, trois des cinq entrants revinrent s’asseoir sur le banc, avec sans doute, le sentiment du devoir accompli (seuls Haouas et Bécognée ont fini la partie).

Ce Montpellier - La Rochelle ne pouvait s’apprécier sans être rattaché à son contexte. Non seulement les deux équipes ont une finale européenne à préparer mais elles ont aussi un match à disputer, dès demain mardi. Les deux entraîneurs avaient donc de lourdes décisions à prendre, encore plus chez Philippe Saint-André puisque Montpellier doit faire un marathon de six matchs en 22 jours. Le patron du MHR n’en menait donc pas large en première mi-temps quand son équipe fut cantonnée dans son camp et largement pénalisée. « Oui, avec les premières chaleurs, on n’a pas su être performants, on s’est mal déplacés aussi, mais deux beaux essais de nos trois quarts nous ont sauvés. Mais à la mi-temps, je me suis un peu énervé. »
 

Willemse juste à point

Mais PSA avait donc prévu de « coacher » avec doigté. Il avait changé six avants titulaires sur huit par rapport à la demi-finale de Bath. Samedi soir, il avait décidé de remettre ses poids lourds sur le terrain juste au moment opportun, juste ce qu’il fallait pour prendre le large. Haouas marqua tout de suite un essai, refusé pour un en-avant, mais le ton était donné. La débauche d’énergie de Paul Willemse fut le meilleur exemple du bien-fondé de cette stratégie. Le deuxième ligne du XV de France a marqué un essai dès la 52e après un formidable déboulé des avants dans l’axe, d’autant plus impressionnant que le MHR  jouait alors à quatorze. Willemse joua aussi un rôle sur l’essai de Reinach, deux minutes plus tard après « pénaltouche ». Voilà quel fut le chemin de cette victoire avec bonus (troisième essai en force de Bécognée).

Philippe Saint-André le confirma sans détour. « Oui, on avait décidé de mettre un gros banc… sur le banc. En deuxième mi-temps on a mis plus d’intensité et on finit en marquant cinq essais à la meilleure défense du championnat. Je crois qu’on commence à ressembler à quelque chose de sérieux. Vous avez vu la confiance de cette équipe, quand, même à quatorze contre quinze, nous n’avons pas tapé une pénalité pour aller en touche… Nous voilà donc à sept victoires d’affilée. » Mais le manager embraya tout de suite sur le rendez-vous de mardi face à Toulon qui peut assurer le maintien du MHR. « J’ai fait entrer Paul Willemse à la 48e, je l’ai fait sortir à la 71e, le boulot était fait. On le garde pour mardi. Voilà pourquoi on a fait du coaching et on en fera jusqu’à la fin de la saison. Il faut bien composer avec ce calendrier démentiel, incohérent, qui est un manque de respect pour la santé des joueurs. »

Pour encore plus compliquer la situation, deux Montpelliérains sont sortis sur blessure, Anthony Bouthier et Jense Van Rensburg. Pas de quoi faire rosir l’avenir ; « On axe dès maintenant tout sur la récupération, avec un gros travail du corps médical. » Mais des joueurs qui ont joué 80 minutes contre La Rochelle vont-ils débuter face à Toulon ? « Hélas oui, je n’ai pas assez de profondeur pour aligner deux équipes distinctes. »