Jutge : « Pascal Gaüzère a reconnu ses erreurs »

C’est peu dire que M. Gaüzère a été au centre des attentions outre-Manche ce week-end. Car si Eddie Jones comme Owen Farrell ont fait preuve d’une belle maîtrise de leurs nerfs lors de leur conférence de presse, ce ne fut pas le cas des chroniqueurs anglais qui s’en sont donnés à cœur joie. « Je suis sans voix, c’est un arbitrage épouvantable », a ainsi déclaré l’ancien capitaine et sélectionneur du XV de la Rose Martin Johnson, tandis que Clive Woodward se laissait aller à plus encore de véhémence. « Il y a une trop grande influence du corps arbitral sur le jeu avec des erreurs choquantes. C’était le plus grand match du monde samedi, et il était censé être arbitré par l’un des meilleurs arbitres du monde. C’était tellement amateur. »

Tout sauf anodin puisqu’avant le match, le sélectionneur anglais Eddie Jones avait déjà fait peser une lourde pression avant le match, en estimant qu’il pouvait se faire influencer par les 146 capes du capitaine gallois Alun-Wyn Jones. Les deux décisions litigieuses prises samedi par l’arbitre français n’en ont pris que plus d’ampleur, sur lesquelles le patron de l’arbitrage mondial Joël Jutge a pris le temps de revenir ce dimanche. « Je crois qu’il faut être transparent et, plutôt que laisser les choses s’envenimer, dire ce que l’on pense. Sur ce match, il y a deux situations malheureuses, des cas des figures qui n’étaient pas simples à gérer. Pour l’avoir eu au téléphone dimanche matin, Pascal Gaüzère le reconnaît lui-même… »

Deux situations très confuses

La première des situations en question ? Elle consista à laisser les Gallois jouer rapidement une pénalité pour marquer un essai alors que les joueurs anglais n’avaient pas eu le temps de se replacer, alors que M. Gaüzère avait explicitement demandé au capitaine Owen Farrell de parler à ses hommes à la suite d’une accumulation de fautes. « À partir du moment où l’arbitre dit « time on », le jeu peut reprendre, explique Jutge. Sauf que c’était à lui de s’assurer que les Anglais avaient eu le temps matériel de se replacer, puisque c’est lui qui avait demandé au capitaine de parler à ses joueurs. » Une erreur donc de la part de l’arbitre landais, placé de nouveau dans une situation délicate au moment de valider à la vidéo (avec le concours d’Alexandre Ruiz) quelques minutes plus tard un essai de Liam Williams, dans la foulée d’un en-avant manifeste de l’ailier Rees-Zammit. « La balle n’est pas maîtrisée par l’ailier gallois et tombe vers l’avant sur sa cuisse, précise Jutge. Dans la règle telle qu’elle est édictée, il n’y a pas cette notion de perte de contrôle, c’est pour cela que la situation prête à confusion. Mais la réalité, c’est que s’il avait sifflé en-avant sur cette action, personne n’aurait rien trouvé à redire… C’est un des effets pervers de l’arbitrage vidéo, on a parfois tendance à aller chercher trop dans le microscopique. Il y a une bonne balance, un bon équilibre à trouver et là, une simple décision de bon sens aurait suffi. Il y a une perte de contrôle, le ballon tombe vers l’avant, donc il y a en-avant. Pascal a revu la situation dimanche matin et il est le premier à le reconnaître. Quand on commet une erreur, il faut le dire et être transparent. Cela n’enlève rien au fait qu’il demeure un excellent arbitre international. » Une évidence qu’il s’agit néanmoins de rappeler…