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Laporte : « Elles rentrent dans la légende du rugby français »

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Quelques heures après la médaille d’argent des filles du VII, Bernard Laporte (Président de la FFR) a accepté le principe d’un long entretien pour évoquer leur aventure olympique, mais aussi la tournée du XV de France en Australie, l’instauration du pass sanitaire dans le milieu amateur, et celle des nouvelles règles de World rugby.

Quel est votre premier sentiment après cette médaille d’Argent décrochée aux jeux Olympiques par l’équipe féminine de France de rugby à VII ?

Une immense fierté. Il faut leur rendre tout ce qu’elles méritent ! Quel parcours elles ont fait ! Elles rentrent dans la légende du rugby français, c’est notre première médaille olympique à VII. Bravo à elles. Elles ont porté haut et fort les couleurs de notre sport et de notre nation. Je le dis depuis quasiment le début de mon mandat à la tête de la Fédération, les filles, que ce soit à VII ou à XV, c’est nos locomotives. Elles transmettent beaucoup de bonheur aux gens, ce sont des exemples à suivre. Ce n’est pas pour rien, qu’il y a encore aujourd’hui, de plus en plus de jeunes filles qui veulent jouer au rugby. Nos joueuses donnent envie, dégagent beaucoup de générosité, tout en ayant pas mal de talent. Bravo aussi à leur staff qui effectue un très bon travail. On ne cesse de croître à XV comme à VII. Avec cette médaille, nous avons d’excellents porte-drapeaux pour notre sport, c’est une évidence. C’est ce que je leur ai dit après leur médaille : avec vous, ce n’est que du bonheur !

Durant ce tournoi olympique, Fanny Horta et ses partenaires ont été flamboyantes sur le terrain. Elles ne se sont pas contentées de remporter des matchs, elles l’ont fait avec la manière. Est-ce la plus belle des publicités possibles ?

Exactement. Pendant trois jours, on se levait très tôt pour les regarder à la télévision, mais avec impatience, car ce qu’elles proposaient c’était beau. Elles nous ont permis de passer trois très belles journées. Cette médaille va drainer un certain nombre de licenciés supplémentaires, j’en suis persuadé. Bravo et merci à elles.

Et en 2024 à Paris, devront-elles viser l’or ?

Laissez-les, laissez-nous savourer cette médaille. Et puis avant le rendez-vous de Paris, il y a une Coupe du monde à XV en Nouvelle-Zélande, des Tournois des 6 Nations ou encore le circuit mondial à VII à ne pas galvauder. Il y a un beau réservoir derrière, tout cela est encourageant que ce soit à VII mais aussi à XV, car à la Fédération, le rugby féminin connaît un développement qui ne se dément pas.

Un mot sur l’échec des garçons, incapables par deux fois de parvenir à se qualifier pour les jeux de Tokyo ?

Je le regrette. Les garçons nous avaient habitués depuis quatre sur le circuit mondial à obtenir de très bons résultats, notamment avec trois finales dont une au Tournoi de Hong Kong. Après, on ne va pas se le cacher, avoir échoué dans la course à la qualification a été une vraie déception. Mais bon, les premiers punis, ce sont eux, car un évènement de cette envergure, les Jeux, il appartient à ceux qui le font. Ce n’était pas une bonne chose pour la FFR, mais je crois que c’était pire pour eux. Ils doivent prendre exemple sur les filles, qui sont hyperperformantes, notamment dans les grands rendez-vous.

Cette deuxième place aux JO conclut un mois de juillet satisfaisant sur le plan sportif pour la FFR, avec la deuxième place des moins de 20 ans dans leur Tournoi et la tournée en Australie des Bleus à qui on promettait l’enfer…

Je sais qu’à un certain moment, plusieurs personnes, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur, se posaient des questions sur l’intérêt ou pas de cette tournée. Mais je l’avais dit avant, ne pas y aller ce n’était pas l’esprit rugby. Les Fédérations se doivent d’être solidaires entre elles, et on se devait vis-à-vis de l’Australie, après les deux saisons vécues sous Covid 19, qui connaît de vraies difficultés financières, d’y aller si, bien sûr, les conditions sanitaires le permettaient. Et puis, c’est ce que je disais à Fabien Galthié avant, se rendre en Australie, même privé d’une trentaine de joueurs, à deux ans d’une Coupe du monde, il fallait le prendre comme une formidable opportunité. Si tu veux être champion du monde, il te faut 33 gros joueurs, tu ne gagnes pas à 15 ou à 23. Et pour en avoir 33, il te faut un réservoir d’une cinquantaine. Alors c’était l’occasion d‘essayer des nouveaux joueurs. Sans pression. Dans ce genre de tournée, tu sors toujours des mecs auxquels tu ne t’attends pas. Et cela s’est avéré. C’est pour cela qu’avant le départ, j’ai tenu à rassurer le staff, l’objectif était de voir des mecs et de chercher à rivaliser avec une des grosses nations du Sud. Je l’ai répété durant tout mon séjour avec eux. Il se passera ce qu’il se passera, mais travaillez en tout quiétude.

Était-ce pour cela que vous avez tenu à faire le déplacement avec eux jusqu’au premier test ?

Je tenais à vivre les premières semaines avec eux. Car j’entendais ici ou là différents bruits, je ressentais bien que certains étaient réticents au maintien de cette tournée. Je ne voulais pas être tranquille à la maison, et les laisser vivre une quatorzaine difficile et stricte, et les laisser prendre trois fois 40 points. On ne pouvait pas prévoir le scénario des trois tests. Donc je leur ai demandé si je pouvais venir avec eux, mais aussi vivre au plus près de l’équipe, même durant la quarantaine. Je ne voulais pas donner l’impression que l’on envoyait des joueurs à l’abattoir, mais que j’étais dans le même bateau qu’eux.

Et pendant la quatorzaine, vous avez assisté à toutes les séances rugby. Le président est-il redevenu un technicien ?

Absolument pas. Observateur privilégié et avisé oui mais pas plus.

Porter des boudins de protection aussi ?

C’était tout à fait naturel. Je faisais partie du groupe même si, à ma grande déception, je ne peux plus jouer avec eux, ou participer à des petits jeux. Je n’ai plus l’âge pour cela (rires). Après, depuis cinq ans que je suis président de la FFR, je n’ai pu assister qu’à très peu d’entraînements. Pourtant ce n’est pas l’envie qui me manquait, mais je ne voulais pas que l’on dise que j’interférais dans le sportif. Même lors des tournées précédentes, je n’ai fait que des passages éclairs, quatre jours en Afrique du Sud et une petite semaine en Nouvelle-Zélande. Là, j’ai pris un gros plaisir durant un peu plus de quinze jours. J’ai pu apprécier la qualité du travail du staff et des joueurs. J’ai pu constater que si l’on n’est pas encore les meilleurs du monde, on a raté en grande partie notre retard. Bravo à Fabien et ses adjoints ! Et en Australie, j’ai pu voir des joueurs qui feront le Mondial en 2023, alors qu’avant la tournée, on ne comptait pas sur eux. Je me suis régalé au sein de la communauté des Bleus.

A-t-elle fait gagner du temps à Fabien Galthié en vue de la Coupe du monde ?

Oui dans le sens où il, nous savons que nous avons un vrai réservoir. Ce que j’ai vu à Sydney, ce sont des joueurs qui ont largement le niveau des prétendus titulaires en équipe de France. Certains comptent pour un. J’ai découvert des garçons avec de grosses qualités.

Il y a une dizaine de jours, la FFR a décidé d’instaurer, à la prochaine rentrée, le pass sanitaire pour tous les licenciés et bénévoles. Pourquoi une telle décision ?

Je crois que le sport en général et le rugby en particulier doit montrer l’exemple. Il y a aussi la volonté de l’État et la FFR se contente d’appliquer ce que nous demandent les autorités. Je sais que cela peut paraître contraignant, mais est-ce que l’on veut vivre une nouvelle saison blanche ? Ne pas jouer au rugby ? Ne pas accueillir du public dans les stades ? J’entends et je comprends les interrogations de certains présidents, mais ces petites contraintes sont obligatoires à une reprise classique du fonctionnement de notre sport. La Fédération sera là pour les accompagner. Alors oui, on va appliquer le pass sanitaire. Oui, ce n’est pas simple à mettre en place mais on va y arriver. Il vaut mieux le pass sanitaire qu’un nouveau confinement et un arrêt des compétitions.

Comment convaincre les récalcitrants ou les mères de famille qui ne veulent pas faire vacciner leurs enfants ?

Le dialogue et l’explication. Serge Simon effectue un travail considérable avec les Covid-managers des clubs pour préparer cette nouvelle saison. Il n’y a pas de raison de s’affoler. L’intérêt de la FFR est que l’on rejoue au rugby partout et à tous les niveaux.

Et au niveau de l’accueil du public ?

On l’attend avec impatience, mais sous condition de pass sanitaire. On a quelque peu oublié ce qu’était un match avec des supporters. Je l’ai retrouvé en Australie où lors du premier test, il y avait 18 000 personnes. Cela fait du bien. J’ai envie de retrouver cela en France très vite. Et ce sera possible qu’avec le pass sanitaire.

Est-ce que les nouvelles règles établies par World Rugby vont s’appliquer aussi au niveau amateur ?

Oui, bien sûr. L’idée est plus de sécurité et plus de spectacle moins de temps mort. Sans entrer dans trop de détail, je vais en expliciter deux. D’abord celle dite des 50-22. C’est-à-dire que quand tu es dans le camp adverse, et que l’équipe attaquante trouve au pied une touche indirecte, elle récupère le lancer en touche. L’objectif de celle-ci, est de faire reculer les ailiers en défense afin que le premier rideau soit moins dense et favoriser les surnombres en attaque. On l’a bien vu lors de l’expérimentation qui a été faite en Australie. Après, une règle qui va dans le sens de plus de sécurité, c’est quand un joueur va à la percussion, il ne pourra plus avoir le soutien d’un partenaire qui se liait à lui et le poussait. Plus de percussions à deux.

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