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Sébastien Vahaamahina : « Je n’ai jamais été aussi heureux et je ne reviendrai pas en Bleu » (1/2)

  • Sebastien Vahaamahina après le match contre les USA au Mondial 2019
    Sebastien Vahaamahina après le match contre les USA au Mondial 2019 Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Sébastien Vahaamahina est depuis toujours un homme de peu de mots. Son terrain d’expression est ailleurs, crampons aux pieds au milieu de ses camarades de jeu. Ses apparitions médiatiques sont donc aussi rares que précieuses. Encore plus depuis qu’il a annoncé il y a un peu plus d’un an la fin de sa carrière internationale à seulement 28 ans. Nous avons donc décidé d’aller à sa rencontre pour en savoir un peu plus sur sa nouvelle vie. Première partie de l'entretien.

Il y a un peu plus d’un an, vous annonciez la fin de votre carrière internationale. Comment allez-vous aujourd’hui ?

Je ne me suis jamais senti aussi bien, aussi libre, aussi libéré. Prendre cette décision n’a pas été simple, elle a été mûrement réfléchie. Longuement. Très longuement. L’objectif, c’était d’être plus investi au sein de mon club, passer beaucoup plus de temps avec ma famille, et prendre le temps de réfléchir et anticiper mon après-carrière. Aujourd’hui, je suis en passe d’atteindre ces objectifs.

C’est-à-dire ?

Avoir plus de temps pour moi, c’est forcément être plus performant et investi pour mon club. Et j’en ressens les bienfaits aujourd’hui. Et puis, j’ai aussi plus de temps pour ma famille, pour profiter de ceux que j’aime. Tout est plus simple, plus facile à organiser. Pour moi, ça a été un gros changement. Je n’avais plus à me dire: « tiens, il faut vraiment que je profite de ce moment car dans une semaine je dois partir avec l’équipe de France pour un mois. » Je n’ai plus cette angoisse du départ, de devoir laisser ma femme et mon fils, de rater des moments de vie importants. Et tout s’est fait le plus naturellement du monde.

Ressentez-vous une forme d’épanouissement que vous n’aviez pas avant ?

C’est exactement ça et c’est ce que je recherchais en prenant cette décision. De plus, entre mes problèmes de commotion et le premier confinement, j’ai passé encore plus de temps chez moi avec ma femme et mon fils. Ma nouvelle vie, c’est celle-là et elle me plaît.

Lors de l’entretien que vous nous aviez accordé pour expliquer votre choix, vous disiez notamment ne pas savoir quoi répondre à votre petit garçon qui, lorsqu’il vous voyait partir en déplacement, était inquiet…

(il coupe) C’était peut-être ce qu’il y avait de plus difficile à vivre, de plus déstabilisant. Ne pas savoir quoi répondre à mon fils Milo me rendait malheureux. « papa, est-ce que tu vas revenir un jour », me disait-il… Aujourd’hui encore, il lui arrive de me poser ce genre de question. Pourtant, je ne pars plus très longtemps. Au pire, c’est une nuit lorsque nous sommes en déplacement avec l’ASM. Il n’empêche, quand il me voit préparer mon sac, il me dit parfois: « papa, tu repars encore ». Ce sont des choses qui me font toujours aussi mal.

Pour profiter de votre famille, le confinement n’est-il pas arrivé à point nommé ?

C’est délicat de l’affirmer car beaucoup de français ont vécu des moments difficiles durant cette période. Mais à titre personnel, j’avoue que ça m’a fait beaucoup de bien. J’ai la chance d’avoir un grand jardin, j’ai pu y faire du sport, juste pour le plaisir de la pratique et de partager du temps avec mon fils. Sans objectif. Sans avoir un match à préparer. Et je sais que d’autres joueurs ont apprécié. Maintenant, j’ai bien conscience que notre sport doit vivre, qu’il faut continuer à jouer.

Franck Azéma, votre entraîneur, dit que vous avez beaucoup changé depuis l’annonce de votre décision. Est-ce votre sentiment ?

Cette décision a complètement bouleversé l’organisation de ma vie. J’ai pris le temps de me poser, de réfléchir à la façon dont je pouvais être encore plus utile à mon club. J’ai profité par exemple de la venue de Joe Schmidt pour discuter avec lui, prendre son avis sur la façon de faire évoluer mon jeu, sur mes axes de progression. Mais aussi sur ma façon d’intervenir au sein du groupe, de prendre la parole. Des petites choses comme ça. J’ai donc travaillé en fonction des échanges que j’ai pu avoir avec les uns et les autres.

Justement, vous n’êtes pas le joueur le plus volubile. Mais il paraît que vous prenez plus facilement la parole au sein du groupe. Vous confirmez ?

Maintenant que je suis plus présent au club, je participe davantage. Je n’hésite pas à faire remonter au staff certaines choses que je peux observer. Et puis, avec le temps, j’ai appris à exprimer ce que je ressentais, ce que j’observais. À titre personnel, chaque lendemain de match, je travaille beaucoup plus à la vidéo de façon individuelle pour me fixer des objectifs pour la semaine à venir et dans la perspective du match suivant. Sur mon semainier, je me note chaque exercice que je dois faire en plus du travail collectif. J’écris aussi « dormir tôt » sur certains jours de la semaine (rires), j’écris mes menus pour manger équilibré. Ensuite, j’échange beaucoup avec Bernard Goutta, notamment sur la touche. Une thématique qui me tient à cœur. D’ailleurs, j’ai mis en place un système de permis à points pour les joueurs.

Racontez nous !

En fait, depuis le début de saison, chaque joueur a un permis avec douze points. Dans la semaine, j’organise un quiz. Six joueurs sont désignés chaque semaine pour répondre aux questions sur l’organisation du système en touche. S’ils se trompent, ils perdent des points. Il y a trois types de questions : bleu, un point ; jaune, deux points ; rouge quatre points. Celui qui a perdu six points a un gage. Celui qui perd ses douze points, il doit aller récupérer son permis auprès de Bernard Goutta ou de Franck Azéma. C’est quelque chose que j’ai souhaité mettre en place parce que je savais, qu’en ayant plus de temps, je pourrais mener à bien ce projet.

Quels sont les gages que vous avez mis en place ?

Ce sont les joueurs qui proposent les gages et les sanctions. Malheureusement ou heureusement, personne n’a eu de gage depuis le début de saison. C’est plutôt bon signe pour la qualité de notre touche. Mais pour la rigolade, on essaie tous de faire en sorte qu’Adrien Pélissié soit le premier à tomber (rires).

Pourquoi ?

Parce que c’est un vrai bon mec et qu’on sait qu’il peut nous faire marrer sur le gage.

Au mois d’août dernier, lorsque le staff de l’ASM a dû observer une quarantaine, il paraît que vous avez été missionné pour prendre en charge l’entraînement de la conquête aérienne. Vrai ou faux ?

Vrai. C’est Bernard Goutta qui m’a demandé de préparer une séance avec plusieurs ateliers sur le lift et sur le saut.

Est-ce que cette expérience vous a plu ?

Oui, j’y ai pris beaucoup de plaisir. Avant cela, j’étais beaucoup dans l’observation. Je cherchais même des idées à droite ou à gauche pour améliorer certains secteurs de jeu comme la défense, la zone plaqueur-plaqué. Du coup, je me suis beaucoup investi.

En quittant l’équipe de France, avez-vous le sentiment d’avoir fui une forme de pression ?

Non, pas du tout. La pression, ça ne m’a jamais fait peur, ni même gêné. C’est vraiment une question de temps. J’ai le sentiment aujourd’hui de pouvoir faire les choses à fond, que ce soit avec mon club, avec ma famille ou pour mon avenir.

Justement, de quoi sera fait votre avenir ?

J’ai entrepris de réaliser un bilan de compétences. Je regarde en ce moment pour faire des stages d’immersion en entreprise. J’ai déjà un peu commencé à prendre contact avec des entreprises partenaires du club. Je m’intéresse à la maintenance des appareils automatiques industriels.

Avec l’équipe de France, vous avez vécu une période peu glorieuse. Le poids des critiques n’a-t-il vraiment pas pesé dans votre choix de vous retirer de la scène internationale ?

Non, vraiment pas. Je vous le répète : c’est un choix lié à ma famille. J’en avais marre de ne pas être à la maison.

Retrouvez la suite de cet entretien à 18h sur Midi Olympique.

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