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Interview décalée - Dan Carter : « Je voudrais être Batman et Brice Dulin serait mon Robin »

  • Brice Dulin and Dan Carter of Racing 92 looks dejected during the Top 14 match between Racing 92 and Clermont Auvergne at Stade Pierre-Mauroy on March 25, 2017 in Lille, France. (Photo by Anthony Dibo
    Brice Dulin and Dan Carter of Racing 92 looks dejected during the Top 14 match between Racing 92 and Clermont Auvergne at Stade Pierre-Mauroy on March 25, 2017 in Lille, France. (Photo by Anthony Dibo Anthony Dibon / Icon Sport - Anthony Dibon / Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Dan Carter vient d'annoncer officiellement sa retraite sur ses réseaux sociaux. Depuis la Nouvelle-Zélande où il était confiné, le double champion du monde nous avait accordé une interview exclusive. Et pour une fois, on avait décidé de ne pas lui parler que de rugby. Le 10 de légende s’est donc prêté au jeu des questions décalées, en toute décontraction. 

Bonjour «Dan», que devenez-vous ?

J’aurais dû être au Japon mais j’ai été contraint de revenir en Nouvelle-Zélande à cause de la pandémie qui a mis un terme à la saison. Depuis, je suis un peu coincé ici mais je ne m’en plains pas. La Nouvelle-Zélande est un endroit où il fait bon vivre, et je profite de ma famille.

Quel était votre rêve, enfant ?

Devenir un All Black. Je me vois encore devant la finale de la Coupe du monde 1987, Nouvelle-Zélande - France. J’avais 5 ans, et c’est là que je me suis dit : je veux faire ça.

Où vous sentez-vous le mieux sur Terre ?

Les Fidji. Les Fidjiens sont adorables, drôles et plein d’énergie. On s’y rend facilement en vacances depuis la Nouvelle-Zélande et c’est un endroit où l’on oublie le temps, on décompresse complètement en vivant à l’heure fidjienne.

Quelle autre célébrité auriez-vous aimé être ?

(Il réfléchit…) Je n’ai jamais été le plus costaud de mes équipes. Mais une fois, rien qu’une fois, j’aurais aimé jouer un match de rugby dans la peau de Jonah Lomu. Avoir son gabarit, sa vitesse, renverser les adversaires comme des quilles… C’était mon idole. C’est comme s’il avait un superpouvoir.

Votre plus grosse bêtise quand vous étiez enfant ?

Je piquais dans la cagnotte du lait pour m’acheter des sodas et des tartes à la viande hachée le matin avant d’aller à l’école. Ce n’était pas le meilleur petit-déjeuner pour un jeune sportif…

Qui fut votre adversaire le plus terrifiant ?

On n’est jamais terrifié par qui que ce soit sur un terrain de rugby, mais je citerais les avants sud-africains. Déjà parce qu’ils étaient énormes, et aussi parce que j’ai souvent eu l’impression qu’ils voulaient me tuer sur le terrain !

Qui en particulier ?

Je dirais Bakkies Botha et Victor Matfield, mais je retiendrai surtout Schalk Burger. Ce mec avait un tel moteur sous son capot qu’il ne s’arrêtait jamais. Quand tu jouais contre lui, tu savais que dans les jours suivants ton corps allait te faire souffrir… C’est pour ça que j’étais content d’avoir des mecs comme Ma’a Nonu ou Tana Umaga autour de moi. Cela me rassurait de penser qu’ils faisaient aussi mal à nos adversaires balle en main.

Soyez honnête : Richie McCaw trichait dans les rucks, ou pas ?

(Rires) Elle est pas mal celle-là… Il y a une règle, OK ? Et l’idée, c’est d’aller au plus près de sa limite. C’est ce que Richie faisait. Pour moi, il ne trichait pas. Je sais que je m’adresse à une audience française qui ne partagera certainement pas cette opinion, et surtout après la Coupe du monde 2011. Mais Richie reste un monument de ce jeu, qui poussait les limites et ses limites à l’extrême.

On avait l’impression qu’il ne ressentait pas la douleur…

Pas pendant 80 minutes, non. Durant cette période, il s’oubliait complètement. Sauf qu’après les matchs, il ne pouvait plus marcher pendant trois jours. On le voyait recouvert de plaies et de bleus, à boiter jusqu’à la fin de semaine. Puis venait le match et il refaisait pareil. On se demandait comment il faisait, mais cela nous inspirait tous. Je vous rappelle qu’il a disputé et remporté un quart de finale, une demi-finale et une finale de Coupe du monde avec un pied cassé. Il ne s’entraînait pas pendant ces trois semaines. Il se contentait de marcher la semaine, et mettait la douleur de côté pour les matchs…

Avez-vous une phobie ?

Je n’aime pas les rats. Je n’aurais pas pu vivre à Paris quand il y en avait plein les rues, j’ai vraiment horreur de ça.

Vous a t-on donné des surnoms ?

Oui, quelques-uns. Il y a déjà mes initiales : « DC », qui a donné ensuite « Deezy », imaginé par mes coéquipiers.

Quelle fut votre pire bagarre ?

Je crois que je n’ai jamais donné un coup de poing sur un terrain de rugby. Et comme je n’ai jamais été très costaud, je n’y allais pas. J’en ai vu davantage en France quand même, c’est plus commun que chez nous. Je me souviens aussi d’un accrochage un peu virulent entre les All Blacks et les Springboks après un terrible plaquage de Bismarck du Plessis qui m’avait littéralement détruit. Mais c’était à la régulière. Il m’avait fait sauter une clavicule gauche, en 2012 ou 2013. À ce moment-là, je ne pouvais pas me battre : j’étais au sol, avec une épaule en moins… Je n’aurais pu que fuir !

Quels étaient vos rituels d’avant-match ?

Je n’en avais pas vraiment. La seule chose importante était que je dorme. J’avais pris l’habitude de faire une bonne sieste quatre à cinq heures avant le match. Chose que j’ai eu du mal à faire en France, avec les matchs du dimanche à 12 h 30 !

Le moment le plus bizarre de votre carrière ?

Nous avons eu plusieurs « strikers » qui ont traversé le terrain à poil pendant les tests. Mais je me souviens d’une fois où Ma’a (Nonu, N.D.L.R.) avait décidé d’en plaquer un. C’était la première fois que je le voyais plaquer quelqu’un d’autre qu’un adversaire ou un coéquipier d’entraînement, et c’était assez drôle. Il l’avait plaqué de façon très propre, sans lui casser une côte ou le charger à l’épaule comme je l’ai vu parfois le faire ! En fait, ce fut l’un des meilleurs plaquages de sa carrière ! (Rires)

Cela vous a fait quoi de remporter le championnat régional, le Coleman Shield, avec votre club formateur de Southbridge il y a quelques semaines ?

Quand j’étais môme, j’allais toujours voir jouer l’équipe senior de Southbridge. Ils gagnaient beaucoup de matchs et j’étais fan. Puis quand tu deviens professionnel, tu perds ce lien avec ton club formateur car tu ne peux plus vraiment jouer avec. Cette finale était mon cinquième match senior avec Southbridge, je crois, et le troisième de l’année. Durant ma carrière, j’ai parcouru la Terre entière pour aider mes équipes à remporter des titres. Mais là, le faire avec mon club de cœur, c’était très spécial. Et on a bien célébré ça…

Cela vous a fait quoi de redevenir un amateur ?

C’était rafraîchissant. J’ai aimé jouer avec des mecs pour qui le rugby n’est pas un métier, qui sont là juste parce qu’ils aiment ce jeu et qui se pointent tous les mardis et les jeudis soirs dans le froid, après une dure journée de travail pour simplement pratiquer leur passion. Ces mecs-là se fichent d’être appelés par Canterbury, les Crusaders ou les All Blacks. Ils jouent juste parce qu’ils adorent ça. Je trouve cela très pur.

Quel super-héros aimeriez-vous incarner ?

Batman. J’ai toujours été fasciné par la Batmobile. Et Brice Dulin pourrait être mon Robin ! Il jouait déjà ce rôle quand on jouait au Racing.

Avez-vous suivi son retour en équipe de France ?

Oui, j’ai regardé vos matchs et je l’ai trouvé très bon. Je suis très heureux pour lui. Il a signé un superbe retour après la terrible blessure qu’il a subie.

Quel superpouvoir aimeriez-vous posséder ?

L’invisibilité. Des fois, j’aimerais pouvoir disparaître d’un claquement de doigts, quitter la pièce sans que personne ne s’en rende compte.

Votre film préféré ?

Avec trois jeunes garçons à la maison, cela fait longtemps que je n’ai pas regardé un film en entier. Mais quand j’étais petit, « Over the Top » où Sylvester Stallone incarne un routier champion de bras de fer m’a vraiment marqué. J’ai dû le regarder toutes les semaines pendant des mois. La cassette VHS était usée…

Dans quel film auriez-vous aimé jouer ?

Gladiator. Quand le film est sorti, on s’en est servi pour thématiser notre saison. J’aurais aussi aimé incarner William Wallace dans Braveheart. Son discours me fait dresser les poils sur les bras.

Est-ce que vos coéquipiers se sont déjà moqués de votre côté « gendre idéal » ?

Ils rigoleraient davantage de votre question, parce qu’ils savent justement que je ne suis pas le gendre idéal !

Quel est votre pire défaut alors ?

Je suis calme dans la vie mais je peux m’énerver sur un terrain quand les choses ne vont pas comme je le veux, et on m’a déjà fait dit que j’étais parfois difficile à cerner. Je peux masquer mes émotions et cela en dérange certains.

Est-ce que vos coéquipiers se sont moqués de vous quand vous avez réalisé cette campagne de pub pour des caleçons ?

Oh… Que oui. Ils ont même recouvert la salle de vie de photos de moi en caleçon. C’était gênant et j’en ai entendu parler pendant longtemps. Mais ce que vous devez savoir, c’est que deux jours après cela, ils me demandaient tous des caleçons gratuits ! J’ai donc racheté ma tranquillité avec quelques slips…

Quel fut votre plus gros fou rire avec les Blacks ?

On en avait toutes les semaines ! Mais les tournées les plus drôles étaient celles dans l’hémisphère Nord, en novembre. J’ai toujours adoré dîner ou partager ma chambre avec Ma’a Nonu. Il n’a pas l’air comme ça, mais c’est l’un des plus gros blagueurs de l’équipe. Le problème, c’est qu’il faut faire constamment attention à lui quand il est dans les parages. Il a toujours une blague, ou un tour en stock…

De quel genre ?

Je ne compte plus les fois où il m’a volé mon téléphone. On est au restaurant, je tourne la tête deux secondes, mon téléphone disparaît. Ensuite Ma’a se lève, lance un compte à rebours de 10 secondes et si tu ne l’as pas retrouvé dans ce laps de temps, il te garde ton téléphone toute la nuit. C’est assez chiant, à la longue…

Si vous pouviez voyager dans le temps et changer une seule chose à votre vie, que changeriez-vous ?

Je me passerais bien de cette foutue séance d’entraînement aux tirs au but, pendant la Coupe du monde 2011, où je me suis blessé. Ce moment fut un traumatisme pour moi. Si seulement j’avais pu être sur le terrain pour cette finale contre la France…

Quelle musique inavouable écoutez-vous ?

Les Backstreet Boys. C’est bizarre, mais je connais toutes leurs paroles par cœur, alors que je ne les écoute pas si souvent que cela. Alors j’essaye de me retenir de chanter quand j’entends un de leurs titres, histoire de ne pas me griller. Mais c’est dur.

Quel plat français vous manque le plus ?

Ce n’est même pas un plat mais votre baguette et votre beurre me manquent terriblement. J’en mangeais une tous les jours. On n’en a pas en Nouvelle-Zélande… Même celles que l’on trouve dans les cafés français à Auckland ne sont pas aussi bonnes.

Quel est votre juron français préféré ?

« Casse-couilles » ! Je l’ai beaucoup utilisée avec Julien Candelon et Brice Dulin celle-là !

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