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Aldigé : « Président, c’est 95 % d’emmerdes et 5 % de plaisir »

  • Jean-Baptiste Aldigé, Président du Biarritz Olympique
    Jean-Baptiste Aldigé, Président du Biarritz Olympique Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Haï par les uns, choyé par les autres, Jean-Baptiste Aldigé, le plus jeune président du rugby pro, ne laisse pas indifférent dans le microcosme. Qui est-il vraiment ? Et que veut-il pour le Biarritz Olympique ? La dague au poing, le verbe haut, il livre ici quelques réponses...

Comment votre club a-t-il traversé la crise sanitaire ?

Les clubs de Pro D2 s’en sont plutôt bien sortis. Vous savez, on vit dans un pays formidable ; l’état nous a considérablement aidés via le chômage partiel et d’autres mesures similaires. Nous n’avons, au BO, aucun salaire dépassant les 7 000 euros bruts par mois. Et s’il n’y avait plus de rentrées d’argent, il n’y avait plus non plus, grâce au chômage partiel, de sorties d’argent. Les clubs de Pro D2 se sont mis en sommeil, voilà tout.

Vous avez participé, récemment, au groupe de travail constitué par la Ligue sur la réforme du calendrier international. Peut-on réellement aboutir à une harmonisation de celui-ci ?

D’un côté, la Ligue dit que le Top 14 est formidable et qu’elle se doit de défendre ses intérêts. Pas de problème là-dessus. La LNR fait le job. Mais elle ne considère ici que le Top 14. De l’autre côté, des fédérations sont à des années-lumière de sa problématique et font la même erreur que nous : elles se fichent de ce qu’il se passe chez le voisin, comment vit-il et de quoi a-t-il besoin… C’est une jolie métaphore de société, en somme.

Quel est votre raisonnement, au juste ?

Aujourd’hui, le rugby n’est pas partout. Seules les nations traditionnelles consomment ce sport et si on veut amener de nouveaux pays au rugby, il nous faut le clarifier, le rendre plus lisible. Si un jour, le rugby commence à la même date dans tous les endroits du monde -les championnats nationaux de tel jour à tel jour, les sélections de telle date à telle autre- il y aura des bénéfices. Or, aujourd’hui, on a peur du changement. […] Le Top 14 est un super produit mais reste un produit français. Mais comment pousser les gens du monde à s’intéresser à notre territoire ? On me répond que les Chinois préfèrent regarder le Super Rugby parce qu’il est plus proche de leur continent. J’appelle ces gens-là à revoir leur géographie : il y a dix heures de Paris à Hong Kong et dix heures de Hong Kong à Sydney.

Dès lors ?

Il faut donner aux gens des repères. Quel est le restaurant qui marche le mieux au monde ? Le Mac Donald’s. Parce que les gens savent ce qu’ils vont trouver à telle heure et à tel prix, quel que soit leur lieu de résidence. Dotons le rugby de marqueurs simples, différencions nos championnats nationaux du temps des sélections et on y gagnera forcément.

Votre sentiment est-il partagé par les autres présidents de clubs ?

J’ai l’impression qu’on a beaucoup dit "Il faut le faire" et qu’une fois que l’occasion nous a été donnée de le faire, on a dit : "Ouai… On verra, hein… Plus tard, peut-être…" La table, il aurait pourtant fallu la renverser maintenant. Mais ce n’est que mon opinion.

Parlez-nous du Biarritz Olympique. Quels sont les contours du projet Aguilera ?

Il y a deux ans que nous sommes, avec la famille Gave, en charge de ce club. On a cherché des voies de développement autres que le simple revenu "jour de match". Depuis deux ans, on poursuit donc un projet équivalent à celui du Lou qui, grâce à un plan de développement sur le territoire de Gerland, a pu obtenir les moyens nécessaires pour financer sa croissance.

En clair ?

Contrairement à ce qui a été raconté ici ou là, nous ne faisons pas d’immobilier. La ville de Biarritz avait choisi, il y a six ans et donc bien avant notre arrivée, de rénover le plateau d’Aguilera. De notre côté, on a juste fait des propositions, avec un nouveau stade, un centre de formation et quelques surfaces commerciales censées diversifier nos sources de revenus.

Quel est le but ?

Nous ne voulons plus être tributaires du résultat sportif. Si la famille Gave et moi-même mourons dans un crash d’avion, qui donnera trois millions d’euros par an pour faire vivre le Biarritz Olympique ? à terme, nous voulons donc que ce club gagne son indépendance et vole de ses propres ailes. Sans les deniers d’un mécène.

Pourquoi y a-t-il eu discorde autour de ce projet ?

Au départ, l’erreur des gens a été de croire que nous étions là pour faire de l’immobilier, c’est-à-dire bâtir et revendre des appartements pour nous en mettre plein les poches. Ce n’est évidemment pas le cas.

En quoi les élections municipales de ce week-end peuvent-elles influer sur la naissance de ce projet ?

La politique biarrote, c’est quelque chose d’assez unique. Jusqu’ici, tous les maires ont été élus grâce à des alliances politiques, ce qui limitait considérablement leur champ d’action : pour changer la couleur des murs de la mairie, le maire devait par exemple négocier des heures avec des alliés qui étaient des rivaux jusqu’à hier… En ce sens, on est ici à des années-lumière du fonctionnement bayonnais où une ville, un maire et une municipalité font bloc derrière le club de rugby.

Développez, s’il vous plaît…

Au premier tour des municipales, il y avait à Biarritz six candidats, dont trois opposés au projet Aguilera. Ils étaient même opposés au club tout court puisqu’ils souhaitent en réalité qu’un seul club basque ne subsiste, c’est-à-dire Bayonne. Au deuxième tour, ils sont quatre candidats dans une quadrangulaire : deux d’entre eux reconnaissent l’importance d’avoir un club de rugby professionnel dans la ville quand les deux autres, même s’ils font des discours de récupération qu’ils terminent en scandant "aupa BO", sont contre le rugby professionnel à Biarritz.

Malgré tout, la favorite Maider Arrosteguy, est très favorable au projet…

Oui. Elle a compris que le projet Aguilera permettrait au Biarritz Olympique d’obtenir son indépendance et à la mairie de stopper les subventions publiques censées sauver un club s’étant si souvent retrouvé face à la DNACG… Il est temps, en clair, de rendre un club qui a trop longtemps été dépendant de mécènes, qu’ils s’appellent Kampf ou Gave, aux Biarrots.

Et l’avenir, alors ?

On a créé une équipe, on a fait un recrutement prometteur mais le résultat du second tour des municipales est attendu avec impatience par tous les employés du BOPB : la ville de Biarritz veut-elle oui ou non un club professionnel dans ses murs ?

Il y a quelques mois, vous évoquiez la disparition possible du club si le projet Aguilera n’était pas mené à terme. C’est une forme de chantage aux politiques…

On peut l’appeler menace ou chantage mais notre démarche visait surtout à rappeler que le BOPB vit aujourd’hui grâce aux fonds de la famille Gave. Il faut arrêter cette relation d’ultradépendance.

Pourquoi recrutez-vous autant, alors ?

En mai dernier, quand nous avions un départ par jour, des gens disaient que Biarritz finirait par jouer au rugby à 7. Mais douze joueurs sont partis et onze sont arrivés, voilà tout. J’irai même plus loin : l’an passé, j’avais 2,5 millions d’euros bruts de masse salariale contre 2,4 millions d’euros bruts au coup d’envoi de la saison à venir. Et ce qu’on n’entend jamais, c’est que la saison dernière, le BOPB, c’était six contrats Espoirs par feuille de match. Il y a une époque, pas si lointaine, où les jeunes Biarrots quittaient pourtant tous la Côte basque. Aujourd’hui, notre talonneur Lucas Peyresblanques prolonge de trois ans au club. Le vent tourne, on dirait.

Ce serait dommage qu’une telle équipe disparaisse, alors…

Je ne sais pas… Sur le papier, c’est équilibré. Ce n’était pas le cas à notre arrivée, à l’époque où l’analyste vidéo gagnait plus que mes deux coachs actuels. Je n’invente rien…

On dit qu’il est plus facile de tricher sur le salary cap quand on gère un fonds d’investissement à Hong Kong. Que répondez-vous à cela ?

Je réponds que c’est sans doute vrai. Mais le salary cap, ce n’est pas mon business. Notre masse salariale est bien trop éloignée du plafond de 11,3 millions d’euros accordé par la Ligue. Pas besoin de montage financier pour le contourner et échapper à Samuel Gauthier (le salary cap manager), donc. Mais j’espère qu’un jour, on se posera la question ! (rires)

Dernièrement, Thomas Lombard s’est longuement expliqué dans nos colonnes sur le "double projet". Partagez-vous sa démarche ?

Oui, j’applaudis ses propos. Mais le double projet a toujours fait partie du cahier des charges de la Ligue, que je sache : quel que soit le club, il est obligatoire d’avoir un double projet et de donner une formation universitaire ou scolaire à nos stagiaires. Notre ancien flanker Alban Placines, aujourd’hui à Toulouse, est par exemple ostéopathe : il a passé ce diplôme au sein du centre de formation du BOPB.

Vous vous présentez comme un club formateur. Seriez-vous favorable, dès lors, à une revalorisation des indemnités de formation ?

Je soutiens la politique mise en place par Paul Goze et Emmanuel Eschalier (le DG de la Ligue, N.D.L.R.). La RIF (réforme des indemnités de formation) est un excellent système, que d’autres sports vont nous envier. Je m’explique : ça fait quinze ans que le monde du rugby assure que l’avenir de ce sport ne se fera que dans les grandes villes ; ça fait quinze ans que l’on considère qu’une grosse ville génère plus d’entrées au stade, plus de partenaires et donc plus de recettes ; ça fait quinze ans que l’on essaie de transformer ce sport profondément rural en sport urbain, avec une starisation galopante à la clé. Avec la RIF, c’est le retour aux valeurs de territoire.

Expliquez-vous, s’il vous plaît…

Autrefois, on envoyait un recruteur voir le Crunch des moins de 20 ans au mois de février. Il prenait alors la liste des vingt joueurs sur la feuille de match et leur faisait des propositions de contrats Espoirs. Résultat : le plus riche attrapait les vingt meilleurs de la génération X ou Y. La RIF décale le problème : elle place une indemnité dissuasive pour sortir un joueur de son club formateur.

Un exemple ?

Quand Jordan Joseph a quitté Massy pour le Racing, le club de l’Essonne n’a rien touché. S’il partait aujourd’hui, Massy recevrait 300 000 euros. Ça s’appelle la répartition des richesses : si tu piques un joueur à un centre de formation, tu casques ; et une fois que le joueur est pro, le club formateur reçoit une indemnité chaque année selon le salaire qu’il perçoit chez son nouvel employeur. La RIF, c’est la chance pour des clubs comme nous de pouvoir enfin rivaliser. à moyen terme, on pourrait même se retrouver avec des clubs alignant quinze joueurs professionnels issus de leur territoire. On reviendrait donc à l’essence rurale de ce sport.

On vous suit.

J’irai même plus loin : pour encourager les gros clubs à former, ne pourrait-on pas faire passer les indemnités de formation dans le salary cap ?

Puisqu’on parle de formation… Serge Blanco débarque comme entraîneur des cadets du BOPB. D’où vient cette idée ?

Elle n’est pas de moi. Serge est venu me trouver au début de la crise sanitaire et m’a dit : "J’ai 61 ans, ce que vous faites au club me va et j’ai envie de vous aider. J’ai envie de donner, de transmettre". Là, je me suis revu Crabos à Agen, à l’époque où Philippe Mothe (ancien trois-quarts centre du SUA) était mon coach. On se battait tous pour être à l’avant du bus et écouter ses histoires. Je pense que les cadets du BOPB feront la même chose, à la rentrée.

À trois mois des élections fédérales, n’y a-t-il pas un effet d’aubaine pour le colistier Serge Blanco ?

Serge Blanco, c’est l’homme d’un seul club. Vous ne pouvez pas lui enlever ça. L’année dernière, il n’était pas manager des cadets mais il était pourtant à tous leurs matchs : pas pour serrer des mains et glaner des électeurs mais plutôt pour cintrer l’ouvreur qui venait de zapper un deux contre un…

Au sujet de Blanco, que vouliez-vous dire lorsque vous avez parlé de "transmission sur le terrain et non sur les plateaux télés" ?

Je lui rendais hommage. Serge Blanco a commenté chez Canal, a créé la Ligue et accompagné l’équipe de France lors du Mondial 2015. Au lieu de continuer tout ça, il s’est dit que le temps était venu de transmettre, le dimanche matin, aux moins de quinze ans du BO. Je trouve ça classe. Philippe Sella en fait tout autant à Agen.

Revenons un instant sur le recrutement de Henry Speight et Francis Saili : avec un Wallaby et un All Black dans vos rangs, vous ne pouvez plus vous cacher… Vous voulez monter, c’est ça ?

On ne s’est jamais caché. L’objectif, c’est d’être dans les vingt premiers clubs français en permanence. Personne ne pourra le prouver mais je reste persuadé que si la saison s’était terminée, nous aurions d’ailleurs fini dans les six premiers du Pro D2. On aimerait goûter un jour au Top 14 mais je serais bien arrogant de prétendre à la montée dès cette saison.

Ah oui ?

Avant que l’on arrive, le BO se faisait démonter sur chaque mêlée et chaque ballon porté, deux secteurs de jeu assez importants de ce championnat. L’an passé, sous Roger Ripol et Shaun Sowerby, je ne suis pas sûr que beaucoup de nos adversaires aient pensé qu’ils piétineraient le BO en mêlée ou sur les groupés. Déjà, on a une flèche à notre arc. On va donc continuer et progresser. Et j’espère qu’au printemps, on sera dans les six, et pourquoi pas dans les quatre, pour disputer cette phase finale.

Mais ?

Il y a deux ans que nous demandons le projet Aguilera. Si cette équipe devait monter sans projet d’envergure à l’appui, on assumera. Mais ce sera encore sur les deniers d’un mécène. (Il marque une pause) Ce sera la grande aventure, quoi… Sans le projet que nous appelons de nos vœux, le club ne pourra pas rester longtemps en Top 14. Il n’aura pas les infrastructures adéquates.

Vous êtes quelqu’un d’assez clivant, de belliqueux, sur les réseaux sociaux. Pourquoi ?

Belliqueux, ça voudrait dire que je vais chercher la guerre. Ce n’est pas le cas. Mais il m’arrive, en effet, de répondre aux provocations.

Assez souvent, soyons clairs…

Plus maintenant. J’ai arrêté parce que je me rendais compte que je me battais face à des armées de trolls.

Pardon ?

Les trolls, ce sont des profils anonymes, créés de toutes pièces par l’un ou l’autre des candidats à la mairie, qui passent leurs journées à piquer, critiquer ou insulter. Au début, j’ai perdu beaucoup d’énergie à répondre à ces gens-là. C’est peut-être la fibre de la jeunesse (il a 35 ans), après tout. Dernièrement, j’ai laissé tomber. Mais si quelqu’un, à visage découvert, vient me poser une question, j’y réponds.

Jean-Baptiste Aldigé au milieu des supporters du BO pour lequelil souhaite mener le grand projet Aguilera qui doit permettre au club son développement et sa pérennité.Photos Icon Sport
Jean-Baptiste Aldigé au milieu des supporters du BO pour lequelil souhaite mener le grand projet Aguilera qui doit permettre au club son développement et sa pérennité.Photos Icon Sport Icon Sport - Icon Sport

Avez-vous mal vécu ces conflits ?

Oui et non. Comme dit Laurent Marti (le président de l’Union Bordeaux-Bègles) : "Etre président de club, c’est 95 % d’emmerdes et 5 % de bonheur".

Y a-t-il un lien de cause à effet entre vos coups de sang sur les réseaux sociaux et les relations tendues avec nos confrères de Sud Ouest ?

Sans doute… Un journaliste de Sud Ouest m’a dit un jour : "On va s’occuper de vous, faites attention." Depuis, c’est un rouleau compresseur qui s’acharne contre le club. On a d’ailleurs un cas de justice en cours, avec ce journal. On verra quel sera le résultat.

Y a-t-il eu des mesures de rétorsion vis-à-vis de Sud Ouest ?

Non. Dès le départ, ce journal a voulu jouer la carte : "Regardez les méchants fachos qui débarquent au BO !"

Vous leur avez néanmoins refusé l’accès au stade Aguilera…

La tribune de presse était pleine, ce jour-là.

Vous êtes sûr de ce que vous avancez ?

Oui ! Cela a même été constaté par huissier. C’est une pièce de la procédure. Mais ni moi ni le Biarritz Olympique n’avons de problème avec la presse.

Ne faites-vous pas un peu de parano par rapport à Sud Ouest ? Nos confrères ne font que leur travail, il n’y a pas d’acharnement…

Je vous rappelle que la procédure en cours n’est pas de notre initiative. Je n’ai jamais attaqué personne en justice, moi.

Certains regrettent, sur la toile, un mélange des genres à Biarritz : il est parfois arrivé que le compte du BOPB, après avoir rendu compte d’un résultat sportif, "like" une phrase d’Eric Zemmour…

Au sujet de Zemmour, je vais tout vous expliquer. À l’époque, il y avait trois semaines que je demandais un rendez-vous à mon maire (Michel Veunac). Je n’en avais pas. Je n’avais ni son ni image, en fait. Il digérait le sommet du G7, peut-être. Or, on m’avait dit qu’à cette époque, il y aurait des avancées par rapport au projet Aguilera.

Où voulez-vous en venir ?

Au même moment, Monsieur Zemmour a commencé à faire parler de lui. En France, le tonnerre a grondé et, avec le compte du club, j’ai alors décidé de poster une mention "j’aime" sous l’une des publications du polémiste. Le lendemain, tous les candidats à la mairie de Biarritz se sont insurgés de mon comportement. Et dans la foulée, le maire m’a appelé et m’a dit : "Je te convoque, Jean-Baptiste ! Il faut que je te parle de Zemmour !" Je lui ai répondu : "Tu dois me parler de Zemmour et moi d’Aguilera." On a renoué le dialogue ainsi.

L’an passé, l’ancien sélectionneur du XV de France Marc Lièvremont a dit sur les ondes de France Bleu Pays basque que le Biarritz Olympique avait perdu son âme, depuis votre arrivée au club. Lui avez-vous répondu ?

Au début, j’ai cru que c’était Thomas, son frère. Lui a joué longtemps au BO. On m’a alors dit que c’était Marc. Ça faisait tout de suite beaucoup moins de matchs à Aguilera… Toujours est-il que j’ai trouvé son numéro et l’ai appelé le lendemain en lui disant : "de quoi parlez-vous, au juste ?" Il m’a alors répondu qu’il regrettait la disparition d’un bar de supporters, situé sous la tribune d’Aguilera et où les mecs faisaient l’apéro le samedi soir. J’ai alors expliqué à Marc Lièvremont que nous avions fermé ce bar pour ouvrir un lieu censé domicilier l’association, jusqu’ici sans local. Ses propos me semblaient très en décalage avec les discours qu’il tenait le dimanche dans le Canal Rugby Club… Il m’a répondu qu’il ne savait pas et qu’il s’était fait piéger. Dont acte. Le sujet est clos.

Vous n’êtes pas si méchant, alors…

Non ! (rires) Et je vous dirais même que chez nous, les recettes aux buvettes sont reversées après chaque match aux quinze clubs partenaires du BOPB. Est-ce que tous les clubs pros le font ? J’en doute. Cela rapporterait pourtant beaucoup plus aux amateurs que des écrans télés ou des abonnements Canal +…

Vos ennemis vous reprochent de vivre une carrière de rugbyman professionnel par procuration. Ont-ils raison ? Après tout, vous avez 35 ans et êtes encore en capacité de jouer…

Depuis mon accident de moto, j’ai moins de "capacités", comme vous dites.

Quel accident ?

À l’automne dernier, peu avant que le Mondial ne démarre, j’ai rendu visite à un copain à Hong Kong. Un jour, il me dit : "Prends mon scooter et va te balader en ville". Je suis parti sur la départementale, à fond les ballons, mais en me trompant de côté. Vous n’êtes pas sans savoir que l’on roule à gauche, à Hong Kong, ancienne colonie britannique. Je devais être fatigué et…

Vous êtes-vous trompé de voie ?

Oui… Et dans une courbe, j’ai pris un minibus lancé à 80 kilomètres à l’heure. Le scooter a été désagrégé. Je me revois sur la route, allongé, en sang et me disant : "Putain, je roulais à droite… Voilà pourquoi je meurs…"

Vous n’êtes pas mort…

Non. J’ai eu deux mains cassées, on m’a retrouvé à quinze mètres du point d’impact. À mon réveil, un Chinois était penché au-dessus de moi et prenait des photos pour se couvrir auprès de son assurance. De là, un embouteillage s’est créé. Un mec, un Australien, m’a alors conduit à l’hôpital. On m’a fait des tests vitaux, rien n’était touché. Mon pote m’a alors mis sur un fauteuil roulant et on s’est échappé de là. (Il marque une pause) C’est un miracle, ce truc… Je ne devrais pas être là, à vous parler… Remarquez, ça arrangerait peut-être tout le monde à la mairie de Biarritz… (rires)

Revenons à notre question. Vivez-vous une carrière de rugbyman professionnel par procuration ?

Si j’avais 50 ans, me poseriez-vous cette question ? La poseriez-vous à Yann Roubert (le président du Lou, N.D.L.R.) ou Philippe Tayeb (le président de l’Aviron bayonnais) ? Mon parcours de rugbyman ne restera peut-être pas dans les annales, mais il me permet de faire la différence entre un âne et cheval de course…

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