Référendum FFR - Les clubs désavouent Buisson et Laporte

Par Simon Valzer
  • La désignation de Patrick Buisson (à droite) a été rejetée par les clubs à 51,06 %.
    La désignation de Patrick Buisson (à droite) a été rejetée par les clubs à 51,06 %.
Publié le Mis à jour
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Au terme des 72 heures de suffrage qui s’étalaient de lundi à jeudi midi, les clubs français se sont prononcés. avec 51,06% de votes contre Patrick Buisson, le candidat de Bernard Laporte au poste de président-délégué, la majorité a désapprouvé l’équipe présidentielle sortante.

Après soixante-douze heures de scrutin, une fumée blanche a fini par s’échapper par la cheminée du Vatican du rugby français, la Fédération Française de Rugby. Ses cardinaux, les présidents des associations des clubs amateurs, ont voté. Et ce vote, bien que serré (51,06 % contre, 48,94 % pour), n’est pas en faveur de Patrick Buisson, candidat que Bernard Laporte avait lui-même présenté pour le remplacer le temps de connaître le résultat de l’appel de sa condamnation à deux ans de prison avec sursis, prononcée en décembre. Que va maintenant faire le camp Laporte ? Pour rappel, deux options sont possibles. Dans un premier cas, Bernard Laporte pourrait proposer un nouveau nom de son camp pour assurer le poste de président délégué. Dans un second cas, des élections pourraient alors être organisées sous six semaines si le camp de l’ancien sélectionneur du XV de France décidait de ne pas poursuivre le combat. Et le bureau fédéral, qui va se tenir ce vendredi matin sera décisif (lire ci-contre).
Ils étaient 1974 votants, soit le nombre de clubs amateurs en France. Cette liste des votants avait été déposée le 18 janvier, dernier auprès du cabinet d’huissiers en charge des constats, et de la société Voxaly-Docaposte mandatée pour la consultation.

Forte participation malgré une procédure numérique complexe

Le procédé ? Un vote électronique. Les votants ont reçu un code d’accès généré aléatoirement. Hugo Dorandeu, président du club de l’Olympique Besançon évoluant en Fédérale 3 nous a raconté la procédure : «On a reçu les codes par SMS lundi matin. Ensuite, il fallait se connecter sur le site de la FFR, renseigner son numéro de licence, indiquer quelques informations comme l’adresse e-mail et le numéro de téléphone et on avait accès au vote à partir de là.»

Ensuite, les votants étaient appelés à répondre à la question unique suivante : « Approuvez-vous la proposition de M. Bernard Laporte de désigner M. Patrick Buisson en qualité de président délégué de la FFR ? » Trois types de réponse à cette question seront proposés aux votants : pour, contre, ou l’abstention.
Si la question était pour le moins simple, on doit admettre que le procédé électronique était pour le moins complexe, et a pu constituer une barrière pour certains : « C’était facile pour les gens de ma génération, nous confiait Dorandeu, jeune président âgé de 30 ans, mais il faut reconnaître qu’ils ne sont pas majoritaires dans les autres clubs. Pour en avoir parlé avec d’autres présidents plus âgés de mon secteur, le vote électronique était très compliqué. Je ne sais pas s’ils ont finalement voté, mais le numérique, à mon sens, est une barrière pour une partie de la population française dont une bonne partie des présidents de clubs de rugby fait partie. »

Nous en avons eu une illustration en contactant, jeudi en fin de matinée, le club de Mauléon, emblématique formation du championnat de Fédérale 1. Son président, Benat Queheille, âgé de 55 ans, colle mieux au portrait-robot du président de club de rugby amateur : « Pour tout vous dire je n’ai pas encore voté : comme je ne suis pas un féru d’électronique, j’ai mandaté notre secrétaire général pour qu’il vote. Bien sûr, nous nous sommes concertés avant, et il va le faire ce jeudi matin. » Les Souletains ont usé de leur droit de vote, mais on imagine que d’autres présidents ont connu des difficultés à passer toutes les étapes du vote électronique. De quoi nuire au taux de participation ? Ce n’était pas sûr jeudi matin, où le Bisontin Hugo Dorandeu assurait le contraire : « Je pense néanmoins que la mobilisation a été forte car je ressens un ras-le-bol et il faut l’exprimer. En tout cas j’espère qu’elle le sera car il me paraît important que les présidents donnent leur avis sur cette situation. » Et les plus de 90 % de voix exprimées ont confirmé le pressentiment du président comtois. Les deux camps se sont très fortement mobilisés, et l’on constate que le rugby français est plus polarisé que jamais. Affaire à suivre…

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