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Toulouse, grand cru en quête d'une cinquième étoile

Par Par Jérémy FADAT
  • Toulouse, grand cru
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Publié le Mis à jour
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Battus en demi-finale lors des deux précédentes éditions, les Toulousains ont cette fois passé ce cap pour s'offrir la première finale européenne du club depuis son titre de 2010 et l'occasion de ramener une cinquième étoile dans la ville rose.    

Il est le dernier survivant. Maxime Médard, poumon de l'effectif et symbole de l'histoire récente du Stade toulousain, qui a connu le titre européen de 2010 sur le terrain, le quatrième du club. Lui qui a aussi traversé les années de galère plus tard. Il n'y avait qu'à voir son visage samedi soir pour mesurer le soulagement de retrouver une finale de Champions Cup : « Quand tu gagnes au tout début, tu te dis : « C’est super, on va y arriver tout le temps. » Mais quand, dix ans plus tard, tu n’as plus gagné… Comme pour le Brennus en 2019, si on va au bout, je vais savoir le savourer. » Une marche, une seule, pour y parvenir. Leur ultime échéance avant de transformer un rêve plus du tout secret en réalité. Depuis ce vingtième Bouclier toulousain, ce groupe s'est promis de reconquérir l'Europe. Il en a fait un objectif suprême, une obsession même. Aussi parce, battu en demi-finale lors des deux précédentes éditions au Leinster et Exeter, il s'en savait toujours plus près. « Dès lors que tu as l’opportunité d’être dans ce dernier carré, tu veux aller au bout », clame Julien Marchand. Lui et ses partenaires ont franchi ce palier supplémentaire. « On s’était déplacés deux fois chez des gros, souligne Médard. L’équipe était jeune, elle a appris. Elle a plus d’expérience et a passé cette étape. C’était pareil avant le titre en Top 14 où on avait du mal à passer le cap des quarts ou des demies depuis un moment. »  Est-ce à dire qu'elle a brisé son plafond de verre européen ? L'avenir proche le dira...

Le Munster et Clermont, ces déclics

Reste que ce Toulouse-là a grandi. Collectivement, sportivement et mentalement. Toujours aussi enthousiaste et entreprenant, il est plus mûr, plus serein et plus confiant que jamais. Le match de samedi en fut une démonstration éclatante. Contre l'UBB, les Stadistes, un brin crispés, n'ont pas livré leur meilleure partition, faisant preuve d'impatience et de maladresses inhabituelles. Pourtant, ils ne se sont pas affolés et n'ont pas laissé la moindre place au doute. Quelque part, ils se savaient supérieurs et ne sont jamais réellement apparus en danger. Comme au Munster et à Clermont en huitième et quart de finale, même si les scénarios furent chaque fois différents, le match a basculé dans la dernière ligne droite. Encore en faveur des Rouge et Noir. Au Leinster ou à Exter, cela leur avait pourtant échappé... Ils ont payé pour progresser. « On reste sur la même lignée, se réjouit Marchand. Plus on joue ensemble, plus on prend d'assurance et plus le collectif s’améliore. Notre force, et il faut en remercier nos dirigeants, c'est aussi de garder un groupe stable. » Lequel, comme le grand vin si cher aux Bordelais, se bonifie avec le temps. Et il suffit d'un cru ou deux pour le rendre exceptionnel. Ceux toulousains sont peut-être à chercher ces dernières semaines, au moment d'aller décrocher ce nouveau billet pour le dernier carré européen. « Gagner au Munster et à Clermont, ce n'est pas rien, ajoute le capitaine. Cela nous aide aujourd'hui, on s’appuie dessus. » A Thomond Park, où Toulouse ne l'avait jamais emporté. A Marcel-Michelin, où il ne l'avait plus fait depuis dix-neuf ans. Ce groupe avait écrit un autre chapitre du grand roman du club. Sa propre histoire, toujours en marche.

Médard : « Peu de choses résistent à cette génération »

Revenu sur le devant de la scène, avec éclats et louanges, le Stade toulousain avait besoin d'une finale européenne. Là où cette compétition conserve une saveur à nulle autre pareille. « Je ne sais pas pourquoi mais, dans ce club, dès qu'on parle de Coupe d'Europe, les regards des joueurs changent », révélait Matthis Lebel la semaine passée. Parce que, même si ce sont leurs « ancêtres » qui y ont brillé (nos excuses à Maxime Médard !), elle est indissociable de ce club. Elle fait partie de son âme et de son ADN. Alors, la jeunesse dorée veut aujourd'hui y laisser son empreinte. « Très peu de choses résistent à cette génération-là, au Stade toulousain ou en équipe de France, assure Médard. Ces garçons ont commencé au club ensemble, ont une histoire commune, sont avec les pros maintenant. Ils sont remarquables et ont besoin de vivre ces moments. Même avant les matchs, j’ai l’impression qu’ils ne sont jamais stressés. Moi, je le suis... » Les Baille, Cros, Tolofua, Dupont, Ntamack, Lebel et autres, emmenés par leur capitaine Julien Marchand qui résume en quelques mots les vertus si singulières de cette bande, au moment de s'exprimer sur Twickenham comme lieu de la finale : « On s’en fiche, on va là où on doit aller. » Ils doivent aller haut justement, très haut. Pour être dignes de ce glorieux passé ? Réponse tout aussi naturelle : « On essaye de ne pas trop y réfléchir même si on connaît l’héritage. Il n’y a aucune pression à avoir là-dessus. »  Les « vieux », à leurs côtés, en sont les garants. Médard en premier lieu : « On a toujours de l’appétit quand ça gagne, quand on prend autant de plaisir. » Ces gardiens du temple qui ont perdu Yoann Huget le week-end précédent, lequel était présent dans les vestiaires samedi. « On a envie de lui rendre tout ce qu’il nous a apporté », glisse Marchand. La plus belle façon est évidemment de lui ramener ce trophée qui lui manque. Pour lui, pour les adieux de Kaino, pour la blessure aussi d'un Guitoune tellement précieux dans le titre de 2019. En référence à toutes les contraintes liées au contexte sanitaire, Ugo Mola a lâché cette phrase samedi soir : « C’est une saison interminable, on a l’impression de l’avoir démarré il y a trois ans. » C'est en tout cas le temps de cette si belle aventure européenne. Trois ans pour en effacer onze de disette.                 

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