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Un hymne à la joie

  • Melvyn Jaminet (USAP).
    Melvyn Jaminet (USAP). Midi Olympique - Patrick Derewiany. - Midi Olympique - Patrick Derewiany.
Publié le Mis à jour
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L'Usap a été à la hauteur de l'événement et a nettement dominé les débats. Si le suspense n'a pas été au rendez-vous, cette finale aura été belle pour tout un tas de jolies raisons.

Que c’est beau une finale, quand même. C’est beau de par la ferveur et l’excitation qu’elle peut susciter : samedi, à Montpellier, les ambassadeurs de la Catalogne et du Pays basque ont donné à ce rendez-vous à jauge limitée des allures de grandes fêtes populaires : la liesse à l'arrivée des bus et les scènes de communion autour du stade sont venues rappeler, si besoin, que ce jour était spécial, différent. Peut-être encore plus cette année. C’est beau une finale, aussi, quand elle rassemble en un même lieu deux monuments d’histoire, deux clubs au prestige et au passé qui inspirent le respect : au point de laisser à penser que l’affiche de samedi était la plus belle de l’ère Pro D2.

C’est beau une finale, aussi, de par l’ampleur que l’enjeu donne à toute chose, à la moindre action, comme si chacune pouvait déterminer une saison, voire une carrière : en la matière, la première période a offert son lot de rebondissements, avec une guerre du jeu au sol à chaque ruck, les deux équipes luttant à la vie à la mort à chaque regroupement. Une finale, c’est surtout  beau quand le meilleur gagne et que les grands joueurs ont été à la hauteur de l’événement. Samedi, l’Usap, meilleure attaque, meilleure défense, meilleur bilan sur la phase régulière, l’a emporté avec une marge qui dit tout de sa supériorité. Les Biarrots le reconnaissaient, au coup de sifflet final, sans excès de modestie ni politesse forcée. Dans les rangs sang et or, chacun des vingt-trois appelés du jour a rempli sa mission. Melvyn Jaminet a livré son habituel récital comme si de rien n'était, Ben Volavola a été aussi imprévisible que lors de toute la saison, Mathieu Acebes a poussé à l’extrême limite les notions d’engagement et de sacrifice, Sadek Deghmache a prouvé qu’il devait être vu une bonne fois pour toutes en Top 14... Les dix-neuf autres mériteraient la citation, de Chouly à De La Fuente en passant par Lemalu.

"Regarde, Patrick..."

C’est beau une finale, également, quand une équipe se montre telle qu’en elle-même, sans se laisser étouffer par le contexte. “Il n’y a rien de plus beau que de tenir ses promesses”, philosophait Patrick Arlettaz. Samedi, sans céder au grand n’importe quoi et à la déraison, les Catalans ont joué avec l’allant et le sens de l’initiative qui les a caractérisés depuis vingt-deux mois. D’entrée, ils ont annoncé la couleur avec ce renvoi aux vingt-deux mètres rapidement joué par Ben Volavola (3e) pour lui-même et cette relance de Jean-Bernard Pujol sur un bras-cassé (9e). Cette audace aura provoqué quelques coulées de sueur mais a finalement été récompensée par trois essais. Le deuxième, signé Ben Volavola, venant d’une mêlée demandée par les joueurs, contre le souhait de Patrick Arlettaz : “Ce sont eux qui sont sur le terrain, c’est leur histoire. Ils l’avaient magnifiquement fait en demi. Là, ils se sont encore dit : regarde Patrick, ne t’inquiète pas, on va le faire entre nous.” Et le technicien de se marrer de l’insolence payante de ses protégés : “J’ai bien aimé. Ils se sentaient capables d’y arriver en jouant comme ça.”

Une finale, c’est beau aussi quand elle pousse ses acteurs dans leurs retranchements : pour parvenir à contrer le destructeur paquet d’avants biarrot, spécialiste des rucks et des mauls, Piula Faasalele et ses partenaires ont puisé au fond d’eux-mêmes un supplément d’énergie. La partie aurait pu basculer sur ces secteurs clés. Il n’en a rien été. Au contraire, les Sang et Or ont fini par prendre l’ascendant en mêlée pour s’ouvrir la voie du triomphe et d’un large succès. À la 50e minute, l’identité du vainqueur ne laissait plus guère de place au doute. Si cette domination a enlevé à ce duel final tout suspense sur la durée, elle aura offert des petites pastilles d’émotions tellement appréciables, avant même le coup de sifflet final : la joie collective sur l’essai de Melvyn Jaminet, l’embrassade musclée entre George Tilsley et Patrick Arlettaz à la sortie de l’ailier, le sourire de Damien Chouly après avoir reçu le carton jaune le moins préjudiciable de sa carrière à la 80e minute… "Lors des cinq dernières minutes, on savait que l'on avait gagné. C’est un sentiment indescriptible qui passe alors", sourit Melvyn Jaminet.

Une finale, enfin, elle est belle aussi quand elle raconte des histoires. Au travers du triomphe de l’Usap, il s'en écrit de magnifiques : les grands espoirs (Jaminet, Walcker, Roussel, Lotrian, Velarte) ont connu un premier moment de gloire, les bêtes blessées de 2018 se sont offert une belle revanche (Acebes, Pujol, Lemalu, Lam…) et les vieux briscards ont montré que le crépuscule ne signifie pas forcément le déclin (Chouly, Faasalele). Tous ont montré, ensemble, que l'Usap était éternelle.

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