Abonnés

À Béziers, les coulisses du coup de force de Bouscatel

  • L’ancien président du Stade toulousain, René Bouscatel a fait son entrée dans le jeu mais le camp de Christophe Dominici assure continuer le combat. L’ancien président du Stade toulousain, René Bouscatel a fait son entrée dans le jeu mais le camp de Christophe Dominici assure continuer le combat.
    L’ancien président du Stade toulousain, René Bouscatel a fait son entrée dans le jeu mais le camp de Christophe Dominici assure continuer le combat. Laurent Frezouls / Icon Sport - Laurent Frezouls / Icon Sport
  • Mercredi, Robert Ménard le maire de Béziers recevait, dans la cour de l’hotel de ville, des supporters biterrois inquiets et mécontents.
    Mercredi, Robert Ménard le maire de Béziers recevait, dans la cour de l’hotel de ville, des supporters biterrois inquiets et mécontents. Icon Sport
Publié le Mis à jour
Partager :

Les 24 heures qui ont tout changé à bien des égards, l’entrée en scène de René Bouscatel fut un coup de théâtre dans le feuilleton biterrois. En voici la genèse...

Dimanche dernier, des sources en Australie nous confirment les dires du clan Dominici : Michaël Cheika est intéressé par un retour en France, et pourquoi pas à Béziers, un club au-dessus duquel flottent les promesses d’un projet pharaonique. Nonu, Koroibete, Fall, Etcheto, Hernandez ou Roncero auraient eux aussi donné leur accord verbal à l’ancien ailier du Stade français et, si l’ASBH passe sous pavillon émirati, ils rejoindront l’Hérault au plus vite.

L’article en question, publié sur notre site Rugbyrama.fr, fait aussitôt réagir Pierre-Olivier Valaize et Cédric Bistué, les coprésidents biterrois, persuadés que depuis le départ, Midol "roule pour Dominici". Au téléphone, Bistué nous assure n’avoir toujours pas reçu la proposition d’achat des Emirati, nous répète qu’il a du mal à croire en la viabilité du projet et prévient : "On leur a posé un ultimatum. Si la lettre d’intention (d’achat) n’arrive pas avant lundi soir, la vente est caduque." On raccroche. Le téléphone sonne à nouveau. Au bout du fil, un autre membre du camp des actionnaires de l’ASBH : "Tout ça, c’est du vent. Pourquoi se cachent-ils ? Les Qataris sont-ils arrivés masqués quand ils ont acheté le PSG ? Je doute que Samir Ben Romdhane et Philippe Ballard (les propriétaires de la société Sotaco) aient les fonds nécessaires pour financer le projet dont ils parlent. Peut-être ont-ils quelqu’un derrière ? Aujourd’hui, personne n’en sait rien." à cet instant-là des négociations, le mystère reste donc entier quant aux ressources des investisseurs représentés par Christophe Dominici et dans ce cas, on peut entendre que Valaize et Bistué, engagés sur des emprunts divers afin de maintenir le club à flot, ne veuillent pas céder leur "bébé" sans savoir si le repreneur en question pourra oui ou non couvrir les dettes.

Aucun recours possible

Une poignée de temps plus tard, deux sources nous parlent d’un contre-projet lancé par René Bouscatel et Pierre-Louis Angelotti, un actionnaire du club. Le dimanche soir, à Béziers, un dîner regroupe donc à la même table Bouscatel, Valaize et Angelotti. Les trois hommes ne se cachent pas ; le repas se tient au cœur du centre-ville, au restaurant Pica-Pica. Le lendemain, à 600 kilomètres de là, Paul Goze a de son côté réuni vingt présidents de clubs afin d’évoquer avec eux les mesures relatives à l’évolution du salary cap. En préambule de ce meeting, le président de la Ligue se serait étonné de constater l’absence des dirigeants biterrois, nous rapportent aujourd’hui deux témoins.

Goze aurait alors poursuivi en disant qu’avec 2 millions de masse salariale, les Biterrois ne sont de toute façon pas concernés par le plafond salarial. à cet instant-là du meeting, Marc Chérèque, membre de la LNR et ancien président du FCG, aurait répondu : "Ils le seront bientôt, si le projet des Emirati aboutit !" Ici, Goze aurait conclu : "Vous aurez des nouvelles de Béziers demain. Je ne vous en dis pas davantage". Le lendemain matin, à 7 heures pétantes, Pierre-Olivier Valaize, Louis-Pierre Angelotti et René Bouscatel (Bistué, résidant en Martinique, était absent) se rendaient dans le bureau du maire de Béziers, Robert Ménard, afin de lui présenter leur projet. Le maire ne s’opposait pas à la proposition qui lui était faite (soutien financier important, il n’a ici qu’un rôle consultatif) et, en début d’après-midi, un communiqué de l’ASBH tombait : Bouscatel serait président du directoire de l’ASBH, quand Angelotti en deviendrait le président du conseil de surveillance.

L’origine des fonds emiratis était certifiée

"On s’est fait avoir comme des bleus, explique un membre du camp Dominici. Si nos garanties bancaires ont tardé à arriver, c’est qu’elles ont d’abord dû passer entre les mains de Tracfin (l’organisme du ministère des Finances censé détecter l’origine des fonds, N.D.L.R.). Elles seraient pourtant parvenues au club mercredi, avec l’attestation de viabilité rédigée par le Ministère (lorsque des fonds ne sont pas jugés viables, l’état saisit aussitôt le procureur de la République, N.D.L.R.). En dégainant le projet Bouscatel un jour plus tôt, les propriétaires du club ont décidé de nous couper l’herbe sous le pied. Ils savaient peut-être qu’ils n’auraient pu l’emporter, si les ressources des deux projets avaient pu être comparées." Info ou intox ? De ce que l’on sait aujourd’hui, il n’y avait personne derrière le Franco-Emirati Samir Ben Romdhane (57 ans), propriétaire d’une société commercialisant des hydrocarbures dans le monde entier. Était-il aussi riche qu’a pu le dire Christophe Dominici, dans sa première interview, parue chez nous en avril ? D’évidence, non. Mais sa surface financière restait néanmoins très large, aucun doute là-dessus. "Ben Romdhane est meurtri, poursuit une autre source. Il n’a pas apprécié qu’on puisse douter de lui à ce point." Au cours du feuilleton biterrois, on fut ainsi nombreux à "googliser" le nom de Ben Romdhane afin d’en savoir plus sur le personnage. Les résultats de la recherche faisaient alors état d’une société au capital modeste, fondée en 2019.

"C’est normal, poursuit la même source. C’est juste une SCI (société civile immobilière) qu’il a fondée pour acquérir un appartement l’an passé, à Paris. Le cœur de son business, il ne l’affiche pas partout sur le Net." C’est cet appartement, vendu un certain prix par un ami de Christophe Dominici, qui fit d’ailleurs le lien entre Ben Romdhane et "Domi". On connaît la suite. Mais connaît-on aussi la fin ?

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?